samedi 30 septembre 2023

 

Au dessus de Bratte
sur la mer brune
du champ 
fraîchement
sarclé,

les grandes ombres
des nuages
naviguent doucement
sans risque d'échouer.

Suivre les nuages,
déambuler
sans cesse
le cœur
en paix.






vendredi 29 septembre 2023

 

Friselis

s'endormir
dans le lit
des friselis
où vibre la vie

la vie
ruisselante.




jeudi 28 septembre 2023

 



"Les oiseaux libres ne souffrent pas 
qu'on les regarde.

Demeurons obscurs.

Renonçons à nous,
près d'eux"

René Char




mercredi 27 septembre 2023

 


    -On y est-


Tu n'as plus de forces, tu viens ! Tu ne sais pas, c'est comme si toute la vie était là ! Il y a des mots, souffle, vent, source : une porte est ouverte ! Ecrire que cela, ce non-nommé remporte la victoire ! Il n'y a pas sur ce chemin, un seul visage rencontré sans tendresse ! Tu accueilles en ta maison. Pas d'idées sur ce qu'elle devrait être. Tu viens, c'est ta présence qui compte ! Tu n'imagines rien, tu n'as pas de projets ! Toi, tu es simplement venu dans cette maison. C'est un grand calme. Tu n'as qu'à être là. S'asseoir ainsi, c'est être en cœur à cœur. Déjà s'asseoir, être comblé, le reste viendra ! Tu es dans cette maison, tu regardes ce bureau, ces quelques stylos, tu vois tous ces livres ! Mais ce qui compte est la respiration. C'est comme si tu demandais seulement de respirer. Car tu es un corps. Ta maison est un corps qui vieillit doucement. Ta maison est fragile, ce poids dans le bas-ventre, dans les épaules, et cette envie de respirer. Déjà t'accueillir, et si tu dis un mot, goûter le mot....vérité...vrai par ton regard....! Tu es cette présence que tu attendais. Tu es un châle de respect et de douceur sur tes épaules, et toute l'histoire de ta vie...ta vie même dans ses abîmes devient sacrée !
Reste maintenant ! Comment as-tu ouvert la porte ? Tu étais sans forces, réduit à rien. Ton cri est devenu une main, et la porte s'est ouverte ! Tu es rentré, tu rentres encore. Tu prolonges ton entrée. Tu veux venir ici, habiter cette maison. Juste le temps de bousculer un peu quelques affaires ! Une place seulement, tu demandes une place ! Regarder ensemble par la fenêtre ! Tu viens mais ce n'est pas pour t'enfermer. Ensemble, pour le moment, c'est cela qui compte...être ensemble. Tu prolonges ce moment. Tu es là. Dehors le paysage n'a pas changé. Tu n'as pas changé, pas encore changé, mais ce qui change c'est d'être ensemble, de regarder par la fenêtre, conscients de ce miracle. Le dernier mot, ce n'est pas la mort, la tristesse. Le dernier mot ce n'est pas le visage défiguré. Le dernier mot c'est.....


Par ce silence, tant de vie passe, avec les plus belles promesses, les multitudes de petits miracles, tout ce qui rend la vie habitable ! Tiens, ...habitable ! Tu viens, tu fais un peu de place. Tu regardes ta vie autrement. « Respire ! » tu t'entends prononcer ce mot ! Tu te ne te vois plus vraiment. Tu vois plutôt que tout devient habité de tendresse ! C'est comme enfiler un grand manteau de confiance. Tu ne tournes plus en rond, tu n'es plus un lion en cage. Tu ne cherches plus comment t'en sortir. Tu es là seulement, et ce n'est pas de l'imagination. Toi tu viens, tu viens encore à l'instant même. Tu te disposes à accueillir. Tu te rends disponible. Tu viens avec la vie, toutes les plus belles promesses de la vie. Sans toi, pas une minute, ce ne serait possible, d'être là, seul, dans ce gris, sous cette lampe. Ce serait la même ronde des pensées, le même poids. Mais tu es là, tu viens demeurer dans cette maison. Tu t'es fait une place, une toute petite place. Tu viens te reposer ! Avec cette lumière, tu vois un peu cette demeure. Tu ne prêtes pas attention aux fissures, à ce mur bancal, à cette armoire qui penche ! Prends du temps ! Quand tu te lèveras, quand tu agiras, souviens-toi ! Ensemble, être bien !
 
