vendredi 31 mars 2023



Dans un fauteuil,

ce ciel gris, cet arbre noir,
les yeux ouverts,
rester devant eux.
Il n'y a pas de tristesse.
Un frisson vert parcourt les branches.

Des lignes blanches 
parlent de lumière.
Le paysage changera.
Les mains ouvertes,
accepter d'être là.

Tout devient une rivière.
L'eau emporte les apparences.
La maison n'est plus obscure.
Pourquoi choisir de souffrir ?

Un merle rieur se pose
sur le cerisier où pointe
un peu de blancheur.
Il joue avec le chat noir
qui ne l'attrapera pas.

Rêver de l'enfance
mais ne  plus rêver
d'être encore jeune.
Etre là avec le soir
dans un fauteuil.

La fatigue est un châle.
Offrir des caresses
de mots pour rien,
un baiser de vocabulaire.

Ne pas tricher avec
ce que l'on est.
Cette colline sombre
qui quitte l'hiver
par la fenêtre

ne fait plus peur. 




mercredi 29 mars 2023

 



Reprendre pied
avec des éléments simples.

Cela ne pense pas.

Besoin
qu'il n'y ait plus de pensées.

Des feuilles dans un trou d'arbre,

L'éclatement
de la volve du champignon
comme un big-bang miniature,

le ciel étoilé d'un érable,

des reflets dans l'eau
qui invitent
à poursuivre le rêve,

Besoin 
d'éléments simples
qui se disposent en soi,
un par un.

Ne plus penser.
Etre aussi un élément simple
issu du même terreau.

Etre présent
à ce monde simple,
une présence qui relie,

une présence de main ouverte
de cœur ouvert.







mardi 28 mars 2023


-Chaque seconde-


Tout peut-être rendu à sa clarté.
Les arbres auront bientôt
 des feuilles d'argent.
Les nuages ne portent pas de sang.

Ainsi démuni être une fleur
qui n'a de couleurs 
que par le soleil.
Ouvrir la fenêtre.
Accueillir aussi les souffles
qui soulèvent les graines.

L'amitié commence avec soi-même.
Le merle et le pic-vert
accompagnent ce retour.
Ce sont les sentinelles
de la tendresse du monde
qui échappe à l'homme,
là où nulle haine ne peut naître.

Le nouveau né cherche la chaleur rassurante
de la peau de sa mère.
Poser la joue à même la terre.
C'est elle qui porte l'homme.
Ne pas fuir les caresses de l'herbe.

Poser le regard 
sur les perles parfaites
 du lamier pourpre
qui repoussera les ténèbres
cherchant à  mordre.
Ici, tout pourrait n'être que douceur
si la blessure était une porte.

Une main qui ne trompe pas s'approche.
Se lever avec les abeilles
qui sont des messagères qui s'ignorent.

Chaque seconde peut être
la vérité d'une rencontre.
Les chants se rejoignent.
le feu emporte les dernières cendres





 

lundi 27 mars 2023



Jonquille, tiens-toi bien !
Les cueilleurs arrivent
ivres de ta couleur
qui baignent les yeux
de soleil quand la forêt
semble morte.

Jonquille, mieux vaut
que tu fanes
dans le vase
d'une maison tranquille
a l'abri du grésil.

Et tout recommencera.
Tu fleuriras à nouveau.
et ton jaune vif
soutiendra les cœurs
tout le prochain hiver








 

dimanche 26 mars 2023

 


La vive rivière

presque torrent

dévale, bouillonne.

Dans le courant

l'écume blanche

chante sans jamais

perdre souffle.


Courant en toi

rivière toujours 

nouvelle jusqu'en

ton sang attend

sans impatience

l'heure de l'écluse

ouverte pour

te donner l'élan.







jeudi 23 mars 2023

 

Finalement pour être
vraiment soi-même
il y a comme
une vieille peau
à jeter par dessus bord.

C'est comme 
ce chauffeur routier
hanté par la phrase
assassine que lui répétait
son père :
"Toi, tu n'es même pas
capable d'être bon à rien !"

Même pas capable
d'être le néant !

Chacun a sa valise
de petite phrases,
valise avalanche
où l'on s'engloutit !

Mieux vaut la laisser
 à la consigne du néant
justement.

Et à coups de non,
à coups de canon,
assourdir les voix
antédiluviennes
qui poussent
comme du chiendent.


mercredi 22 mars 2023

 


Tout 'est pas écrasé,
réduit en cendres
ou en bouillie.

Tant de regards
qui ne portent
que leurs pensées
comme un essaim
qui aveugle.

Partout des interstices.

Pourquoi les enfants
aiment tant porter
des lunettes de soleil ?

Parfois cela vibre,
cela se déchire.

On se frotte les yeux.
A-t-on bien vu
ce que l'on a vu ?

Tout un univers attend
que l'on se détourne
de son opacité.

On est l'obstacle.

Etre ici
"l'erreur qui s'apaise"*






*Pierre-Albert Jourdan
 n

mardi 21 mars 2023



Soif et faim d'autre chose.
Mais cette chose
n'est pas objet

Rien à saisir,
gouffre sans fond.

