vendredi 30 novembre 2018



Par temps gris et pluvieux
une feuille morte
garde cœur.

je garde cœur
et aussi couleur
et aussi bonheur
de ne plus l'attendre.

Si même sous la pluie
je ne perds pas cœur,
comment est-ce possible ?

Comment est-ce possible ?
C'est parce que je dis oui.

Et pourquoi je dis oui ?
parce que je ne sais pas,
parce que c'est fou

parce qu'il n'y a pas
de raison de garder coeur

et c'est tout





jeudi 29 novembre 2018


Je pars pour revenir.
Éclats de voix,
éclat d'obus.
Chacun veut avoir raison
à en perdre la raison.

Et pourtant le sang...,
ce même sang
qui coule,
sang des puissants,
sang innocent
forme un fleuve.

Baisse l'arme
de ton regard.
Baisse l'arme
de ta voix.

Je pars pour revenir
j'avance avec des mots sans raison
pour effacer avec douceur
les dernières traces de la mort












mercredi 28 novembre 2018



Je pars vers un point,
un petit point,
un petit grain
qui est le mien.

Personne ne le prendra
Personne ne le tuera
le petit grain de folie
la mèche au vent
sur le chemin.

Les baillons pourrissent
les mots d'ordre éclatent
Reste le petit point
le petit grain
dans ma main
ouverte pour toi.

Chemin sur la colline de Sion (fusain)


mardi 27 novembre 2018

Marcher écrire. Un pas, un mot. Un livre pris, aussitôt reposé, je suis où ? Marcher écrire. Se dire à soi-même une parole qui tient la route, qui tient l'âme. Nager dans la houle de la parole, retrouver le fil. Le minotaure ne mangera personne. 

Marcher écrire. Je ne suis pas seul. Des milliers de fenêtres s'allument. Retour d'école, chocolat chaud. Qu'est-ce que j'ai à tenir ? Je ferme les yeux et je vois la rivière. Elle me rassure. Qui tiendrait, retiendrait une rivière ? Elle coule. Elle commence par la tête, s'enroule autour du cœur, puis s'apaise dans le ventre. Je me lève. Je fais un bout de chemin avec elle, compagne rivière, chevelure d'eau qui enlève le nœud de l'angoisse. 

Marcher écrire, si rien ne marche, si l'on ne sait rien de l'avenir. 

Marcher écrire ayant quitté son armure. Je suis un arbre nu qui marche et qui va passer à la râpe de l'hiver. Je ne veux pas qu'on fasse des projets pour moi. Je ne veux pas qu'on me dise : "il n'y a qu'une route et c'est celle-là !" 

Marcher écrire. Il n' y a pas de menace. Seul celui qui a été une mort pour lui-même le sait bien.

 Marcher bâtir. Apporter une pierre. Je la regarde. Je la parcours des mains. Elle a du poids, cette pierre arrachée au néant. Elle devient pierre d'une demeure qui n'est pas une demeure d'emprunt. 

Marcher écrire. sans chercher de bout à atteindre ou de fin des temps. Je ne veux plus avoir peur de la nuit. Je marche en tressaillant. J'ai des lueurs à partager. On ne peut guère me demander autre chose. 

Marcher écrire



lundi 26 novembre 2018


J'écris une lettre
et c'est toujours la même.
Elle n'a ni commencement ni fin.

Elle est écrite avec un corps,
pas avec une plume.
Chaque ligne a demandé
d'attendre sans rien attendre
que d'être un cri.

J'écris une lettre avec
des mots mais
ce ne sont pas des mots.
C'est l'air que j'appelle,
C'est aussi la blessure
et la nuit de tous ceux
que je croise.

J'écris une lettre sans papier,
sans enveloppe, sans adresse.
Elle touchera peut-être
ceux qui ne se rendent pas compte.


dimanche 25 novembre 2018






Je vais laisser couler
l'aube dans mes veines/
Et je n'aurai rien d'autre à faire
que suivre ce mouvement.

Si cela ne chante pas, 
mais où donc irai-je ?
Qui forcerait un pommier
à donner ses pommes ?

Mieux vaut ne rien savoir
ou avoir la connaissance
des rivières qui n'ont pas besoin
qu'on leur indique la mer !

J'agirai comme on suit
le flux de la brise
qui danse autour
des grands arbres

Je vais laisser couler
l'aube dans mes veines




samedi 24 novembre 2018


Il y a de quoi
se perdre dans un ciel.
Il y a de quoi
se laisser.

