mercredi 30 avril 2025

 


A la Sapinière,
cette feuille de hêtre
traversée par la lumière
et ce rideau
dans le quartier Saint Sébastien,
illuminée soudain
par l'éclat d'un reflet de soleil
sur une façade d'immeuble,
rappels brefs et soudains
de se laisser traverser
par une lumière
plus vaste et plus profonde
que celle de la terre,

et pour se laisser traverser
peut-être faut-il
se laisser ?


mardi 29 avril 2025

 

Au bout du fil

Au départ, il y a ce désir de trouver un fil, 

aussi mince soit-il dans le labyrinthe. 

A tâtonner dans l'obscurité, tu l'as trouvé. 

Il était sur le point de rompre. 

Tu l'as senti, le tenant entre tes mains.


Tu t'es mis en marche.


Le fil glissait facilement. 


Ton front heurtait


 parfois des pierres sur la paroi,


 mais le fil était là. Parfois tu croyais


 apercevoir une silhouette, 


mais le fil t'entraînait plus loin. Tu ne


 pouvais pas t'arrêter.


Comme sur un écran blanc, des souvenirs apparaissaient,

 

mais le fil te permettait de traverser cela, 


comme on s'enfonce par jeu dans un


 profond brouillard.


Le fil était là. Il ne te quittait pas.


Puis un jour, tu as cru être sorti du labyrinthe.

 Il n'y avait plus de

 recoins, ni de parois. 

Tout semblait s'être élargi, comme si tout en toi

 et autour de toi respirait.

 Le fil entre tes mains t'a semblé inutile. 


Tu l'as lâché, presque soulagé, 

enivré par cette nouvelle liberté !

Tu t'es mis à courir, mais à chaque pas ou presque,

 des hommes et des femmes tâtonnaient dans l'obscurité.

 Ils cherchaient un fil, aussi mince soit-il !


Tu as regretté le tien. Tu t'es mis à le chercher avec eux.

Tu étais décidé à aller jusqu'au bout du fil. 

Tu n'étais plus seul.

 D'autres cherchaient avec toi. 

D'autres tenaient un fil fragile entre les mains !

Tu voyais que plus personne ne lâcherait son fil.


 Alors, malgré l'obscurité qui revient, 

tu continues ton chemin.

Parfois les fils se croisent et se décroisent,

 mais ce sont des fils d'or

 qui réchauffent les mains 

et éclairent les cœurs !


Peut-être ne sauras-tu jamais 

ce qu'il y a au bout du fil ?








lundi 28 avril 2025

 


Un pas vierge


Accroché à ce rien de lumière,

 tu te tiendras à l'orée. 

Saveur de la pierre qui ramène au jour !


Dépossédé de ton lit d'ombres,

 tu as jeté la clef. 

La porte fermée sur le silence 

plus jamais ne s'ouvrira.



Chaque mot qu'abandonne ton cri 

est un pas vierge dans la neige de ton désir !



Chaque cri qui prend visage d'un poème 

te permet d'aller plus loin 

dans le désert de ton amour !



Sois en sûr !








dimanche 27 avril 2025

 


Tu es devenu fenêtre


Toujours sur la corde raide, tu vacilles, de vide en vide. Il n'y a même

 plus une ombre.

 Le cri de la buse marque l'éloignement ! Le long de la route

 sinueuse, les bosquets d'arbre semblent venir d'un autre âge.

Et la feuille de l'arbre reste sensible à l'extrême. Elle exprime ton

 propre tremblement, tes propres vacillements. Qu'y-a-t-il donc là en

 cette fragilité ? Tout est déposé. la fuite d'un moineau est un signe

 d'évanescence. 

Tu guettes des ailes possibles dans le regard, ne croises que des corps

 dans la peine, des pieds qui martèlent. Qui te sortira de cette

 fondrière ?

Reflet dans la flaque : majesté d'un monde que seul le têtard trouble !

 Reflet, ta vie,...et tout s'efface ! Tu as épousé ton péril comme

 d'autres choisissent l'armure, et tu ne trouves qu'une brûlure !

