mercredi 31 mars 2021

 



L'eau fluide,
huile d'argent,
glisse sous
le soleil du printemps.

Quelque chose
un glissement
s'opère à l'intérieur.

un déplacement
comme si sur la rive
on regardait simplement
l'écoulement
du temps et des pensées.

Fluidité.
Ne plus retenir
ce qui de toutes façons
s'en est allé.

La rive est une épaule
où s'endormir.

Sommeil étrange
des yeux ouverts.





mardi 30 mars 2021

 

Ce n'est qu'un peu

de douceur

au bord du Doubs.

Le soir est un miroir,

les reflets des ombres.


La rivière ne raconte jamais

d'histoire.

Les oiseaux se perchent

au sommet des arbres.

Dans leurs yeux

l'eau s'écoule.


Et les âmes sur la berge

n'ont pour mémoire

que la mer.




 


Portrait de Coco Chanel

Fusain



lundi 29 mars 2021

 

A la fin des temps

il est temps

de descendre

du temps.


Stop.


Le temps

s'accélère

pour ceux qui restent

dans son manège.


Toi tu te poses

sur un banc

ou au pied d'un arbre

qui se moque du temps


et tu restes paisible.


Stop,

c'est maintenant.





vendredi 26 mars 2021

 



Sur la tombe de Malo
mort à vingt ans
une main artiste,
une main amie
a fait danser la vie.

Le magnolia stellata
et la jonquille
du cimetière
sont éphémères
mais vivants.

Vis
tant que
tu vis.






jeudi 25 mars 2021

 


Dans le jardin du Goethe Institut,
il n'y a jamais personne.

les arbres se parlent
et tuent le temps.

Après l'hiver, le printemps.

On peut repasser
dans dix ans.
Rien n'aura changé.

Simplement
peut-être
comprendra-t-on
quelque chose
devant une certaine forme
d'immuabilité.






 



Portrait

Exercice fusain




mercredi 24 mars 2021

 



Le temps s'arrête.
l'arbre est blanc.
Il  neige des fleurs,

ou un nuage 
s'emmêle
aux branches.

Et pourtant
l'arbre ne sait pas
si ce blanc est un signe.
Il ne voit rien.

C'est la gloire de l'arbre.
Son blanc est plus blanc
qu'il n'y paraît.

Il appelle le regard.
"Regarde mon silence blanc,
la paix ne m'a jamais quitté!"



mardi 23 mars 2021

 

Ne marcher
que vers sa liberté.
Le reste est détour
pour continuer
à être mené

par ce qu'on 
ne veut pas voir,
pas comprendre,
pas accepter.

On te presse
de revenir
en pays asservi.

Viens marcher
droit devant
en pays large
en pays "respirant"

L'élan ne t'appartenant pas
te sera donné.






 


Le boulevard des prunus à Nancy
(boulevard Anatole France)

gouache






lundi 22 mars 2021

 

Portrait de René Daumal, poète

Fusain

"Je suis mort parce que je n’ai pas le désir,
Je n’ai pas le désir parce que je crois posséder,
Je crois posséder parce que je n’essaye pas de donner ;
Essayant de donner, on voit qu’on n’a rien,
Voyant qu’on n’a rien, on essaye de se donner,
Essayant de se donner, on voit qu’on n’est rien,
Voyant qu’on est rien, on désire devenir,
Désirant devenir, on vit."

Mai 1943




 



Tu es une fleur

de mars

qui tremble

de froid.


Rien ne te protège.


Sous les étoiles

tu t'endors

et bientôt

tu laisseras ta place.


Ton péril te rend humble.


Rien qu'à te voir

on sait sans mots

que tu aimes.






dimanche 21 mars 2021

 



Là-bas est une île.
Ici, un bateau.

Où vogue-t-il ?

Là-bas ,
maintenant,
est venu.

L'ile palpite
le plus vrai
de ton désir.

le bateau est parti,
le bateau inutile.

Tous ceux qui viendront
sur ton île
repartiront
tranquilles.




samedi 20 mars 2021

 



On ne voit rien,
ne sent rien,
n'entend rien.

Mais souterrain
le printemps
vient

Tu verras que la mort
est percée
de part en part
par ce qui la  contient.

Tu sentiras le parfum
des fleurs de tous les univers
emporté par  le vent
qui dénoue l'oppression.

Tu entendras le chant
de tes profondeurs
où a germé
dans les ténèbres
une confiance d'enfant

qui a un lendemain.









 


Exercice fusain
d'après un portrait d'Andres Zorn





vendredi 19 mars 2021

 

Flocons de neige du matin,
flocons diaphanes des prunus
qui bientôt tomberont,

Pétales célestes
qui descendent
et ne resteront jamais
sur ta tête,
car ils vont
disparaître,

que veulent-ils
te signifier ?

le vide du ciel ?






jeudi 18 mars 2021

 



Le corbeau solitaire
dans la neige
cherche une étoile.

