mercredi 30 juin 2021




Le réel est-il dur ?
N'est-ce pas
plutôt l'homme
qui est dur
avec le réel ?

On n'échappe pas
au réel
et pourtant
on le fuit.

Le réel
c'est finalement
une histoire d'amour
qui finit parfois mal
car on n'a pas su 
l'aimer vraiment.

C'est comme la rugosité
d'une planche de bois.
On peut l'ignorer
par peur des échardes
ou y déposer un baiser

signer le pacte véritable
d'une vie retrouvée.

 

mardi 29 juin 2021

 




Le voile est ôté.

La pluie nocturne
a laissé son parfum
sous les feuillages.

La conscience est claire,
les pensées délavées
n'ont plus de force.

Inspirer la terre
encore mouillée.

Inspirer une liberté neuve
dans l'humus de sa propre nuit.







Ramana Maharshi
(1879-1950)

Pastel sec




 

lundi 28 juin 2021

 

Au cimetière du Sud
trois femmes pleurent.

Elles ne pleurent pas un mort
mais un vivant..

Toutes les larmes
se rejoignent.
Elles forment une rivière
et puis un océan.

Certains passent à côté.
D'autres y trempent le pied.

Les plus fous
y plongent
entièrement.








dimanche 27 juin 2021

A l'ombre du marronnier géant
de grands enfants écoutent une histoire.

Allongés dans un transat
ils partent en voyage
transatlantique
ou intersidéral

La vie est une histoire.
Certains approchent
 des derniers chapitres.

Peut-être même du dernier.

Parfois la nuit,
on feuillette le livre.

"Le regret est de l'énergie
 jetée au vide"

Etrange histoire.

On aimerait tant serrer
contre son cœur,
avant de partir,
tous ces visages rencontrés,
toutes ces histoires
qu'on a croisé.

Mais c'est une autre histoire.




 

samedi 26 juin 2021



Portrait de Lal Ded dit "Lallâ", poétesse
du Cachemire (1320-1392)

Pastel sec

Ses poèmes sont encore appris par cœur
et récités aujourd'hui
au Cachemire.





 "Moi Lalla, je me suis mise en route
pour le monde chatoyant.
Mais bientôt le lavandier
et le cardeurs sont venus
et m'ont rouée de coups.

Etirée en un fil fin comme de la gaze
par une femme sur son rouet,
je fus sans y rien pouvoir
attachée à un métier,
recevant à nouveau
les coups de navette du tisserand.

Ensuite devenue tissu,
je fus frappée et encore frappée
par le blanchisseur sur la pierre du lavoir.
Alors dans un large mortier en pierre il me jeta,
et de son pied crasseux
me frotta avec de la terre à foulon.

Enfin le tailleur me fendit avec ses ciseaux,
et me coupa avec soin pièce par pièce.

C'est ainsi que moi, Lalla, finalement
j'entrai dans le Haut-Lieu de Dieu.



"Un vieil homme qui chante Lallâ avec le coeur"



 




Tournée vers le Nord
l'aiguille de la boussole
jamais ne dévie.

En chacun
il y a un Nord
plus ou moins
inconnu.

Le temps apporte
des souvenirs
et aussi l'oubli
qui est pire.

Le Nord s'efface
Un grain de sable
qui vient du Sud
bloque l'aiguille.

Et la vie,
comme une pomme
tombée de l'arbre
trop tôt,

pourrit.






vendredi 25 juin 2021

 


On est attendu depuis si longtemps.

On voit simplement.
On voit l'amitié d'une prairie,
l'amitié calme, l'amitié ample.

Elle attend,
mais jamais on ne foulera
ses herbes hautes.

On a des signes de reconnaissance.
C'est immédiat.

La prairie prend avec elle toutes les peurs.
Elle seule sait poser sa chevelure
sur la ride de l'angoisse.

Avec elle, on dort déjà
avant de dormir,

On s'engloutit,

On a l'assurance d'être bercé,
d'être défait du dernier refus,
refus de poussière et de nuit
qui fond avec son chant secret

qui est aussi un chemin.


jeudi 24 juin 2021

 


-Cette douceur-

Sur chaque chose,
sur chaque être
et chaque moment,

cette douceur du matin et du soir,
cette douceur retire la cendre
des défaites du regard.

Cette douceur si proche
de celle de la mère
avec son enfant quand
elle connait la juste présence,

cette douceur qui prend tout l'être,
sans oublier les blessures béantes
qui ont soif,

cette douceur qui appelle
à clouer ce qui doit être cloué
pour que jaillisse
une vraie naissance,

elle vient à pas de nuages,
sans qu'on sache comment,
cette douceur qui transperce
et qui soigne,
comme j'aimerais l'épouser,

cette douceur qu'on ne retient pas






mercredi 23 juin 2021

 



Entre la Meurthe
et la chartreuse de Bosserville,

Respirer le vent
qui vient de loin.

Respirer l'espace
du champ d'orge
dont les vagues disparaissent
sur le rivage du chemin.

Respirer le ciel
qui sans rien me demander
écarte les barreaux
de la prison où 
la pensée moisit.

Respirer l'eau
qui  parle
de la clarté 
où peut se refléter
ce que l'on est vraiment.










mardi 22 juin 2021

 



L'abeille ne sait pas
que la rose qu'elle butine
est une rose étrange.

Son pollen a un pouvoir
que n'ont pas
les autres fleurs.

Une fois goûté
tout devient insipide.

Et retourner
ailleurs qu'au cœur
de cette rose
ne provoque
que dégoût
et emprise 
du vide.

