vendredi 30 juin 2023

 


Rien,
enfouissement
au cœur
de la forêt.

Silence,
solitude,
eau
dans laquelle
on coule

Clairière
d'une autre lumière
qui révèle le rien
de l'homme
égotique

Futaie
qui perce
à la fois
le ciel
et l'erreur
du temps.

Ailes du papillon
à l'inverse
de toute la prétention
de l'homme.

Engloutissement,
solitude,
silence.











jeudi 29 juin 2023

 




Ding, dong,
Ding, dong.

La sonnette est morte
la porte est fermée
à double tour
et personne ne vient.

Tes efforts ne servent à rien.
Tu auras beau crier
et crier encore,
la porte restera close.

Assied-toi
à son pas
et reconnais
que tu n'y peux rien.

La porte s'ouvrira
quand elle s'ouvrira.

C'est le vent qui l'ouvre
et le vent ne t'appartient pas.

Il ouvrira
viendra près de toi
et t'emportera
parce que tu ne peux plus rien.





mercredi 28 juin 2023

 

Liégeois malicieux
lors d'un carnaval.

pastel sec




 



Se reposer
Se reposer du factice.
Inutile de chercher un maître.
Le paysage est le maître.

Se reposer.
Avalanche de mots,
avalanche d'images.

Mais au bord de la rivière,
l'eau emmène avec elle
les justifications
de soi-même.

Soi-même
créature imaginaire.

On s'incline
comme l'arbre
au bord du courant.

On cède.
On s'éloigne
à bas bruit
à petits pas.

On devient paysage
et aveugle
en même temps.

On ne pensait pas
que la rivière
était si profonde.

Se reposer
pour le repos
des autres,

pour qu'ils puissent
encore une fois
s'accouder à la fenêtre
ouverte sur un paysage aimé.

Sentir cet espace
qui libère,
où rien ne pèse.

S'y enfoncer
pour être aussi
 espace où l'autre
se libère.






mardi 27 juin 2023



Une gouvernail de péniche,
c'est comme une aile d'oiseau.
Malgré les rives rectilignes
du canal, sans lui
la péniche se fracasserait
tôt ou tard.

L'étoile aperçue,
le regard qui envisage
celui qui a perdu
son visage,
la main qui ne prend rien
et ne sait que s'offrir
gouvernent aussi
à leur manière.

Le bon port est proche
lorsqu'on est
sans volonté propre.








 

lundi 26 juin 2023

 




Transparence
des fleurs
de Begonia Maculata.

Dans quelques heures,
quelques jours,
elles vont tomber
sur le plancher..

Maintenant,
elles sont là,
papillons roses
en essaim
qui frémissent
quand la fenêtre 
est ouverte.

Frémir, chanter,
louer, bénir
vibrer à l'unisson
d'un monde 
qui se délivre,

avant que le corps
tombe en terre
et que l'âme
soit sans son frère.







dimanche 25 juin 2023

 



Le cœur a plus de pétales
qu'il n'ose croire.
La vie a plus de feu
qu'elle n'ose espérer,
plus d'amour qu'elle n'ose donner.

Se lever,
de l'extérieur aller
vers son cœur
le plus intérieur.

Une voix dira :
"Le voilà enfin !"

et la fleur s'ouvrira,
comme le souci du jardin
qui donne tout.





samedi 24 juin 2023

 



Etranges correspondances
entre ce que l'on vit intérieurement
et ce qui se passe à l'extérieur.

Ainsi de l'homme animé
par la haine.
A l'extérieur
tout va lui être
motif de haine.

Finalement,
c'est à l'envers
de Saint Thomas
qui ne croyait
que ce qu'il voyait.

On voit ce que l'on croit.

Qu'est-ce que tu crois ?



vendredi 23 juin 2023

 

On ne s'est pas rencontré.

Où se rencontrera-t-on,
maintenant que tu 
n'es plus là ?

