jeudi 31 octobre 2019

Douceur de la lumière sur la colline.
Une caresse d'or s'étend
d'arbre en arbre.
La terre s'éloigne du soleil.
Octobre est le mois d'un adieu,
le mois des oiseaux qui se croisent
et ne se reverront plus jamais.
Pourtant leurs ailes
se souviendront de la lumière
sur les feuillages qui vont mourir.

Je n'irai jamais me poser
sur les plus hautes branches du bouleau
dont l'or s'éteint peu à peu.
Mais j'accompagne le soir
qui fait crier le sommet
des grands arbres.

Pas un souffle de vent.
Les arbres s'éteignent
les uns après les autres.
Un enfant dans l'obscurité d'une chambre
attend la main d'une femme sur son front.
Mais elle ne viendra pas.
Plus jamais cette caresse
n'aura le pouvoir d'écarter
les ombres qui dansent sur le mur.


Je suis un murmure
qui sait si bien se cacher
dans la terre brune
que l'on remue avant l'hiver,
un murmure aussi léger
que la danse des mésanges
sur le noisetier.
Ne pas perdre le fil.
Le brouillard monte des prairies humides
pour effacer les dernières lueurs sur la colline,
pour que tout revienne
à ce qui compte vraiment.

Il n'y a plus rien là-bas.
Il n'y a même plus de visage.
Le rosier est mort
avec toutes ses promesses.
Ce n'est plus que du bois sec.
Les cheveux dans la terre
ont perdu leur pouvoir.
Un mur s'est écroulé.
Même la nuit, la chambre s'ensoleille.
Les ombres ne reviendront plus.
Je suis un enfant qui n'attend plus
la caresse d'une main.

Tout est donné maintenant.
Seul ce qui est réel ne peut mourir.
Je suis un murmure
qui se poursuit jusqu'aux étoiles
et ne demande rien pour lui-même.
Je suis immobile
comme l'arbre fauve
au crépuscule parmi les lumières
des immeubles qui s'allument.


mercredi 30 octobre 2019


Je reprends pied
avec des éléments simples.

Cela ne pense pas.

J'ai besoin
qu'il n'y ait plus de pensées.

Des feuilles dans un trou d'arbre,
L'éclatement
de la volve du champignon
comme un big-bang miniature,
le ciel étoilé d'un érable,
une reflet qui m'invite
à poursuivre le rêve,

j'ai besoin 
d'éléments simples
qui se disposent en moi,
un par un.

Je ne pense plus.
Je suis aussi un élément simple
issu du même terreau.

Je ne me suis pas créé.

Je veux être présent
à ce monde simple,
une présence qui relie,

une présence de main ouverte
de cœur ouvert.








mardi 29 octobre 2019


Je pense que je cherche autre chose,
autre chose que des arbres,
des feuilles, de la lumière.

J'essaye de voir,
de voir vraiment
autre chose.

Inversion.

Comme si le visible
pouvait s'effacer
au profit d'autre chose.

Mais je ne sais pas quoi.

Comme si ce que je voyais
devait revêtir
une importance primordiale,

pour que le vu
ne soit pas du déjà vu.

On meurt d'avoir trop vu
ou de croire voir.

Mais on a encore rien vu.

C'est semblable 
pour la parole.

Où une parole neuve ?







lundi 28 octobre 2019



Sait-il seulement où il avance
ce cygne blanc en son silence ?

Je ne sais rien, je ne vois rien
et j'avance seulement
en cette paix qui m'est donnée.

Je glisse aussi avec le temps,
je glisse vivant
vers plus de vie.

Je ne veux plus croire
en ma prison.
C'est comme si à chaque fois
que je fais un pas,
un petit pas d'homme noble,
j'effaçais un barreau.

L'homme noble
c'est celui qui pense
que c'est beau d'être un homme
et qu'un homme peut être bon.






dimanche 27 octobre 2019


"...Ce n'est pas une illusion, tu ne t'illusionne pas ! Tu es venu, sans attendre une quelconque transformation, sans tapis rouge, rien, rien ! Ensemble...après on verra bien. Quand il sera temps, ce ne sera pas le temps, plus jamais le temps de se quitter. Mais avant prendre le temps...se disposer !Se reposer ensemble ! Habiter avec toi-même vraiment, que ce ne soit jamais un fardeau d'être ensemble ! C'est là toute la joie ! C'est comme posséder une perle de grand prix. Quelle lueur dans son écrin ! Tu n'as pas peut-être jeté les autres perles. Cela viendra.. tu ne sais quand, mais la lueur de cette perle ! Les autres perles retournent à la nuit ! Accueillir ! Tu n'iras pas tout de suite courir par les quatre chemins. C'est le temps de l'apprivoisement.