Ne plus chercher
à comprendre
comme le naufragé
qui s'agrippe à sa planche
et s'épuise peu à peu.

Il y a de quoi s'oublier
dans un ciel.
J'accompagne du regard
trois pigeons qui s'envolent
du toit du supermarché.

Je me demande
si ce ne sont pas plutôt eux 
qui m'accompagnent
dans ce mouvement

Le ciel est un grand poumon
qui m'invite à être l'air
qu'il respire.



vendredi 23 novembre 2018

Où y a-t-il absence ?
Que je parle
qu que je me taise,
c'est un élan.

Rayon de lumière.
Douceur de l'herbe.
Une connivence s'est installée.

Toute vie est habitée
d'apparitions,
de disparitions.

Mais je ne peux enlever
ce qui va plus loin
que des écrits
des paroles.

Il y a des brûlures
inguérissables.
Elles sont elles aussi
des sentinelles.

Ouvrir sa main
à la lumière.
Caresser l'herbe.






jeudi 22 novembre 2018



Je te dis ma soif
Tu me diras la tienne.

La simplicité
de branches
qu'effleurent
à peine le soleil
me donne soif.

J'ai soif.
Je voudrais respirer 
mieux et plus.
Je voudrais écarter
les os de ma poitrine
et laisser échapper
un oiseau cri
pour le dernier rayon
la-haut qui l'attend

J'ai soif
que cela soit plus vrai
plus dense
comme lorsqu'on passe
la main sur une table de chêne.

J'ai soif et cela prend
même la forme d'un poignard
qui couperait les liens
d'un enfant qui n'a pas 
pu être vivant.

Dis-moi ta soif.




mercredi 21 novembre 2018

Je n'ai rien d'autre à offrir.

J'ai mesuré
de haut en bas
de droite à gauche
l'espace clos,
le mensonge.

Elargir la pièce,
l'embellir,
y mettre des miroirs
ne sert à rien

La pièce est close,
et les rideaux fermés.

Mais par un trou
dans le plafond
aussi minuscule
qu'un chas d'aiguille,
j'ai vu une étoile filer.

Un fil, une parole
je passe par là
je reconnais et
penche la tête

je n'oublie pas,
oublie la pièce,
l'étoile est là.





mardi 20 novembre 2018

 
Je ne crois pas ce que je vois.
Je vois ce que je crois..
 
le haineux voit ce qu'il croit.
Des sujets de haine,
il en voit partout.
 
Il sort faire des courses.
Et comme par hasard,
son sujet de haine
de prédilection lui saute aux yeux.
 
Par hasard ?
 
et le rêveur,
l'amoureux ?
 
Canne en bois,
canne en or,
peu importe.
Je ne veux plus
troubler l'eau claire.
 
 
 
 
 
 
 


lundi 19 novembre 2018


Je m'attends.

Je m'attends encore
à je ne sais quoi.

Je m'attends.

Je m'attends 
à me retrouver
assis sur le bord
(le bord de quoi ?)
et à poser sur les épaules
du gars assis là
le châle d'un regard
qu'il attendait.

Je m'attends.

Je m'attends comme
on attend celui qui marche
à petits pas et qui est heureux
de voir qu'on l'attend.

Je m'attends et l'aube
m'offre un rayon rose.
C'est pour la peine
qui devient merci.

Je m'attends même
à n'être plus le même
Mais c'est pas moi
qui le réussira.




dimanche 18 novembre 2018

Est-ce un passage ?
Est-ce un tunnel ?
Qui monte et qui descend ?
Je sais seulement
qu'il ne faut pas
avoir peur de l'hiver.

Souviens-toi
de la première étincelle.
Souviens-toi
de la première flamme
quand le froid te saisira.

Ce n'était pas imaginaire.
L'espace ouvert
ne se refermera pas.

Engouffre-toi
dans ce tunnel
En bas, en haut
on t'appelle.

Quand cela arrive
souviens-toi
de la première étincelle,
de la première flamme.

Et ne t'arrête pas.



samedi 17 novembre 2018


Retenue par un tendeur
la persienne va et vient
sous la bise.

J'imagine une main d'enfant
qui coupe le tendeur
dans un éclat de rire.

Les rideaux sales
ont commencé à sourire
avec le reflet d'or des arbres.

La fenêtre reste ouverte.
Je ne vois plus l'enfant
mais quelqu'un soudain respire.