Arrivera-t-il
avant qu'elle meure
de froid
à la raccrocher au ciel ?










 



Portait de la poétesse Andrée Chedid

Mine de plomb et crayon de couleur noir


L'astre n'a que ses randonnées

Pas de graines au corps minéral

Mais l'homme fertile



Déborde

De ce qui ne s'achève pas.

A. Chedid



mercredi 17 mars 2021

 



De quelle réalité
parles-tu ?

Les arbres vacillent.
Les nuages s'effilent
et tu ne retiens pas
le jour qui s'enfuit.

Quand les voiles
s'écarteront-ils
pour que le jour
revienne au jour,
l'arbre à ce qu'il est,
le nuage à ce qu'il a effacé ?

Même si ce n'est
qu'une lueur cela suffit.

Tu vis pour elle.
Tu lui as donné ton cœur.







 



Clairière en Forêt de Haye

Gouache




mardi 16 mars 2021

 


Les branches sont des veines.
Elles irriguent le ciel
qui ne s'occupe pas d'elles.

Les branches sont des chemins
qui se croisent
et se décroisent,

qui arrivent toujours
à toucher les nuages
même si elles se perdent.

Les branches sont des bras
qui implorent,
personne ne sait quoi.

mais dans ton cœur,
tu entends leur prière,

et tu cries avec elles.








 



La pépinière et son kiosque à musique
sous la neige

Pastel sec




lundi 15 mars 2021

 

"La jeune fille et la mort"

d'après un tableau de Jean Helion

Fusain.





 


Immobile,
le pêcheur
n'a pas de prise.

Plus de prise
sur le réel.

Immobile,
le pêcheur
a coulé
en lui-même.

Et les poissons s'amusent.

Le pêcheur
s'est endormi
dans l'eau du temps.







dimanche 14 mars 2021

 



Deux souvenirs


Pastel sec





 




Il y a assez de place
pour ta place.

Si le ciel accueille l'arbre
et si l'arbre se déploie
tout va bien.

C'est toi
qui n'étends pas
tes branches.

Le ciel t'accueille
et tu t'accroches
à autre chose.

Tu crois attraper
des étoiles
dans ta ramure.

Mais ce sont les étoiles
qui t'illuminent
lorsque tu quittes

le rabougri.





samedi 13 mars 2021

 



Etre là.
Le cœur s'élargit.
l'étang se déplace
comme un oiseau
pour tout ramener
à un point,
un seul.

On peut naître encore
comme on meurt.

On tombe,
On tombe
même en larmes.

l'étang laisse être
les êtres.

Il reflète seulement
ce qu'on lui montre.

Nous sommes tous
dans le cœur
des uns des autres





vendredi 12 mars 2021

 



Regarder les fleurs
comme on boit
une tasse de thé.

Tu plonges
avec ta tasse,
tu humes le thé.
Sa chaleur se diffuse
dans tes mains,
dans ton corps.

Où est la peine,
la souffrance ?

Tu plonges
avec les fleurs,
leurs couleurs,
leur fraicheur.

Même si ce n'est
qu'un instant,
te voilà présent,
hors du temps.
















 




"Le méfiant et le bienveillant"

Monotypes

d'après G. de la Tour






jeudi 11 mars 2021

 


Tu écoutes au bord des jardins,
 près de la blancheur des pâquerettes,
 un peu rosie par un sang inconnu. 

Tu écoutes l'enfant muet, 
fier comme Artaban,
 sur son vélo qui a des ailes.

 Tu écoutes un battement de cœur 
tout proche, mouvement, mouvement,
 le tic-tac d'une horloge 
qui n'est plus là pour l'heure, 
mais qui avance.

Tu écoutes un visage qui passe à ton côté
, qui devient une flamme,
 ne te quitte pas.

Tu écoutes le paysage vacillant du soir
 encore couvert de paillettes d'or 
du grand soleil des derniers jours.
 Ton espérance n'est plus une idée que l'on brandit,
 mais ta respiration même,
 une inspiration , une expiration 
qui accompagnent un élargissement.

Atteindre est un verbe qui s'est brisé pour toi.
 Accueillir te reste comme une fleur offerte
 que tu ne veux pas voir faner.

mars 2014



 


Etang, plateau de Girmont (Vosges)

crayons de couleur






mercredi 10 mars 2021

 


La butte Sainte-Geneviève, vue en contrebas du plateau de Malzéville.

gouache





 


Le village est blotti
derrière une épaule 
de vieilles pierres.

les maisons réunies
sont déjà
une image.

Seul,
c'est impossible
de vivre.

On se blottit
pour échapper
à la sauvagerie
de l'espace
effrayant d'infinité.

l'humain se blottit.