Si on ne goûte pas à cette joie d'être ensemble, que restera-t-il dans la tempête ? Tandis que là, il y a une flamme ! C'est la flamme de la rencontre, c'est la flamme de toutes les promesses de la vie ! Tu goûtes ce moment, rien ne presse. Peut-être n'as-tu jamais goûté ces moments ? A peine reposé, tu voulais reprendre le combat. Alors tu te battais, mais tu n'étais plus là. Enfin non, tu étais là, mais tu faisais comme si tu n'étais plus là, comme deux amis dont l'un n'arrive plus à suivre, un ami à la remorque, un ami derrière qui aimerait un regard, qui aimerait qu'on l'attende !Un grand soleil se lève dans ta maison, un grand soleil de bonté ! Plus de tourments, plus de maison qui sent le renfermé ! Tu ne te préoccupes plus de rien ! S'occuper ensemble de tout le reste...le moment venu ! On y est ! On y va ?..."




samedi 26 octobre 2019


Une peu de bois,
des flammes
et l'oiseau :

la porte s'ouvre,
pour toi, pour moi.

En deçà, 
au-delà,
je ne sais plus très bien où,
je suis libre.

Mes ailes sont un don.
Je les accueille.

Ma flamme s'allume
dans les regards
qui jamais ne ferment
la porte.

Je suis libre,
lié à un plus grand que moi
qui me délie
des illusions.

Viens avec moi
chanter avec la flamme,
danser avec l'oiseau.



vendredi 25 octobre 2019

Loin très loin,
je voyage
aussi bien ici.

Et dehors c'est
comme si c'était
le même paysage,
le même appel.

Je ne suis pas d'ici
en étant ici
ou loin, très loin.

Le paysage me le dit.
Je veux l'épouser,
qu'il m'emmène
loin, très loin,
là où la lumière
enfin me guérit.

Loin, très loin
et pourtant si près,
je tombe en moi-même
et ne reviens plus.







samedi 19 octobre 2019



Je chante à la douceur de l'aube,
celle qui descend
et déchire la nuit sèche,
brise les cercles de fer.

Je chante à la douceur
tout court,
celle qui rend humain,
celle qui lève les voiles
pour qu'apparaisse un peu de vérité.

Je chante à la douceur,
celle qui laisse désemparée,
celle qui n'a rien d'autre à offrir
que le sel des larmes
qui renflamme la vie.

Je chante à la douceur
qui donne aux corps
sa transparence
pour qu'il n'y ait
plus rien à prendre à personne

mais seulement s'unir
avec la douceur de l'aube
et celle des étoiles
qui ne brillent pas seulement au ciel.

Je chante à la douceur
et à la fenêtre
un rouge-queue approuve
et signe d'un mouvement d'aile
la fin de mon poème.





vendredi 18 octobre 2019



Chaque chose vient à son heure.
Peut-être tout se déroule-t-il
comme cela doit se dérouler ?

Et dans ce jeu où beaucoup
ne regarde pas la lumière
qui l'éclaire,

qui suis-je ?

Est-ce que je vais croire
à ce piège dans mon cœur
qui sans cesse remet du noir
sur la clarté ?

Quand viendra la fin
vers qui tendrais-je les bras ?

Vers la bouche obscure
qui crache son venin de mort,

ou vers la clarté si proche
de celle qui transparait
sur les feuilles de l'automne ?





jeudi 17 octobre 2019


Peut-être n'est-on
jamais trop envahi
d'essentiel ?

Dis-moi quel est ton essence,
dis-moi quel est ton ciel ?

La pente est raide.
Je glisse souvent.
Mais quand je tombe le nez
dans les feuilles et la glaise
je respire autrement.

Mon désir me relève.
Qu'est-ce d'autre
qu'un désir d'essence,
un désir de ciel ?

Parfois je n'en peux plus
des histoires où l'on se perd.

Je veux une histoire
où l'on s'aime et c'est tout.

Je veux que tu comprennes
que tout cela est une illusion.

