mercredi 31 octobre 2018



On a tous besoin d'un refuge.
On a tous besoin d'un abri.

Il y a des vents 
qui n'enfantent rien,

Verlaine le savait bien
lui qui chantait :
"Et je m'en vais
au vent mauvais
qui m'emporte
deçà, delà"

Mais je veux rester là
Dehors, c'est le miroir
aux alouettes.

J'attendrai la brise
du printemps,
celle qui ne trompe pas,
celle qu'on n'oublie pas.

Oh vent qui relève,
vent qui enfante,
ne tarde pas !




mardi 30 octobre 2018


Lu ce matin :

"Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel,
brodé de lumière d'or et de reflets d'argents,
le mystérieux secret, le secret éternel,
de la vie et du jour, de la nuit et du temps,
avec tout mon amour je le mettrai à tes pieds.
Mais moi qui suis pauvre et n'ai que mes rêves,
sous tes pas je les ai déroulés.
Marche doucement, car tu marches sur mes rêves."

William Butler Yeats





C'est drôle.
Une histoire me revient,
celle d'un jeune homme
fasciné par la joie
et l'énergie d'un vieillard.
Un jour, il lui demande
son secret.
Alors le vieux lui répond :
Tu sais autour de moi, 
personne ne ma jamais encouragé, 
soutenu, approuvé.
Alors tous les matins,
quand je me levais,
je me frappais moi-même
sur l'épaule et je me disais :
"Tu sais, tu es un bon gars, toi !"

Est-ce que c'est une feuille morte
qui me l'a raconté ?
Elle s'était fait belle
avant de mourir.
Elle avait envie de donner
tout son feu !



lundi 29 octobre 2018

AMO ERGO SUM
Parce que j’aime
Le soleil répand ses vivants rayons d’or
Répand son or et son argent sur la mer.
Parce que j’aime
La terre sur son fuseau astral déroule
Sa danse qui fait naître l’extase.
Parce que j’aime
Les nuages voyagent dans le vent à travers de vastes ciels,
Vastes, beaux, bleus et profonds.
Parce que j’aime
Le vent souffle dans les voiles blanches,
Le vent souffle sur les fleurs, doucement il souffle.
Parce que j’aime
Les fougères poussent vertes, verte l’herbe,
Et verts les arbres, en transparences ensoleillés.
Parce que j’aime
De l’herbe jaillissent les alouettes
Et toutes les feuilles sont pleines d’oiseaux qui chantent.
Parce que j’aime
L’air d’été frémit de milliers d’ailes,
Par myriades, des yeux pareils aux bijoux brûlent dans la lumière.
Parce que j’aime
Les coquillages irisés sur le sable
Forment des arabesques aussi insaisissables que la pensée.
Parce que j’aime
Une voie invisible traverse le ciel,
Qu’empruntent les oiseaux le soleil et la lune
Et toutes les étoiles à minuit.
Parce que j’aime
Une rivière s’ écoule au long de la nuit.
Parce que j’aime
Toute la nuit la rivière coule dans mon sommeil,
Cent mille choses dorment au creux de mes bras,
C’est ainsi qu’elles veillent, c’est ainsi qu’elles reposent.
Kathleen Raine


La passerelle est fragile
Elle se balance avec le vent.
Il y a un pont suspendu
entre le regard et le coeur.

Parfois, mieux vaudrait
être aveugle
que de voir
avec le pont rompu
dont les morceaux
tombent dans le vide.

Les feuilles d'automne
m'essuient les yeux
avec douceur

Je n'ai plus peur du vide.
La passerelle se balance,

du coeur au regard
et du regard au coeur.



dimanche 28 octobre 2018



Nacre à la lumière,
un monde apparaît.

Ce monde-ci
quel est-il
si on le tient enfermé ?

Houpier et racines,
ainsi l'arbre
célèbre.

Il n'est pas qu'arbre.
Ses branches ont connexion
avec les étoiles.
Ses racines sont
des mains entrecroisées.

Je me connecte
c'est bon d'être dépassé.
J'arrête de dire
que je gère.

Je gère rien du tout.
A peine si je digère.

