lundi 30 novembre 2020

 


Je n'ai pas su te dire,
toi si frêle.

Tu n'avais pas besoin
de mon dire.

Tu parlais
de toi-même
dans ta lumière
d'ailleurs.

Je n'ai pas su te dire
parce que te voyant
tu as effacé
toute ma pensée.




 


Monotype. 2e tirage

D'après un portrait
de Gerhardt de Leyde




dimanche 29 novembre 2020

 





Le regard s'élève
et passe entre les arbres.

C'est possible
et tu le sais.

le regard se détache
mais sans s'élever.

Simplement
un regard que rien,
plus rien n'attache.

Et c'est possible.
Tu le sais

Un regard
qui s'éclipse
comme la lune ce soir.

Tout est apaisé.
L'enfant n'aura
plus peur du noir.






 

portrait de Rabindranath Tagore

Monotype, 1er tirage


"Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne."

L'offrande lyrique. R. Tagore



samedi 28 novembre 2020

 

Pourquoi la flamme s'est-elle éteinte ?



 



Un voile sur les choses, 
un voile sur les êtres
se déposent.

Ecarter
doucement
le voile.

Et voir les choses
voir les êtres
comme libérés
d'un poids.

Même la pierre
peut devenir légère.

Pour ce qui se cherche ainsi,
les mots sont un voile.






vendredi 27 novembre 2020

 


Mes yeux sont las

peut-être.

Lever la tête.

En bas de la poussière.



Le clocher se cache

pour apparaitre l'hiver .

Les cloches sonnent

le vide résonne.



Au cimetière

les feuilles mortes des platanes

n'ont pas de tombe.

Comme elles j'apprends

à tomber.


et me relève.


Les morts restent couchés.

 


"L'autre rive. La barque sur le Gange"

gravure pointe sèche






jeudi 26 novembre 2020

 


C'est une porte usée
par les ans.

Elle peut rester
obstinément fermée.
Elle s'use tout de même.

Les clous rouillent.
La peinture s'écaille,
le bois est vermoulu.

Il se passe quelque chose.
Elle se ride elle aussi.
Elle s'affaisse.

Pourquoi certaines portes
restent fermées
après avoir essayé
toutes les clefs ?

Peut-être n'y-a-t-il
rien derrière ?

Pourquoi s'acharner ?

La vie est là,
devant la porte,

pas derrière.





mercredi 25 novembre 2020

 


Dans cette maison à l'abandon,
il y avait un vieux métier à tisser.

Et par terre,
une tapisserie.

Ce n'est pas un rêve,
mais la réalité.

Le temps tisse
sa toile,

grignote, grignote
les jours.

Quelqu'un,
(est-ce quelqu'un ?)
tisse son piège.

Il aimerait bien
que tu y tombes
et y restes
faisant semblant
de vivre.

Ce quelqu'un,
certains l'appellent

la mort.



 




Deux japonaises

(d'après une photographie de Nicolas Bouvier)

Monotype 1er tirage




 


Silhouette d'homme

(d'après Léon Spillaert)

Monotype. 2e tirage





mardi 24 novembre 2020

 



Je m'attarde auprès 
d'un reflet.

Jeter un caillou dans l'eau !
Peut-être est-ce comme cela
que tout a commencé ? 

Et les galaxies s'éloignent
jusqu'à ce que l'univers
redevienne calme.

Un caillou dans l'eau.
Une naissance
la vie, les cernes sur l'eau
qui s'éloignent.

Puis tout s'apaise.
Apparaissent des reflets d'or
dans l'étang,
avant la nuit
ou le ciel et l'eau
s'épousent enfin.













 

L'homme au parapluie.

Monotype, 1er tirage



lundi 23 novembre 2020

 



Est-ce si différent
l'amitié entre humains
ou avec un animal ?

Elle a commencé 
par un sourire.
l'oiseau a su lire.
Il voit bien plus loin
qu'on ne le croit.

Y-a-il des liens
qui libèrent ?

Un geste brusque.
l'oiseau s'envolera.

Un mot trop dur.
Une goutte de sang
sur l'aile.






 

Une femme dans la nuit

(d'après G. de la Tour)


Monotype. 1er tirage




 

"Bords de rivière"

Monotype. 1er tirage




dimanche 22 novembre 2020

 


Les feuilles sont mortes
mais elles sont
encore belles.

La flamme éteinte,
le feu demeure.