En dernier ressort,
oh l'heureux sort !,

n'évite pas le réel,
lévite dans l'amour !








mercredi 16 octobre 2019


-Notes de Ronchamp

-1-

Je laisse glisser la fatigue. Le silence vient, descend sur les épaules. Passage d'un chat blanc, ocre et noir...
Dans le lointain, les cloches sonnent l'angélus. Les oreilles chantent aussi. Les arbres se revêtent de la nuit qui tombe et oublient le soleil mourant. Je suis là sous une lampe, sur une colline où le silence s'épaissit, à chercher des mots sous le sable de la fatigue.. Je suis là, attentif à rien, attentif à être. Je ne suis plus sûr que je pense encore. Les pensées n'enroulent plus leur cordage autour de mon crâne. Cela se desserre en moi. Je m'éloigne de ce qui est vain. Je n'erre plus dans l'imaginaire de ce qui viendra. La nuit est montée comme un flot d'encre. Les dernières lueurs disparaissent. Le silence est maintenant devenu un manteau qui chante doucement. Je le revêts prêt à m'endormir avec.

-2-

A travers la vitre du jardin d'hiver, les arbres se balancent sous la pluie. Les nuages descendent tout doucement. La brume gomme les contours de la colline. La forêt émerge d'un rêve blanc. Il n'y a rien d'immobile. Même si je ne bouge pas, ma poitrine bouge, mes paupières se ferment et s'ouvrent sans cesse. Seul le silence ne varie pas. On reconnaît sa densité, son bruissement comme lorsqu'on s'arrête près d'un torrent et que le bruit de l'eau efface toute pensée. Le bruissement du silence est plus ténu, mais lorsqu'on prête attention, que reste-t-il d'autre ? C'est comme une note de musique en continu. J'hésite entre un la et un si. Mais là, en ce silence, une liberté naît, malgré la pluie, malgré le gris. Je pourrai rester là, avec lui, longtemps. Peut-être serait-ce bien de l'emmener avec moi en partant ?













dimanche 13 octobre 2019


Et laissant tout
je comprends
qu'il n'y a qu'un seul bien
que personne ne peut me dérober.

Mais il fallait laisser.

J'arrive à une intersection.
Ce n'est pas un mot trop poétique
et pourtant.

Pourtant je vois
l'enfant blessé.
Je m'approche à pas de fée,
lui chuchote :
"sois tranquille,
il ne t'arrivera plus rien"

Et laissant tout,
je me laisse rejoindre,
comme lorsque l'on marche
dans la rue et qu'on entend
derrière soi
le pas d'un inconnu 
qui approche.

Lorsque l'on se retourne,
il y a une telle lumière
dans ses yeux,
que l'on baisse les siens.

Et l'inconnu perdu
dans l'inconnu ne dit rien

Mais cela suffit pour penser
qu'il n'y a qu'un seul bien
que personne ne peut me dérober.






samedi 12 octobre 2019



Finalement ce qui se brise
c'est la dureté,
ce qui se fige
et ne veut plus bouger.

Que reste-t-il ?
C'est comme si l'on changeait de regard.
Qui voit à travers mes yeux ?

Je vois peu à peu
dans la dureté
grande misère
et grande peine.

Je vois mais cela ne vient plus de l'extérieur.
Comme il y a un langage
derrière le langage,
il y a une vision derrière la vision.

La vie n'est pas dure,
mais il est possible
de choisir la dureté
contre elle.



vendredi 11 octobre 2019


Sur la feuille morte, des gouttes tremblent !
Craquement du raisin sous la dent !
le bouleau pleure son or !



La vigne-vierge résiste, rouge de son désir de vivre. Les parapluies voguent, se heurtent parfois. Reflet du ciel noir dans une flaque !




Tu connais le poids du jour, des choses qui se répétent. La nuit s'insinue partout !

ton livre est ouvert, le reste, nu comme toi !



Trop brutale, la lumière de la lampe ! Tambourin de la pluie sur le toit !

Tu vois les escargots baveux à l'assaut de la rhubarbe !
les passants fuient aussi, se liquéfient !



Cette fatigue t'assaille.  Singulier vertige d'être en sursis ! Les feux rouges des autos te scrutent !




Les derniers marrons tombent et leurs bogues éclatent avec un bruit sec, un peu comme les glands dans la chênaie ! Taches d'humidité sur un mur : elles ressemblent à un paysage chinois !




Tu vois ce tunnel, tu y pénètres, mais y-es-tu vraiment ? Le jardin est gelé avant les grands froids. Le vent a une intelligence qui te surprend. Le corbeau sur la pelouse encore verte n'a même plus peur de toi !