Où es-tu d'ailleurs ?

Parler autrement.

Et avec des mots personnels
on se rencontre peut-être.

T'emmener sur un chemin de forêt.
Calmer la folie dans ta tête.
Te parler du silence.

Tu me dis d'un air malicieux :
"Tais-toi !"

T'emmener dans une clairière.
T'aider à t'allonger
dans les hautes herbes.
Te caresser les cheveux
qu'il te reste.

Et  fermer les yeux
tous les deux.

Ton cauchemar n'est plus là.
Tu t'es endormi.

jeudi 22 juin 2023

 


-Il n'a rien vu-

Un oiseau a chanté
la douceur de vivre.
Il était assis
sur une souche,
et il a compris
que c'était
l'infinie douceur
qui l’appelait !

Il n'a rien vu
dans le feuillage
qui frémissait.
Il a seulement
perçu cette voix
si douce,
par l'oiseau
content d'être !

Aucune menace,
aucune angoisse !
Une infinie douceur !





mardi 20 juin 2023

 



Au bord de la Moselle,
un simple instant,
sans bateaux,
sans oiseaux,
sans bruit de moto
sans musique lointaine,
sans souffle de vent,
sans nuage flottant,

un simple instant
qui est comme une porte.

Tout est là.
L'eau paisible.
La branche qui caresse
le sommet de la colline.

Tout est là
pour la seule raison
qui vaille

et qui ne se dit pas
mais se vit.




 

Portrait de Maurice Zundel


Pastel sec


"Presque tous les hommes portent un masque qu'ils ont pris instinctivement pour défendre le secret de leur âme. Ils en ont tellement l'habitude qu'ils oublient de l'ôter, et ils finissent par ne plus connaître le visage de leur nativité." M. Zundel






lundi 19 juin 2023

 


La famille cygne

est au complet.

Sur l'étang couvert

de lentilles d'eau

les petits ont grandi.

Ils ne sont presque plus gris,

presque plus

vilains petits canards.


Ils s'envoleront bientôt

rejoindre les rives

 de la Moselle placide

qui serpente vers l'Allemagne.


Un promeneur les observe

et pour cela

a replié ses ailes

avant de s'envoler plus loin.



dimanche 18 juin 2023

 

Sur la salicaire

un platycheirus

cherche du nectar.


Nommer les êtres,

les choses,

drôle de privilège

qui ne change rien.


La fleur rayonne,

la bête gracieuse.


Et ce qui est vu

n'est rien d'autre

qu'amour

en acte.




samedi 17 juin 2023

 

Il y en a qui sont 
revenus de tout.

Ne toujours pas
en revenir
d'être au monde
d'être au ciel.

les nuages attestent
d'un incroyable miracle,
où parfois se dessine Pégase,

De la vapeur d'eau visible
dans un infini insondable
par un amas de cellules
organisées...

au point de rendre
cette vision possible.

l'œil, la main, le pied,
serviteurs que l'on oublie,

Ne pas vouloir
en revenir
de leur présence.

Ne pas être blasé.
Ne pas mettre
de la suie partout
et essuyer le monde
d'un coup de chiffon morne.

Etre un miracle,
pas une machine.




Tableau de Caroline Bolley


vendredi 16 juin 2023





Un tour
dans le jardin
à l'heure la plus chaude.

Que chercher?

La monnaie du pape
n'a pas encore séchée.
Elle irradie
parce qu'elle se laisse
traverser.

Toute matière est inerte.

Qu'est-ce qui la traverse
pour que cette inertie
arrête de la paralyser ?

Autre chose
qui n'est pas chose,
mélange invisible
de papillon, libellule et coquelicot.




 

jeudi 15 juin 2023

 


Tu te courbes
avec les peupliers.
Le sens des nuages
t'importe plus
que le sens des hommes.

Tu ne portes pas
de vêtement blanc,
faux-semblant
du cœur en berne.