Au cœur de ce vide
créé par de vaines tentatives
de goûter d'autres fleurs,

cette rose toujours apparait
jusqu'au jour
où l'abeille restera
pour toujours
en son cœur.






 

"La bonté"

Pastel sec.

d'après un portrait de Giuseppe Nogari (1699-1763)




lundi 21 juin 2021

 



Que tu fermes les yeux
ou que tu les ouvres
cela n'a pas d'importance.

Tu te tiens déjà
derrière la fenêtre.

Alors tu peux vivre
avec cet espace
toujours présent.

Il n'y a plus de jugement.

C'est une histoire
entre toi et toi.

uniquement.

Ton histoire
que toi seul connais.

Tu n'es plus
prisonnier
de rien

ni de personne.




dimanche 20 juin 2021

 


La lumière a aussi un poids.

Ce matin, elle était légère,
alors qu'il y a peu
elle écrasait, brûlante,
la tendresse des feuillages
qui venaient de sortir
de la pouponnière du printemps.

On voit la lumière sans laquelle
on ne verrait rien.
On baigne en elle.

Pourquoi quitter le bain ?

Et si la lumière n'est plus légère
est-ce parce que les hommes
deviennent trop lourds ?










samedi 19 juin 2021

 



Par le soupirail
un rideau 
flambe
Soupirs, soupirs 
du seul vrai désir !

le soupirail
ne montre pas
que du noir

Et dans le tram, 
encombré
par des gens masqués
des pensées tristes
se bousculent 
entre ces hommes
qui courent après l'argent, 
ou qui ont peur
de le perdre.

Soudain,

un homme passe
avec une chemise
sur laquelle est inscrite :

"Rien ne vaut la vie !"









vendredi 18 juin 2021

 


D'où est venue cette peur, 
ces soucis qui rongent ta vie ?

N'es-tu pas aussi une fleur ?
Tu ouvres les mains.

Ton cœur a plus de pétales
qu'il n'ose croire.
Ta vie a plus de feu
qu'elle n'ose espérer,
plus d'amour qu'elle n'ose donner.

Tu te lèveras,
de l'extérieur iras
vers ton cœur
le plus intérieur.

Une voix te dira :
"Te voilà enfin !"

et ta fleur s'ouvrira enfin,
comme le souci du jardin
qui donne tout.





jeudi 17 juin 2021

 







Une aubépine s'est rapprochée du sol.

Que faisait-elle si bas
qu'elle touchait presque
la poussière du chemin ?

Rose évanescente,
Peut-être voulait-elle
comprendre le caillou ?


On est un peu pareil
composé de terre et de ciel.

Peu à peu l'on s'abaisse
Peu à peu l'on comprend.

Bien malin celui
qui saura dire comment.




 

Un poney en Bourgogne

gouache


Une roulotte.

avec le reste de gouache




mercredi 16 juin 2021

 



Voilà un arbre
qui n'a pas besoin
de bien ni de mal,
sa ramure plantée
dans les nuages,
ses racines
dans la lave.

Un océan de coquelicots
borde son rivage.

Tout est à sa place.

L'homme cherche
encore la sienne.








Si jamais on te demande
Où je suis passé
C’est facile, invente
Dis tout sans rien dire
Ou mens sans mentir

Ne dis pas surtout
Combien j’ai peur
De ces voix dans ma tête
Qui me racontent
Des histoires bizarres
Et très étranges
Je finis par les croire
Et elles me hantent
Du matin au soir
Dis tout sans rien dire
Ou mens sans mentir

Je fais un rêve
Chaque nuit le même
Et dans ce rêve
Tout est plus réel et plus terrestre
Où je me vois tout en contrôle
Aimer la vie, m’aimer aussi

Si jamais
Tu fais un vœu
Sous une étoile filante
Ferme les paupières
Pense à moi ton frère
Vois comme je suis pauvre
Face à toi, l’âme saine et sauve
Si je suis fou comme je le pense
Reste là à mes côtés 

En silence, sans rien dire 

mardi 15 juin 2021

 


Lumière insaisissable.


C'est elle qui commence.

C'est elle qui finit.


Comme le silence.


L'homme est vitrail

et même soupirail.

Ses soupirs cherchent

l'âme.


Sois vide.

Elle passera.


Sois plein.

Elle attendra.




 


"Les pleurs"

Monotype




lundi 14 juin 2021

 


"Dessine-moi un mouton"

dit le Petit Prince.

Dessine-moi la douceur,

dessine moi le temps

d'avant le temps furieux

qui se fuit lui-même.


Dessine-moi la caresse

du crépuscule

sur les boucles de la laine,

dessine-moi

les murmures de l'eau

entre les hautes-herbes.


Dépêche-toi,

l'homme est sa propre mort.





dimanche 13 juin 2021

 

Le poète a dit la vérité





 


Lumière du soir
sur le Mont saint-Vincent.

Paysage irradié.
Taches d'or
dans les prés
vert émeraude.

J'oublie, tu oublies
Nous oublions ensemble.

Avant l'homme, le monde
Avant le monde, l'espace
Avant l'espace, la lumière.

Même là où elle s'éteint
elle ne fait que semblant.




dimanche 6 juin 2021

 



Coccinelle, demoiselle
Bête à Bon Dieu
Coccinelle, demoiselle
Vole jusqu’aux cieux.

Petit point rouge 
Elle bouge.

Petit point blanc
Elle attend.

Petit point noir
Coccinelle, au revoir.





 

"L'étang aux nénuphars"

Monotype.