dimanche 31 mars 2024

 




10h45, Bois du Haut-du-Lièvre,
c'est un festival de vert.

Délicatesse
de ce qui commence.

Tout se déploie
au cœur du vivant,
tout est appelé
à se déployer

Un tout jeune moineau
passe et repasse
entre les branches.

De vivre,
il exulte.

Partout des jeunes pousses
qui ne connaissent rien des frimas.
Elles vont l'apprendre,

comme les humains
avec leurs cicatrices
qui feront mal 
jusqu'à la fin.

Mais pour l'heure,
la vie sonne la charge

Dans le cœur,
toujours cette envie
d'écarter les murs

que construisent les ans

et parfois les gens.










samedi 30 mars 2024


14h, rue de la Croix Gagnée,
Deux fleurs de Camélia
discrètes, 
sous quelques gouttes de pluie,
un instant de grâce
pour que le chant du monde
soit un peu plus libre

14h30, Passage des Mansiaux
un pigeon majestueux
en livrée de fête
semble exulter.
Rien ne l'arrête.
C'est comme s'il pressentait
ce qui se trame
à l'arrivée de la nuit,

une vie plus forte
que la mort.




 



vendredi 29 mars 2024

 


15h, Quartier Saint Epvre,
sous le ciel gris
les flèches néogothiques
de l'église pointent vers le ciel.

Mais le ciel à l'endroit,
le ciel à l'envers est vide
et silencieux.

On peut y envoyer
des fusées dérisoires,
elles n'iront jamais
jusqu'au bout.

Mais ton doigt
ne pointe plus le ciel
mais ton cœur
pour un voyage inconnu

où s'efface l'illusion
et apparaît ton être
vrai.





jeudi 28 mars 2024

 



"Les oiseaux libres ne souffrent pas
qu'on les regarde.

Demeurons obscurs.

Renonçons à nous,
près d'eux"

René Char












mercredi 27 mars 2024





 


Ouvrir.

le paysage frappe
à la porte.

Rentre,
s'il te plait.

Rentre avec 
ta respiration,
ta clarté.

Rentre 
pour que l'on puisse
avancer

et même courir
et même danser.

Rentre, 
ne reste  seul
sur le seuil.

Avoir besoin du paysage
comme celle qui dort
a besoin d'un baiser
pour se réveiller.

Avoir besoin du paysage,
de ce chemin qui s'offre.







mardi 26 mars 2024


15h45,
au dessus d'Amance,
quelques mouton pâturent.

Immobilité, mise à hauteur,
silence.

Peu à peu ils approchent.

Douceur du regard
des bêtes
pas si bêtes.

Homme pathétique
qui ne fait pas partie
du décor
parce qu'il pense trop.


Museaux à portée de main.

Puis aussi vite
qu'ils se sont approchés,
ils reculent

Le mouton reste un mouton.
L'homme, un homme.












 

lundi 25 mars 2024




15h,
Derrière la pile d'un pont
en bord de Meurthe,

soudain
un héron cendré
fixe un promeneur.

Juste à côté
un pêcheur.

Dilemme.

Fuir l'intrus
ou rester là
pour continuer à guetter
un hypothétique poisson
remis à l'eau.

Le héron a choisi.
Il restera.

Mais ne perdra pas de vue
ce promeneur indiscret
qui le photographie.







 

dimanche 24 mars 2024


Nighbirde









Quelques notes
une voix pure et fragile
tout est là
dans l'unité
la simplicité.

Oiseau de nuit
s'en est allé
et la nuit
qu'elle a traversée
maintenant n'est plus.

Il n'y a plus que
son sourire
qui traverse
toutes les ténèbres
que seuls ceux
qui croient en la mort
engendrent.




 

samedi 23 mars 2024



15h, Parc Sainte Marie,
entre deux giboulés
tomber en émerveillement
devant le bosquet des magnolias

Sous le grésil
les pétales résistent.

Combien de temps ?

Combien de temps
ces lueurs  brilleront elles
sur le chemin,

pour ne pas se perdre
dans toute cette laideur
des bords de ville
envahis de hangars
aux couleurs criardes,

dans toutes ces pensées
et ces débats qui ne mènent
qu'au refus de l'autre
et du tout autre ?

Combien de temps
avant de ne plus rien voir,
de ne plus pouvoir lire
les signes
d'un ailleurs qui affleure ?











 

vendredi 22 mars 2024

 


6h30,

dans les rues de la ville

les guetteurs d'aube

sont encore là.


Ils ont l'espace pour eux

et pour ami le soleil.

Ils sont hauts

avec simplicité.


Pas un seul pli

dans la tête.


Ailes pliées

ou dépliées

vigies du jour

et de la gloire de vivre


Ils sont signes

du détachement joyeux

loin des pensées

rampantes.





jeudi 21 mars 2024

 




Ce qui émerge
de l'obscurité et du chaos,
on ne peut rien
en décrire.

En voir
quelques signes,
quelques touches délicates.

Et  rester là
muet et droit.
Les mains 
ne sont plus serrées.

Sans tension
Etre tendu
de tout son être
vers ce qui émerge.

Habiter son cri.

C'est un oiseau blotti
qui se repose dans le noir,
et vole seulement
grâce au soutien du vent.










 Dino Buzzati

gravure pointe sèche

"Le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s' arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'oeil en arrière. " Arrête ! Arrête ! " voudrait-on crier, mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages ; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais"

"Le désert des tartares" D. Buzzati




mercredi 20 mars 2024

 


Je me mets à l'abri
sans protection.
"Mon péril est ma paix"*

Je reviens,
je retourne.
Il y a des élixirs
qui n'ont pas de nom.

C'est le giron du vent,
le ventre ouvert
d'un ciel étoilé.

C'est la crinière des branches
qui éloigne 
les mouches des nuées.

Je prends refuge
toute porte ouverte
dans le secret 
des fenêtres ensoleillées.

Je revis, je recommence.
Je murmure la source
pour que son murmure
se perdure.

je regarde la mort en face,
sa charogne dévastée.


                                                                                        *Jean Mambrino