jeudi 31 août 2023
mercredi 30 août 2023
mardi 29 août 2023
lundi 28 août 2023
dimanche 27 août 2023
samedi 26 août 2023
vendredi 25 août 2023
mercredi 23 août 2023
mardi 22 août 2023
lundi 21 août 2023
Portrait de Kathleen Raine (1908-2003) poétesse
pastel sec
Parce que j’aime
Le soleil répand ses rayons d’or vivant
Répand son or et son argent sur la mer.
Parce que j’aime
La terre sur son fuseau astral déroule
Sa danse qui fait naître l’extase.
Parce que j’aime
Les nuages voyagent dans le vent à travers de vastes ciels,
Les ciels vastes et beaux, bleus et profonds.
Parce que j’aime
Le vent souffle dans les voiles blanches,
Le vent souffle sur les fleurs, le doux vent souffle.
Parce que j’aime
Les fougères poussent vertes, et verte l’herbe, et verts
Les arbres transparents ensoleillés.
Parce que j’aime
Les alouettes jaillissent de l’herbe
Et toutes les feuilles sont pleines d’oiseaux qui chantent.
Parce que j’aime
L’air d’été frémit de milliers d’ailes,
Des yeux, bijoux par myriades, brûlent dans la lumière.
Parce que j’aime
Les coquillages irisés sur le sable
Prennent des formes fines et compliquées comme la pensée.
Parce que j’aime
Il est un chemin invisible à travers le ciel,
Les oiseaux passent par ce chemin, le soleil et la lune
Et toutes les étoiles voyagent par ce sentier la nuit.
Parce que j’aime
Il est une rivière qui coule toute la nuit.
Parce que j’aime
Toute la nuit la rivière coule, entre dans mon sommeil,
Dix mille choses vivantes dorment dans mes bras,
Et veillent en dormant, et passent immobiles.
Kathleen Raine
dimanche 20 août 2023
samedi 19 août 2023
Océan du divin Amour.
O Rayon ténébreux d'une immense clarté ;
O nuit ! ô torrent de lumière ,
Pur amour, simple Vérité,
Source de bien, Cause Première !
Doux centre du repos,
Céleste volupté, Sacré monument de la gloire !
Doux nœud d'une pure unité,
Absorbement de la mémoire !
Auguste Majesté, chaste & sublime amour,
Charité pure essentielle !
Nuit plus brillante que le jour,
Ta clarté devient éternelle.
Mais que dis-je clarté ; tout me paraît obscur ;
C'est un abîme impénétrable :
Cependant mon cœur est très-sûr
Que sa lumière est véritable.
Dans ce vaste Océan, dans cette mer d'amour
On ne voit rien que l'amour même :
Ce que je viens d'appeler jour, paraît ténèbres quand on aime.
L'amour si pur en soi ne nous laisse rien voir ;
Il absorbe dans sa lumière :
On ne peut connaître ou savoir ce qu'on découvre en ce mystère.
Nul objet singulier, un abîme profond
Environne toute notre âme :
Ce qui la perd & la confond,
C'est une mer toute de flamme.
Mais flamme sans brillant pour notre propre esprit,
Quoiqu'une source de lumière,
Qu'on ne comprend, qu'on ne décrit
Que d'une trop basse manière.
Ce qu'on veut expliquer, se dérobe à nos yeux
Sitôt qu'on prétend de le faire ;
Et pour moi , j'aime beaucoup mieux ,
Au lieu de l'énoncer, me taire.
C'est le meilleur parti.
Mon cœur consacrons-nous
Pour jamais au profond silence :
Amour , il me sera plus doux
Que de te mettre en évidence.
Madame Guyon (1648-1717)
vendredi 18 août 2023
jeudi 17 août 2023
mercredi 16 août 2023
Au palais endormi
le roi, le seul
qui ne dort pas
guette le retour
de son fils.
Une mauvaise fée
d'un coup de baguette
lui a fait oublier
qu'il était un prince
A force d'attendre
de scruter l'horizon
tout en haut
du donjon,
la tour s'est mise
à pencher,
le château
à vaciller.
Pourtant il suffirait
d'un baiser qui le
saisisse en entier
pour que le fils
reconnaisse
ce qu'il est.
le roi attendra même
les yeux fermés.
Le fils reviendra
Car seuls ceux
qui se sont perdus
peuvent être
retrouvés.
mardi 15 août 2023
Portrait d'Henri Michaux, poète
pastel sec
Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit
Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de l'apeurée
Afflux sur les neiges de sa pâleur
Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime
AGIR, JE VIENS
Tes pensées d'élan sont soutenues
Tes pensées d'échec sont affaiblies
J'ai ma force dans ton corps, insinuée
...et ton visage, perdant ses rides, est rafraîchi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t'abandonne
La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi
Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide
Comme une fumerolle
S'envole tout le pesant de dessus tes épaules accablées
Les têtes méchantes d'autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prend
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi
Plus d'ombres noires
Plus de craintes
Il n'y en a plus trace
Il n'y a plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l'océan ouvert
L'océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d'ivoire.