mardi 31 mai 2022

 



Herbes folles,
aucun homme
à l'horizon.

Orvets, fourmis
incognito
se faufilent.

Coin perdu,
chevelure
en bataille

Inextricable
dédale
où peut naître


la vie.








lundi 30 mai 2022

 



Incommunicable
et pourtant,

la tête lâche,
les mots lâchent,

les armes sont rendues

Pas de pas à faire.

Seulement rester là,
se laisser rejoindre,

laisser cette place usurpée,
accueillir celle
offerte à chaque instant.











dimanche 29 mai 2022

 



N'être qu'un œil
la paix revenue

Un œil sans couleurs
qui voit la couleur,

œil pur qui voit
que tout est pur

pour le cœur qui reçoit
ce qu'il n'atteint jamais;





 





samedi 28 mai 2022

 




Jamais je n’ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire des hommes
Laisser mes chansons
Mais j’aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.

J’aime les voir s’envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

À demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre ?

Chantez en cœur avec moi :
Savoir ? Nous ne savons rien
Venus d’une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons
Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n’enseigne rien, lumière n’éclaire pas
Que disent les mots ?
Et que dit l’eau du rocher ?

Voyageur, le chemin
C’est les traces de tes pas
C’est tout ; voyageur,
il n’y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler

Voyageur ! Il n’y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.
Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer

Antonio Machado




 


Vieux poème




vendredi 27 mai 2022

 



Graminées,
blé en herbe,
herbes du chemin,
rouge presque sang
des coquelicots,

et dans les champs
ce qui disparait,

vue claire seulement,
rien de l'humain,
néant d'une seule pensée,

clameur de vie
des oiseaux
dans les fourrés,

feux d'artifice
des carottes sauvages,

sauvagerie du monde
où l'homme devient
plus sauvage
que l'animal,

et les cœurs blessés
qui attendent
réparation,

le silence seul
peut parler.










jeudi 26 mai 2022

 



Vieux poème



 


Ce fond
immobile
où tout se tait
où tout s'est tu,

les nuages y passent
les fleurs l'honorent
s'ouvrent et se ferment
avec le soir,

et on n'y comprend plus
les mots et les éclats de voix
puisque la royauté
y est d'être muet.







lundi 23 mai 2022

 

Une vache.

Acrylique




 


L'arbre mort

a toute une histoire

et grouille de vie

sous l'écorce

et dans son tronc..


La fleurette des bois

au nom inconnu

se moque bien

des botanistes.


Telles sont tes pensées,

telle est ta vie.


Les pensées des fleurs

et des arbres

leur font une vie

à laquelle l'homme

jamais ne pensera.






dimanche 22 mai 2022


La vie n'est pas toujours rose.

Les roses ne sont pas toujours roses.


Les roses ont un cœur

Les hommes aussi.


Mais le cœur des roses

jamais ne fait de mal.


Du cœur des hommes

naissent toutes les folies.


Certaines sont bonnes,

d'autres détruisent

toutes les roses,


les invisibles aussi.


Ne restent plus

que les épines.






 

samedi 21 mai 2022

 




Le chemin du poète
est sans fin

et c'est d'être un

et un ne se peut
qu'avec les autres.







vendredi 20 mai 2022

 





Les fleurs s'offrent.




D'où viennent-elles ?




Le hasard n'est qu'un mot


le langage, une prétention.



Les fleurs interpellent.




S'incliner seulement
devant elles.

jeudi 19 mai 2022

 

Les arbres
en silence,
pas un souffle.

Luxuriance
pour rien
dans le bleu
infini.





mercredi 18 mai 2022

 


A la claire fontaine

se désaltère

le pigeon des villes


Et personne d'autre.


Méfiance des hommes.







"Nous nous présentons
Aux Fleurs, aux Planètes

Mais entre nous
Nous avons des étiquettes,
Des gênes,
Des effrois"

Emily Dickinson





gravure pointe sèche



mardi 17 mai 2022

 



Ne pas rester
dans ce passage.

Aucune place
pour poser
 quoi que ce soit.

Il y a un là-bas
dont on ne sait rien
et un ici qui
se finit.

Alors avancer.
Même à petits pas,
à souffle court,
à l'aveuglette,
avancer.

Et même si là-bas
c'est comme ici
avancer
parce qu'entre
deux pas
il y a l'espace
de la vie.








lundi 16 mai 2022

 



Le puits était profond.
pas de caillou
à proximité

Mais le crachat
s'est perdu
dans la nuit.