Regarder cette main,
ce corps
traverser
de sang et de souffle

Attendre de ne rien attendre
Immobile
Aube qui demeure
l'aube

Goûter d'être
et d'être
sans cachette
dans la lumière
de l'autre
de tout autre

uni vers lui
frère et sœur
 du même
univers.


 

lundi 20 mars 2023

 


"Je sais bien que c’est Lui, Lui dont le nom secret est : le Séparé-de-Lui-même qui souffre en nous : et que lorsque sera enfin passée la nuit sans fleurs et sans miroirs et sans harpes de cette vie, un chant vengeur, un chant de toutes les aurores de l’enfance se brisera en nous ainsi que le cristal immense du matin au cri des ailés, dans la vallée de rosée. "

Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz 1877 – 1939

 


 

 

 

Quelques primevères
entre les branches,
inaccessibles mais présentes
sont le réel,
l'intégralité du réel.

L'humain, où est-il ?
Il se débat encore.
Il cherche le chemin
de la primevère,
de la pervenche,
de l'anémone
qui n'ont pas besoin
de tourments.

l'humain anémone
est-ce pour demain ?
Peut-être cette reconnaissance
vient-elle ?

L'humain marche
dans cet espace lustral,
il ouvre avec peine les yeux
éléphant perdu
dans de la porcelaine.





 

dimanche 19 mars 2023

 


Le temps s'arrête.
l'arbre est blanc.
Il  neige des fleurs,

ou un nuage 
s'emmêle
aux branches.

Et pourtant
l'arbre ne sait pas
si ce blanc est un signe.
Il ne voit rien.

C'est la gloire de l'arbre.
Son blanc est plus blanc
qu'il n'y paraît.

Il appelle le regard.
"Regarde mon silence blanc,
la paix ne m'a jamais quitté!"


samedi 18 mars 2023

 

Bain des soleil

et d'oubli.

Laisser passage

à ce qui vient

Clarté du repos,

Clarté en soi

donné et qui vient

d'être à terre

Ne se prévaloir

de rien.

N'être qu'impuissance

pour que la vie

prenne sa place,


sa place à elle,

chant secret

qui connait le chemin

mieux que le mensonge

de croire

en sa force.







vendredi 17 mars 2023

 


L'espace entre les oiseaux ne saurait disparaître. Sont-ils vraiment ensemble ? Ils baignent dans la lumière d'un soleil pâle. Ils volent sans se regarder, tout entier dans leur vol !

Tu as donné une pierre à celle dont tu ne sais rien. Rien d'autre qu'un sourire bouleversant où apparaissait en une flamme tout le drame du monde. Tu t'es incliné devant cette majesté, comme on s'incline devant des pieds nus qui ont arpenté des chemins de poussière.

Tu as vu ce cri comme la larme qui pointe à peine.
"Suis-je aimé vraiment ?"

Toute vie est donnée. Chacun revêt son costume, répète son rôle.
"Suis-je important ?"
Le monde glisse aussi comme les nuages. Tout t'échappe des mains. Tu ne rattraperas rien !

Même l'ami qui t'a sauvé la vie prononce ces mots terribles : "A quoi bon ?"

On dirait du sable emporté par un torrent. La belle au bois dormant ne veut plus se réveiller. L'ami ne voit plus son rêve. Il a peur d'un éclat.

"A quoi bon ?" Dans les remous du fleuve, des corps se glissent comme dans des draps.

Tu ne veux plus être englouti. Tu crées ton monde. Tu ne t'enrouleras pas dans des bandelettes. Tu ne rejoindras pas la tombe, la place qu'ils t'ont préparée !

Peut-être y-a-t-il quelqu'un à la fenêtre de l'immeuble d'en face qui croise ton regard sans le savoir, qui trace quelques lignes sur le ciel de papier blanc, en même temps que toi, quelqu'un que tu n'as pas besoin de rencontrer puisqu'il est avec toi dans cet espace. Tu n'as pas besoin de lui tenir la main.
Vous avez le même cœur qui continue de battre.





jeudi 16 mars 2023

 


Celle qu'on n'aperçoit pas,
celle qu'on oublie,
celle qui rêve
qu'elle est duvet au vent,
celle qu'on piétine
et qui renaît chaque matin,
celle qui ne sait pas
qu'elle est belle,
celle minuscule
qui contient l'univers,
celle qu'on ne cueille pas,
celle toute donnée au soleil,
celle qu'on regarde des heures
sans savoir pourquoi,
celle à qui on ne dit rien
parce qu'elle parle toute seule,
celle à qui le silence répond,
celle qui ne peut faner
parce qu'elle fleurit invisible,

celle qui guide
aux eaux apaisées,

celle qui ouvre les yeux
au cœur de la nuit,

celle que l'on protège
de sa fragilité,

celle que l'on chante
et qui chante parce qu'elle est,

la saluer.






mercredi 15 mars 2023




Simple comme bonjour,
vouloir du simple.

Pas du tordu
ou du tortueux
ou du tord-boyaux,
ou de la torture
quand on est
son propre bourreau.