Ce n'est pas une illusion, tu ne t'illusionne pas ! Tu es venu, sans attendre une quelconque transformation, sans tapis rouge, rien, rien ! Ensemble...après on verra bien. Quand il sera temps, ce ne sera pas le temps, plus jamais le temps de se quitter. Mais avant prendre le temps...se disposer !Se reposer ensemble ! Habiter avec toi-même vraiment, que ce ne soit jamais un fardeau d'être ensemble ! C'est là toute la joie ! C'est comme posséder une perle de grand prix. Quelle lueur dans son écrin ! Tu n'as pas peut-être jeté les autres perles. Cela viendra.. tu ne sais quand, mais la lueur de cette perle ! Les autres perles retournent à la nuit ! Accueillir ! Tu n'iras pas tout de suite courir par les quatre chemins. C'est le temps de l'apprivoisement.


Si on ne goûte pas à cette joie d'être ensemble, que restera-t-il dans la tempête ? Tandis que là, il y a une flamme ! C'est la flamme de la rencontre, c'est la flamme de toutes les promesses de la vie ! Tu goûtes ce moment, rien ne presse. Peut-être n'as-tu jamais goûté ces moments ? A peine reposé, tu voulais reprendre le combat. Alors tu te battais, mais tu n'étais plus là. Enfin non, tu étais là, mais tu faisais comme si tu n'étais plus là, comme deux amis dont l'un n'arrive plus à suivre, un ami à la remorque, un ami derrière qui aimerait un regard, qui aimerait qu'on l'attende !Un grand soleil se lève dans ta maison, un grand soleil de bonté ! Plus de tourments, plus de maison qui sent le renfermé ! Tu ne te préoccupes plus de rien ! S'occuper ensemble de tout le reste...le moment venu ! On y est ! On y va ?




lundi 25 septembre 2023

 



Cascade de la Pissotte
au Haut du Tôt.



Pourquoi
est-elle
si blanche ?

Retient-elle
la lumière
parsemée
de bulles d'air ?

Fraîcheur du lieu,
fraîcheur en soi

La nuit, elle chante
et personne ne la voit. 



dimanche 24 septembre 2023

 





Trouver

un peu de couleur

dans les rues

plus grises

que le ciel.


Se réchauffer

les yeux.


La feuille s'est envolée.

La rose ne passera l'hiver.


Mais dans le cœur

garder un peu de feu

pour toi, et toi, et toi

qui passaient éteints.

samedi 23 septembre 2023

 


Marcher écrire. Un pas, un mot. Un livre pris, aussitôt reposé, je suis où ? Marcher écrire. Se dire à soi-même une parole qui tient la route, qui tient l'âme. Nager dans la houle de la parole, retrouver le fil. Le minotaure ne mangera personne. 

Marcher écrire. Je ne suis pas seul. Des milliers de fenêtres s'allument. Retour d'école, chocolat chaud. Qu'est-ce que j'ai à tenir ? Je ferme les yeux et je vois la rivière. Elle me rassure. Qui tiendrait, retiendrait une rivière ? Elle coule. Elle commence par la tête, s'enroule autour du cœur, puis s'apaise dans le ventre. Je me lève. Je fais un bout de chemin avec elle, compagne rivière, chevelure d'eau qui enlève le nœud de l'angoisse. 

Marcher écrire, si rien ne marche, si l'on ne sait rien de l'avenir. 

Marcher écrire ayant quitté son armure. Je suis un arbre nu qui marche et qui va passer à la râpe de l'hiver. Je ne veux pas qu'on fasse des projets pour moi. Je ne veux pas qu'on me dise : "il n'y a qu'une route et c'est celle-là !" 