Je deviens humain
quand je crie
au secours.






samedi 27 octobre 2018


Bulle, éclate !
Et pourtant je vois
déjà à travers elle
des éclats de lumière,
un sourire, 
la chaleur
d'une main,
une compréhension
non feinte,
des étoiles  qui ont 
même mouvement
qu'une respiration.
Bulle, éclate donc,
Milliers d'aiguille de givre,
pluie froide, pluie acide,
grains de sable du désert;
Bulle, mue, vieille peau
dans la poussière,
inutile manteau transparent,
Bulle, vite,vite vite
Eclate
et laisse-moi
l'espace





vendredi 26 octobre 2018



Quelques pas dans les feuilles,
quelques traces dans la neige.

Le corbeau s'éloigne des hommes.
Qui lui a appris ?

Chaque fois que je marche
dans les feuilles,
que je laisse des traces
dans la neige,

je me sens vivant,
même loin des hommes.

J'ai besoin des feuilles
j'ai besoin de neige
d'amitié des éléments
d'un regard qui ne mente pas,
j'ai besoin de feu
qui ne prononce pas
de paroles en l'air,

pour continuer à marcher
dans les feuilles
à laisser des pas
dans la neige.





jeudi 25 octobre 2018


Rose se fane.
Chat se repose.

Paroles s'envolent,
avec l'écume
des mots inutiles.

Je ne bouge pas,
les yeux clos
sur ce monde 
où tout finit.

Où est l'étincelle
de la rose
et celle verte
des yeux du chat ?

A l'extérieur,
je vais et je viens.
Mais le chemin
est ailleurs.

Et pourtant
si proche, plus proche
qu'un battement de cœur.









mercredi 24 octobre 2018



Si tu ne crois pas
au pouvoir de l'aube,
regarde les feuilles
de cet arbre.

Ne vois-tu pas
qu'elles sortent
d'un bain d'aurore ?

Viens plonger avec moi !
Quelle crainte
pourrions-nous encore avoir ?

Frémissement de lueurs,
dans tes yeux,
sur tes mains !

Ce qui t'enserrait
si fort s'est dissous.

Tu te surprends
à respirer la vie
qui jamais n'a cessé
de t'attendre.

Et maintenant,
vous ne vous quitterez plus.








mardi 23 octobre 2018

 
Pourquoi cette clarté,
cette netteté de l'aube
ne se perpétue-t-elle pas
jusqu'au couchant .
 
Quel est l'empêchement ?
 
C'est comme un reflux.
Il y a peu à peu
de la brutalité
dans l'air,
 
et des paroles bourdonnantes,
des gestes qui se tendent.
 
L'aurore s'est transformée
en rivière.
Elle chante
dans un autre espace.
 
Lui suis-je fidèle ?
 
Sur ses berges
tout se calme.
La nuit se prépare.
 
 

lundi 22 octobre 2018


Le ciel est aussi une eau.
Les arbres reflètent
de la splendeur,
quelque chose de grand,
quelque chose qui manque.

Ce qui manque,
tu le sais bien.
Regarde quand quelqu'un te jauge
au lieu de t'accueillir,
qu'est-ce que tu ressens ?

Je retourne aux arbres
ils m'accueillent.
sans un mot,
sans tricher.

Ils ne poursuivent aucun but.



dimanche 21 octobre 2018


Un arbre flambe.
ll m'éclate en pleine figure.

Il renvoie à quoi ?
Un arbre, on en fait
du bois, des bûches
qu'on jette au feu.

Alors pourquoi
l'éclat ?

C'est comme l'éclat
d'un chant  d'oiseau
(je ne sais pas lequel)
solitaire en forêt.

Que je sois là ou pas,
il chantera.
Rien à gagner, rien à perdre.

Si de telles flammes 
qu'on ne paye pas
s'éteignent
que restera-il ?




samedi 20 octobre 2018


Ô libellule huluberlue,
tu t'es posée
un instant
au bord de l'eau.

Ô miroir de l'eau
apaisée,
tu reflètes la libellule
qui danse funambule
sans fil.

Ô je chante
la libellule a bien voulu
que je lui effleure
les ailes.

Ô se retrouver
soi-même.





vendredi 19 octobre 2018



Il y a des sommeils
qui ne sont pas seulement
réparateurs.

Il y a des sommeils
dont on ne revient pas
le même.





Une sorte de capture
mais si douce.

Fascination.

Il n'y a plus 
que cela qui compte.

Non pas récréation,
ce chloroforme
sur le cri.

Mais re-création.
Mouvement de la méduse
dans l'eau claire.