Rien ne t'a été laissé ! 

Tous autant que nous sommes, nous dérangeons le sommeil de la

 biche dans un fourré oublié. Craquement de branches ! Avant de

 s'enfuir, d'un long regard noir, elle toise l'intrus qui a profané son

 silence !

Qu'est-ce donc qui te prend tout et te laisse dans un cri qui ne dira

 rien à personne ?

Tu es devenu une fenêtre qu'une main ouvre négligemment, parfois

, pour que les nuages prolongent leurs caresses. Rien ne s'y passe que

 l'éternel passage de ce qui vit !

Qui te consolera, sinon toi-même, libre de tout lien, consolateur

 comme une mésange sait le faire sur l'herbe qui ploie, pont fragile au

 dessus de l'obscurité de la rivière ?

Il est trop tard maintenant ! La fenêtre est entrée dans ton âme !

Les volets battent avec l'orage. La grande Aigrette regagne son gîte

 sous les éclairs.

Rien ne t'a été laissé !

 Tu ne peux qu'être là, à ta place de solitude, pour que tout s'apaise 

et qu'un enfant s'endorme dans son nid d'étoiles, certain qu'on l'aime,

 même si les lèvres ou la main sur son front ne reviennent pas !













samedi 26 avril 2025

 


Dans les sentiers de Laxou
le soir
un fleur de laurier cerise
et un azalée radieuse.

A travers les grillages
apercevoir de la terre
fraichement remuée

Et surprise,
une tondeuse robot
bloquée par un obstacle
et qui ne s'en sort pas.
Rires

Rien en vaut
la main de l'homme.

Il manque quelque chose
à tous ces jardins
dans leur enclos,

le vaste espace
de la toundra
où rien n'arrête le vent
où le regard voit aussi loin
que celui de l'aigle
qui pousse ses cris stridents.






vendredi 25 avril 2025

 

Promenade au vert ce matin,
herbe verte
sapins verts
feuilles vertes
et ciel gris en contraste

Impressionnantes nervures
de la feuille de marronnier

Déploiement du vivant
Alchimie des cellules
Mystérieuse poussée

En quelques jours
tout a changé

Avoir une pensée
pour ce déploiement
à l'intérieur de chaque être vivant

Même dans la vieillesse,
en quelques heures,
en quelques jours,
quelques semaines
tout change.










jeudi 24 avril 2025

 


Invitation des cieux
à reconnaître seulement
que la mort n'est rien.

Ou peut-être
un point noir
dans la lumière.

Ce qui meurt
dans ce vaste espace
un peu de poussière

Et le regard s'étend,
ne s'arrête plus à rien,
devient tout entier
le Mystère

Un point d'interrogation
mais aussi une exclamation

Emerveillement
Plus de peur.

On meurt
comme on s'endort
Pulsation d'un Cœur
où l'on se perd.







mercredi 23 avril 2025

 

L'eau court jusqu'au matin 

et personne ne la regarde, 

sauf le vent peut-être 

accompagné du chant des branches.


l'eau court, change de voix, 

et toi, tu t'agrippes à la rive !


L'eau chante avec les feuilles, 

et toi tu refermes la fenêtre,

 hanté par ce portrait blanc,

 immobile qui te fixe !

L'eau est déjà plus loin !


Et toi, tu as épousé une image

 dont il ne restera rien.

Tu ouvriras les yeux un matin.

 Tu rejoindras l'eau.

Tu ne retiendras plus rien !








mardi 22 avril 2025

 


Ne pense pas au lendemain !

Ici brille dans la pénombre

des arbres qui ne peuvent plus se cacher,

un accord secret 

qui n'apparaîtra sur aucun papier,

qu'aucune bouche ne prononcera !


Et cette vie nocturne poursuit

son chemin sans déranger personne

comme les racines sont là

dans les failles pour la plus haute ramure !

Un chien blanc qui n'est

qu'appel à la douceur

est le seul témoin :



tu tiendras ta parole,

tu l'ensemencera de silence

pour qu'elle demeure sauvage et folle,

amoureuse toujours !