Non du simple,
comme s'il n'y avait plus
de rides, de replis ou de recoins.

Vouloir le regard du matin,
enfant, quand le rayon
de lumière jouait
à réveiller.

Vouloir apporter là,
à l'instant même
le blanc et la rugosité
du drap frais
et l'odeur du pain grillé
et la forêt qui s'éveille
avec les cils des sapins
qui pleurent encore un peu.

Simple, vouloir du simple
avec le nuage qui apprend
à marcher et à ne rien crisper.



 

mardi 14 mars 2023

 

Une giboulée se prépare.

Elle va débouler

cheval d'averse

au galop

et le soleil

juste après

fera tinter

les gouttes de pluie.


Giboulée

à la fin d'un temps

auxquels certains

veulent encore

s'accrocher


alors que déjà

l'arc-en-ciel

apparaît,

celui 

des hommes fraternels

aux sept couleurs

du vivant.








lundi 13 mars 2023

 

Cieux
avant toi,
après toi,

Hors d'atteinte
de l'orage,

Cieux
entre toi
et tes atomes
à l'intérieur
à l'extérieur

Silence
enfonce-toi
Offre le vaste
pour l'étroit

Sois toi,
tais-toi.

Cieux
où vivre
c'est mourir,

où mourir
c'est vivre

où tes mots
sont brume
où ton amour
rosée.

Laisse-toi
aimer.









dimanche 12 mars 2023

 

Ce qui existe
si légères fleurs de prunus
Poids de l'homme

Oh si lourd,
glaise en sol,
effacez-le

pour le radieux nuage
sans demeure
et le vent
qui emporte

quelques pétales
qui viennent
se poser
sur les yeux trop ouverts

pour les cacher,
maintenant.



samedi 11 mars 2023

Quelques fleurs de printemps
écrivent une lettre.

Alphabet des pétales
viens consoler
le cœur qui a vu 
passer une étoile
et est resté muet.

Alphabet de feu
viens composer
le chant qui enlève
toute peine

et laisse une place
à l'étoile
pour qu'elle vienne
s'y réchauffer
même si elle brille
maintenant
à des années lumière.








 

vendredi 10 mars 2023

 


Au crépuscule
succède la nuit,

nuit profonde
où l'on tâtonne.

Comme un filet
elle est arrivée

Ceux qui croyaient voir
sont devenus aveugles.

Et les aveugles
au cœur brisé
qui n'étaient sûrs de rien
ont vu une étoile apparaitre
Ils l'ont suivi avec cris
et gémissements.

Mais l'aube succédera
à la nuit profonde.
Elle accueillera
les humbles
qui ont embrassé la terre
avec tendresse.

Les orgueilleux erreront
parmi les ruines.





mercredi 8 mars 2023

 


Se tourner 
vers le printemps
qui vient.

Tant pis
si on a mal
à la nuque.

Peut-être
n'est-on pas assez
tourné vers les signes
de sa venue ?

Tourné
comme un homme
qui se noie
émerge enfin
de l'abîme des eaux noires.

Tourné comme un enfant
s'enfuit de sa maison,
le manteau ouvert
dans le froid qui pique,

pour respirer.


mardi 7 mars 2023

 


Eloignement, comme un départ, tu quittes immobile ce qui n'était pas, du sable, rien ! Tu es à ta fenêtre avec le jour qui ne veut pas se lever, et le chant d'un oiseau qui se répète, qui se répète ! Deux colombes passent, cherchent un gîte. Légère bruine, paysage en pleurs après le trop fort soleil d'hier ! Tu consens à cela. Passera aussi par là le vol fragile d'un oiseau ! Ta maison est calme. Elle vogue dans sa patience à elle. Elle prend avec ses murs et ses parquets tous les moments du temps. Elle se dispose à être maison pour accueillir un être humain et sa poussière. Tu as vécu, tu vivras, et entre les deux, des petits riens forment un chemin, remettre une pince à l'atelier, éplucher les choux de Bruxelles qui jaunissaient ! Tout est tombé. Tu vois clair. Une grande clarté qu'aucun nuage ne peut envahir ! Les quelques arbres que tu aperçois au loin sont devenus des frères. Ils sont juste à leurs places d'arbres. Ils n'ont pas à faire d'efforts pour se couvrir de feuilles et de fleurs. Tu vis ce que tu as à vivre, comme on laisse partir un enfant vers son océan. Toi, tu donnes seulement une caresse à ton jour. Tu regardes ce qu'il t'offre comme on ouvre une caisse oubliée dans un grenier. Tu prends soin de tes moments comme tu prenais soin de ceux qui maintenant n'ont plus besoin de toi. Tu es là, jardinier de ta terre quotidienne. Tu ne refuses pas cette odeur un peu âcre. Tu égrènes ton réel, tu tamises doucement la vie que tu aimes !




lundi 6 mars 2023

 


 L'enfant regarde la ville,
les voitures qui défilent.
Les piétons masqués,
l'air désabusé.

Il manque un arbre,
un cracheur de feu
un violoniste aveugle.

L'enfant attend
affalé sur la rambarde
qu'une étoile ou un oiseau
dansent devant ses yeux.