Dialogue où
les mots et le silence
dansent parce qu'ils s'aiment.

Et ainsi danser toujours,

fasciné de laisser place




jeudi 18 octobre 2018



Trouée de partout
la feuille de noisetier
boit encore la lumière
avant sa mort certaine.

Je bois la lumière aussi.
Qu'est-ce qui va mourir ?
Et si c'était déjà mort ?

Ne reste plus que vie nouvelle
Tant de choses
qui n'étaient pas miennes.
Tant de moments
à boire la nuit
qui ment.

j'ose,
aimé,amant.






mercredi 17 octobre 2018




Le soir venu, 
ils se reposent sur un banc
et leur chien noir
veille immobile
sur la flamme de l'arbre.

Tout ce que l'on fait
est-ce si utile
si rien ne naît
de ce repos ?

C'est comme une danse.
Il ne s'agit pas d'être vu,
de bouger, de gesticuler.

Suis-je donc 
un pantin vide ?

Faire, faire, faire
mais s'il n'y a rien ?

Et que le seul bien
qui vaille
est perdu ?




mardi 16 octobre 2018

Si les arbres m'appellent
quand je ne suis pas là,
perdu on ne sait où,
peut-être d'autres êtres
font de même.
 
Et je passe, je ne vois rien.
 
Il n'y a pas que les arbres
qui ont besoin d'un regard
pour être beaux.
 
Partout des papillons
dans des citadelles
cherchent un coin de ciel.
 
Ils parlent avec leurs ailes
mais personne ne comprend
leur langage.
 
C'est comme les arbres,
les hommes et les femmes
les enfants qui ont besoin
qu'on prenne du temps
pour échapper au temps,
 
pour s'envoler
loin de la citadelle
qui n'est même pas du vent.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

lundi 15 octobre 2018


Un peu de feu,
un peu de flammes
avant l'hiver.

Je n'approcherai pas.
C'est à toi d'approcher.
Un peu de feu,
un peu de flamme,
réchauffe-moi.

Faut pas que cela
reste à la tête.
Faut que cela descende,
que cela s'enflamme,
un fanal avec des ailes
qui se pose là
en plein cœur.

Faut pas que cela s'éteigne
avant le grand hiver,
où il faudra veiller
comme on veille
une enfant malade.

Faut pas que cela s'éteigne.
Un peu de feu, un peu de flamme,
c'est un appel.




dimanche 14 octobre 2018


Aube et crépuscule
ne distillent aucun poison.

Pourquoi choisir le noir ?

Ouvrir les yeux,
les fermer,
la paix peut
demeurer.

Je choisis la paix




samedi 13 octobre 2018


Cette douceur qui se pose
sur une feuille
qui va bientôt
tomber...

Transparence
qui révèle
mais sans violence...

j'aimerai être ainsi,
caresse pour cette part
qui n'attend pas
la condamnation...

mais l'apaisement.

Cette conscience
a déjà tout,
pure lumière d'automne...

suivre le chemin en forêt,
quelques signes simples
qui ne trompent pas....

Accepter d'être aussi
la douceur en soi...






vendredi 12 octobre 2018



Plus un bruit.
La prairie a un coeur.
Elle sait, elle devine.

Elle n'empêchera personne
de s'allonger.
Elle accueille.

Chaque brin d'herbe
montre une étoile
où l'on peut se perdre.

Elle aime les silencieux,
ceux qui n'ont plus rien à dire
et ceux qui n'ont plus peur.

La prairie connait
des mélodies secrètes.
Ne peuvent les écouter
que ceux qui préfèrent
être des fenêtres
plutôt que des diamants.



jeudi 11 octobre 2018



Enchantement....sans fin









En un instant,
en un instant seulement,

le chant est là,
le chant qui n'appartient à personne.

Pourquoi parle-ton
d'un paysage riant ?

Un arbre peut-il rire ?

Cela ne m'appartient pas.
Pas de main mise.

Et l'arbre rit, rit, rit...





mercredi 10 octobre 2018



C'est étonnant
cette réduction progressive
de la vision,
cette écranisation
qui m'emprisonne.

Ecran de cinéma,
écran de télé,
ecran de téléphone,
plus petit encore,
et quoi d'autre...

D'écran en écran,
comme un mur
qui m'écrase,

pour ne plus rien voir,
et se rassurer,
oublier,
nier

le vertige d'être.