On y a mis
un grille.
C'est plus prudent.

Mais qui maintenant
viendra puiser
l'eau vive ?

Les passants d'ailleurs
ont-ils encore soif
et viennent-ils encore
se reposer près de la margelle ?

Un puits en soi,
une eau vive, 
suffit-il de soulever la grille ?

Tout au fond
près des araignées
en embuscade,

une étoile attend.







 


Portrait du poète Charles Juliet.
Gravure pointe sèche

"Combien seul, combien étranger à ce monde
celui que le manque contraint
à chercher une vie plus haute"

Bribes, Charles Juliet






dimanche 15 mai 2022

 

Le flambé, flambeur

vole de fleurs en fleurs

pour voler un peu de nectar

au gré du hasard.


Son repos est

de ne jamais

se reposer


Il est amoureux,

amoureux seulement

de l'amour et du vent. 





samedi 14 mai 2022

 


C'est une vache voyante.

Elle perce ton âme.

Elle te voit vraiment.


Elle ne mange pas

du trèfle frelaté.

Elle fait corps

avec son champ.


Elle a une connaissance

de la rosée

que tu n'a pas.


Elle n'a pas besoin

de livres

pour fuir

les champignons vénéneux.


Elle voit tout

ce qui en toi

n'a pas rejoint

le vert de son herbe

et le feu de son soleil.





vendredi 13 mai 2022

 


Rocher guru
qui emplit
l'espace,

toi dont
le poids
est aussi
force,

tu entoures
le genêt 
qui perd
son or.

Et c'est toi
qui rayonnes,

toi granit
de vérité
qui transmets
à celui qui
te regarde

un peu plus
de réel,
un peu plus
de racines,

un peu plus
de feu.






jeudi 12 mai 2022

 

"Un chaton aux aguets"

Acrylique




 



Seul refuge,
cette maison attend.
Les oiseaux se sont rassemblés
au bord des fenêtres.
Ils restent invisibles.

Seul refuge,
on traverse l'eau noire.

On ne mène plus de combat.
Le cœur appelle.

Donner sa vie,
reconnaître le bien véritable,
sur le seuil de cette maison,
on ne voit 
qu'un sourire.

Se réfugier
en ce qui jamais 
ne manquera.

L'eau était froide.
On vient s'y réchauffer.
Même en été, il y a du feu.

Déjà sont oubliés
les cris de la traversée.
Rien d'autre à faire
que tendre les bras.
L'eau noire s'écarte.

A l'étage se trouve un lit.
Comme il sera bon
d'y dormir à poings ouverts.

Maison posée sur le roc,
comment vacillerait-elle ?

Ô, on y retournera
encore et encore,
à chaque fois 
que l'eau noire menacera.
Et ce sera les yeux fermés,
le cœur brûlant.





mercredi 11 mai 2022

 



Quelques coquelicots sur un mur
dansent sous le vent.

Ils montent d'eux-mêmes
vers le ciel.

Dans quelques semaines
les papillons rouges s'envoleront.

Personne ne pourra les saisir.

Même le regard peine à comprendre.

On devient ce que l'on regarde,

Les coquelicots viennent et s'en vont.
Personne ne pourra les cueillir.

On devient ce que l'on regarde.

Coquelicots traversés de lumière.










mardi 10 mai 2022

 


De temps en temps
le temps s'arrête.

Comme quand il pleut
et qu'on est à l'abri.

A l'abri du temps
on n'y comprend rien
et c'est très bien.

On est là.
On a quitté
tous les cadrans.

Il n'y a plus rien
à mesurer

Et si le temps revient
c'est que l'on a pensé
que l'on s'est mis à attendre,
que l'on s'est ennuyé,

alors qu'à l'abri du temps
on est l'enfant éternel
qu'on a toujours été.



lundi 9 mai 2022




Le lézard matinal
est sorti de sa caverne
et profite de la lumière.

Ombres sur le mur
de l'antique caverne
fascinerez-vous
encore longtemps
l'âme en ses chaines ?

Il est si simple
de se dorer au soleil.
et de voir les ombres
pour ce qu'elles sont.






 

dimanche 8 mai 2022

 


Il y a des murs
qui brisent, fracturent.

Et il il y a des murs
qui parlent de la longue
patience de l'homme
qui parmi les ruines
doucement reconstruit,

avec au cœur
le seul bonheur
de l'autre.