Qu'importe le froid et la bise.
Ce désir en moi est sans langage.
Et sans rien en dire,

je comprends que je veux vivre.






vendredi 16 novembre 2018

 
 
 
Je respire les couleurs
de l'automne.
Elles me parlent
de moi-même.
Elles sont comme la réalité
de ce que je n'arrive pas
à entrevoir intérieurement.
 
Les blessures déposent
un voile sur la douceur des choses.
Un voile ou une peau.
 
Je deviens dur à cuire.
 
Je ne perçois plus
les espaces où
pourrait se glisser
une lumière délicate,
une forme de compréhension
où je ne nomme plus,
où je ne dévisage plus,
où je ne range plus
en catégories
 
Les couleurs d'automne
me rejoignent.
Chacun cherche à être rejoint,
accompagné
 
les feuilles, l'herbe,
l'écorce, les lichens
sont essentiellement
eux-mêmes
 
Peut-être est-cela
qui apaise ?
 
 
 
 
 
 

jeudi 15 novembre 2018



Dans la cupule d'un gland
il y a la trace d'un ailleurs.

Ailleurs c'était le temps
où tout était simple.

Ailleurs j'avais
simplement besoin
de la douceur d'un bleu,
de la tendresse d'un vert,
de la chaleur d'un jaune,
et de ne pas porter
des pensées fardeaux
qui me font croire
qu'elles sont vraies.

Ailleurs ici maintenant
dans la cupule d'un gland
un monde existe
et c'est le seul
où je suis bien.



mercredi 14 novembre 2018



J'offre quelques papillons d'automne.
Si, si !  Ils volent.
Ils sont si légers
Rien ne les retient.

Certains se réfugient 
dans les pages d'un livre
pour passer l'hiver.

Quand tu ouvriras 
le livre en tremblant,
un matin de neige,
il s'envolera, se posera
sur la vitre noire.

Un peu de couleur
légère et la vitre 
s'ouvrira sur une prairie
sans tourments.

Non, madame,
il n'y a plus de saison
En automne, c'est le printemps
et même l'hiver.

Ne me prête pas ta plume,
prête moi des ailes,
mon ami pierrot.





.

mardi 13 novembre 2018

 
Quelques feuilles mortes
jonchent le  caniveau.
Elles ne résisteront
pas longtemps
au torrent qui dévale
de la colline.
 
Mouvement de l'eau.
Mouvement de vie.
 
J'ai pensé :
comment rejoindre ce mouvement ?
Pourquoi résister ?
 
Allez , emporte moi !
je coule, coule avec toi.
 
Au fond, c'est le grand calme,
pour l'instant.
 
Peut-être maintenant..
 
Pour toujours, on verra.
 
 
 
 
 

lundi 12 novembre 2018


Seul l'arbre mort
baisse les bras.
Bras cassés, bras brisés.

L'hiver n'est rien.
Je tiens les bras levés
les branches au vent
et je ne sais même pas comment.

Et si c'est comme cela
jusqu'à la fin,
tant pis, tant mieux.
je ne baisse pas les bras.
(et quand ils baissent,
une voix inconnue souffle :
"Tiens bon, tiens bon")

Je ne ravale pas ma parole
qui pourrirai,
a besoin de s'envoler.

La raison, la logique
mène au gouffre.

Je ne baisse pas les bras.
Tu ne baisses pas les bras.
On conjugue nos cris.






dimanche 11 novembre 2018



Rien que pour aujourd'hui,
les pensées qui ne pensent plus,
l'amertume du regard
qui ne sert à rien,
tout cela est envolé.

Rien, Fatras dans la tête
inutile à jeter
dans le fossé.

Je marche revêtu
d'une lumière lavée
à l'eau de pluie
d'une nuit entière.

Cette lumière est 
un linge ou essuyer sa face
encore noircie d'angoisse.

Et aussi un bain
où plonger yeux fermés
et laisser la paix
prendre toute sa place.







samedi 10 novembre 2018



Reconnaître,
toujours reconnaître.

Il y a une évidence
à reconnaître
qui est de l'ordre du 
miracle.

Devant un ciel,
Je vis, je vois.
Pulsation du sang.
Conscience d'un souffle.

Pluie ou soleil,
peu importe.
L’état d'âme
n'est pas l'âme.

Et l'âme vit
quand elle parle
et elle chante,
quand elle danse
et sourit.

la mort n'a pas d'âme.