Où je demeure ?

Si je parle cœur
on me répond
avec la tête.

Si je parle tête,
on me coupe le cœur.

Mais je n'ai plus peur.

J'avance la tête coupée
dans le feu de l'automne.








 



"le château inaccessible"

Monotype, 1er tirage





 

"Le vieux sage"

Monotype, 1er tirage


"La douceur et la faiblesse triomphent de la dureté et de la force"

Tao Te King



samedi 21 novembre 2020

 

Je me perds dans les feuilles.
Des étoiles rouges
descendent dans mon ciel.

L'air vif aère le cri,
la rage de vivre.
Les feuilles chantent leur couleur.

Je respire, expire
le pire.

La prison sanitaire
n'enlève rien à la terre
que je foule.

Je suis libre
vide comme un désert
prêt à accueillir le soleil.









 

Une forêt, la nuit

monotype, 1er tirage






La nuit, sinistre merveille,
Répand son effroi sacré ;
Toute la forêt s'éveille
Comme un dormeur effaré.

Victor Hugo

vendredi 20 novembre 2020

 



La roue tourne.

Où ne tourne-t-elle pas ?

Adolescent, j'avais écrit
un long texte
intitulé : "Là"

C'était là
où je voulais être.

Et enfant, dans le jardin
de ma grand-mère
je creusais un trou
pour aller
au centre
de la terre.

Là.
Là.
Là.
Là.





 

"Bien en face"


Monotype, 2e tirage 





 Une place, la nuit

2e tirage



Recueillement

 

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

 

Charles Baudelaire (1821-1867)

jeudi 19 novembre 2020

 


Un pont, la nuit

Monotype, 2e tirage






Sous le pont Mirabeau coule la Seine
            Et nos amours
       Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
L'amour s'en va comme cette eau courante
            L'amour s'en va
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

 

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

 


La maison dort.
Les nuages ne s'arrêtent pas
pour autant.
La maison dort
et toutes ses histoires avec.

Je passe avec les nuages.
Ici, il y eut des rires,
et des rêves,
des colères aussi.

Entre quatre murs
ce fut la bousculade,
les embrassades,
les départs,
les retrouvailles.

Je passe.
J'accompagne
d'autres histoires.
Chacun cherche sa paix.





mercredi 18 novembre 2020

 


Le sous-bois
est jonché
de feuilles mortes.

Des morceaux de passé
jonchent aussi le sol.

Cela ne se voit pas.
Mais cela peut remonter,
un peu comme le brouillard
le soir.

Il y a aussi du lierre
à terre qui reste vert.

Voir partout,
même dans le passé
parmi les feuilles mortes,
le travail de la lumière.



mardi 17 novembre 2020

 



Si je te parle
des derniers feux
de l'automne,
m'écouteras-tu ?


Comprendras-tu
le secret qui grandit
en chacun
jour après jour ?

Moi aussi
je ne comprenais pas
grand chose.

Les pages de livres
sont aussi
des feuilles mortes.

Le vent les emporte
et on reste sans rien.

Je comprends
que je me transforme
en caresse de vent,

une simple caresse
qui passe

et sera comprise
après.











lundi 16 novembre 2020

 



Le long de la montée
à Saint Mansuy,
la courbure de la branche
d'un arbre m'a arrêté net.

Peut-être était-ce la fenêtre ?
C'est comme si la branche
protégeait l'intimité
d'un espace dont on ne sait rien.

La fenêtre, la branche, le cœur,
tout s'est tu.

Encore quelques marches
à gravir, le souffle un peu court
mais l'image bien ancrée.





dimanche 15 novembre 2020

 




Qu'est-ce qui se passe ?

  La fleurette est radieuse.

le vent transforme

               les feuilles mortes en cigale.

                  Et les feuilles qui vont mourir

       me transpercent l'âme.

Et je vais mourir.

Un souffle d'air frais

m'accompagne.

Je n'ai rien fait.

Je suis pris en charge

la paquet a été envoyé

sans adresse.

Je suis sans adresse aussi,

dans ce voyage immobile.

 





samedi 14 novembre 2020

 


L'écorce,
ce qui n'est pas toi,
se déchire
avec l'épreuve,

comme la tête en l'air
qui heurte le lampadaire.

Et derrière ?

ton chemin
se dessine
parce que tu perçois
de la vérité.

Vérité vive,
source où
étancher ta soif
de vivre
avec toute ta stature.