Marcher écrire. Il n' y a pas de menace. Seul celui qui a été une mort pour lui-même le sait bien.

 Marcher bâtir. Apporter une pierre. Je la regarde. Je la parcours des mains. Elle a du poids, cette pierre arrachée au néant. Elle devient pierre d'une demeure qui n'est pas une demeure d'emprunt. 

Marcher écrire. sans chercher de bout à atteindre ou de fin des temps. Je ne veux plus avoir peur de la nuit. Je marche en tressaillant. J'ai des lueurs à partager. On ne peut guère me demander autre chose. 

Marcher écrire

texte de 2018


vendredi 22 septembre 2023

 

Loin très loin,
on voyage
aussi bien ici.

Et dehors c'est
comme si c'était
le même paysage,
le même appel.

On n'est pas d'ici
en étant ici
ou loin, très loin.

Le paysage le dit.
On veut l'épouser,
qu'il emmène
loin, très loin,
là où la lumière
enfin guérit.

Loin, très loin
et pourtant si près,
 tomber en moi-même

et ne plus revenir.











mercredi 20 septembre 2023

 




Nuage oiseau
aussi vite disparu
qu'il est apparu,

après une journée
alchimique
à manier le cuivre
l'acide, le vernis
le blanc de Meudon
et la résine de pin.

Journée intense
de total oubli
de soi.

Oiseau libre
dans le ciel.

Liberté
de se perdre
de vue.





mardi 19 septembre 2023

 





Dans la ville de Tonnerre
à l'ombre d'un arbre
voir le soleil
pour ce qu'il est,

consumant.

On se protège
comme on peut
jusqu'au moment
(et il viendra)
où plus rien
ne nous protégera.









lundi 18 septembre 2023

 


Présence de l'aube
et d'un écureuil
entre les branches,

Présence
sans paroles.

Etre 
au monde
mais
autrement,

guéri
de toute maladie
du mépris
de soi.









vendredi 15 septembre 2023

 



A la Métairie-Bruyère
par la fenêtre

Rien d'autre
qu'un cheval
solitaire
dans une prairie,

quelques peupliers
qui touchent le ciel

et l'ombre épaisse
du sous-bois.

Tout est simple,
tout est parfait

Fermer le yeux
avec ce paysage

Mourir à l'instant même.








vendredi 1 septembre 2023

 


Eloignement, comme un départ, tu quittes immobile ce qui n'était pas, du sable, rien ! Tu es à ta fenêtre avec le jour qui ne veut pas se lever, et le chant d'un oiseau qui se répète, qui se répète ! Deux colombes passent, cherchent un gîte. Légère bruine, paysage en pleurs après le trop fort soleil d'hier ! Tu consens à cela. Passera aussi par là le vol fragile d'un oiseau ! Ta maison est calme. Elle vogue dans sa patience à elle. Elle prend avec ses murs et ses parquets tous les moments du temps. Elle se dispose à être maison pour accueillir un être humain et sa poussière. Tu as vécu, tu vivras, et entre les deux, des petits riens forment un chemin, remettre une pince à l'atelier, éplucher les choux de Bruxelles qui jaunissaient ! Tout est tombé. Tu vois clair. Une grande clarté qu'aucun nuage ne peut envahir ! Les quelques arbres que tu aperçois au loin sont devenus des frères. Ils sont juste à leurs places d'arbres. Ils n'ont pas à faire d'efforts pour se couvrir de feuilles et de fleurs. Tu vis ce que tu as à vivre, comme on laisse partir un enfant vers son océan. Toi, tu donnes seulement une caresse à ton jour. Tu regardes ce qu'il t'offre comme on ouvre une caisse oubliée dans un grenier. Tu prends soin de tes moments comme tu prenais soin de ceux qui maintenant n'ont plus besoin de toi. Tu es là, jardinier de ta terre quotidienne. Tu ne refuses pas cette odeur un peu âcre. Tu égrènes ton réel, tu tamises doucement la vie que tu aimes !