Ton cœur est l'allié
du grand jour qui vient
où plus rien ne sera caché.







mercredi 14 juin 2023

 

Regard d'une ancêtre
sur une photo
plus que centenaire.

Autre temps
où l'on est 
encore émerveillé
d'être photographié.

Et plus loin
l'avenir rêvé
d'une femme
qui ne sait pas
qu'elle perdra
un enfant en bas-âge
et finira sa vie paralysée.

Si l'on ne sait rien
de son avenir,
pourquoi continuer
à ne pas vivre ?




mardi 13 juin 2023




C'est le lent retour à l'humus.

Plus de singularité
pour les feuilles singulières.

C'est le pluriel informe
de la matière décomposée.

Où va-t-on ?

Et pourtant
en soi, il y a
une longue pensée sinueuse,
comme la corde d'une guitare
qui vibre sans arrêt.

Certains rient 
lorsqu'on parle d'âme.

Mais dès que l'on est vivant,
on est âme-moureux.

Tant qu'il y a un souffle de vie
il y a une âme
qui cherche un chemin
et qui crie.

 

lundi 12 juin 2023

 



"Ne perds jamais espoir,
mon cœur.
Des miracles se préparent
dans l'invisible."

Rûmi

 


Et si les corolles
des fleurs
tournaient
sans que l'on
s'en rende compte ?

Le tournesol
se tourne bien
vers le soleil

Et le cœur tourne,
on ne sait plus rien

Et le cœur tourne
pris de vertige
d'inconnaissance
dans le vide
où s'enfuit la parole.

Etre une fleur.
Dans cette corolle de mots
le vent s'y engouffre
pour amener à la nudité

Offrir ce cœur
sans réponse
dans un silence
traversé de vertiges.





dimanche 11 juin 2023

 



Les lieux qui ne sont pas des lieux
mais des portes,
vous les connaissez ?

Ô vous, fleurs de lisières
vous n'avez pas besoin d'oreilles.
Et déjà vous avez compris
ce chant.

Vous l'accueillez,
comme vous accueillez la lumière,
comme vous frémissez
sous le museau du faon.

C'est le chant insondable
où se mêlent la nuit
et sa crinière d'étoiles,
le chant qui prend le cœur
et le pose là, tout palpitant
à l'ombre des arbres.

Ô fleurs des lisières
vous accourrez,
vous le reconnaissez.
C'est un prince 
maintenant à nu
qui perd son sang.



samedi 10 juin 2023

 

Promenade

au cimetière de Préville.


L'espérance

a l'allure fière

du pigeon

perché sur une tombe.


Allée de platanes.

Accroché au tronc

d'un arbre géant

le lierre étincelle.

Ici, pas de morts.

Des os, des tombes

et l'esprit

d'un vivant

qui se calme

baigné d'ombre fraîche.


Roses, croix.

De toutes ces croix,

des fleurs naissent.


Peu en devine

le prix.






vendredi 9 juin 2023

 






Dans le grenier,
un morceau 
d'un miroir vénitien brisé.

Le tain est abîmé.
Deux anges semblent
lever les bras.

Sans doute
pour ne pas croire
au reflet.

Le reflet des prisonniers.
Le reflet qui fait croire
qu'on est quelqu'un

alors qu'on n'a
souvent même pas
commencé à devenir.

Les anges sont là !
Ne regarde pas par là !
Il n'y a rien.

Deviens !








jeudi 8 juin 2023

 Les bancs restent vides.

Le parc Blondlot
est fermé au public.
mais la lumière
y rentre à flots.

Qui peut interdire
à la lumière
de rentrer ?

Même derrière
un rideau noir
la lumière ne s'en va pas.
Elle attend.

Il y a des cache-cache pour rire
et des cache-cache
à pleurer.

Pourtant le noir
n'a jamais rien guéri.

Rien d'autre
à écrire.