mercredi 29 septembre 2021

 


S'attarder auprès d'un reflet.

Jeter un caillou dans l'eau !

Peut-être est-ce comme cela
que tout a commencé ? 

Et les galaxies s'éloignent
jusqu'à ce que l'univers
redevienne calme.

Un caillou dans l'eau.
Une naissance.

la vie, les cernes sur l'eau
qui s'éloignent.

Puis tout s'apaise.
Apparaissent des reflets d'or
avant la nuit
ou le ciel et l'eau
s'épousent enfin.




 



Dans la nuit,

d'après une photographie de Rafique Sayed

Pastel blanc


mardi 28 septembre 2021

 


Au cimetière de Préville

le sphinx interroge le soleil.

Apparaît une lumière

qui est plus que solaire.


C'est une percée étrange

qui est apparue seulement

sur la photographie.


Dans la réalité

le soleil était bien là

mais pas les rayons.


L'appareil n'a pas bougé

le sphinx est bien net.


La science peut peut-être

l'expliquer

Mais le mystère

fonde l'être.


Le ciel a répondu au sphinx.

Laisse-toi traverser.





lundi 27 septembre 2021

 


Glisse péniche
sur l'onde tranquille.
Le temps glisse aussi
avec la douceur
du ciel d'automne.

Glisse l'âme
vers son refuge
Glisse le cœur
vers son nid.

La vie est tranquille
quand les pensées
glissent vers le silence,

que le silence glisse
vers l'amour
et que les paroles
sont inutiles.






dimanche 26 septembre 2021

 



-Seul l'oiseau comprendra-

Ce ciel n'est pas un ciel.
Il se déchire.
Ce n'est plus le soleil.
C'est la trace d'un passage.

Cette nuit n'est pas une nuit.
Un arbre veille déjà.
Un couteau de lumière
laisse une cicatrice de feu.
Les ténèbres sont pétrifiées.

Ce morceau de bleu
n'est pas bleu.
Il est intense.
Il est déjà ailleurs.
C'est la traîne du cavalier
qui dévoile la vérité.

Il déchire ce qui est faux,
redonne la grandeur
et la largeur,
la générosité perdue.
C'est le cavalier foudroyant.

Cet or n'est pas de l'or.
Il coule en fusion
dans l'œil de celui qui voit.
Il laisse la poussière
là où elle doit être.

Ce nuage n'est plus un nuage.
C'est le montant d'une porte
que l'on franchit
sans mémoire
et sans attente.

C'est une paupière
qui protège d'un abîme
où il n'y aura plus rien à dire.

Seul l'oiseau comprendra
et pourra y chanter.

poème de 2016








 

Etude de nu II

Fusain




samedi 25 septembre 2021

 



Placides
dans leur champ
les vaches
sont posées là
sans rien attendre
de tout leur poids
dans l'herbe verte.

Elles ne posent pas.
Elles sont posées.

Et lorsque l'on pose
le regard sur elles
avec leur douceur,
avec leur lenteur,
un poids se dépose.

Etre là avec elles,
paisiblement,
de tout son poids
d'être humain




vendredi 24 septembre 2021

 

Etude de nu.

Fusain.






 



Inversion.

Comme si le visible
pouvait s'effacer
au profit d'autre chose.

Mais on ne sait pas quoi.

Comme si ce que l'on voyait
devait revêtir
une importance primordiale,

pour que le vu
ne soit pas du déjà vu.

On meurt d'avoir trop vu
ou de croire voir.

Mais on a encore rien vu.

C'est semblable 
pour la parole.

Où une parole neuve ?




jeudi 23 septembre 2021

 

-Le cadeau du jour-


Sur une porte de garage

une mante religieuse

s'était égarée.


Peut-être voulait-elle

en suivant les lignes du bois

retrouver le droit chemin ?




mercredi 22 septembre 2021

 


Nacre à la lumière,
un monde apparaît.

Ce monde,
quel est-il
si on le tient enfermé ?

Houpier et racines,
ainsi l'arbre
célèbre.

Il n'est pas qu'arbre.
Ses branches ont connexion
avec les étoiles.
Ses racines sont
des mains entrecroisées.

On se connecte
c'est bon d'être dépassé.
On arrête de dire
que l'on gère.

On gère rien du tout.
A peine si l'on digère.

On devient humain
quand l'on crie
au secours.








mardi 21 septembre 2021

 


l'étrave fend 
l'eau grise du canal.

Le bateau laisse
derrière lui
un sillage éphémère.

Chacun avec sa vie
fend les flots.

Du sillage de l'histoire
bientôt tout s'effacera.

L'éphémère tombe en poussière.

Tant que le cœur bat,
mieux vaut le garder

vivant.






 

Intériorité III

Fusain




lundi 20 septembre 2021

 

Dimanche matin,
cent millième aube
qui n'est jamais la même.

Où est-elle si personne
ne la regarde ?

Touchera-t-elle un cœur
de l'incroyable chance
de la voir encore une fois ?

Ou bien,

tout revient-il au même,
tout est égal,

et les yeux se ferment,
et le sommeil gagne

et la mort avale sa proie
pour grossir son armée
de morts vivants.




 


Pour une feuille d'annonces.

Gouache




dimanche 19 septembre 2021

 


Les eaux noires
n'ont pas réussi
à attraper le héron.

Où a-t-il trouvé la force ?

Un jour du temps
il s'est envolé
vers l'autre rive.

Les promeneurs
qui parfois l'apercevaient
ont été surpris.

Le héron n'était plus là

Personne ne s'imaginait
que lui aussi
devait gagner
l'autre rive
que nul n'aperçoit.







samedi 18 septembre 2021

 



Un cygne glisse sur l'eau noire
à l'ombre d'un château
où d'anciens puissants
sont maintenant
tombés de leur trône.

Le ciel peut-il effacer
les murs qui deviennent
lépreux avec le temps ?

Il y a eu tant de mots
de regards qui ne servaient à rien.

La blancheur du cygne
dit plus en seul passage
que tous les livres
en cuir qui se craquèlent
dans la bibliothèque
de la tour froide du nord.

Un vieux monde demeure.
Mais la vie s'y épuise.

Marcher à l'envers vers le cœur.






vendredi 17 septembre 2021

 

Dans la pelouse verte tendre
elles avancent droit devant,
descendent la pente.

On entend leurs rires étincelants.

La pente est douce
l'herbe tendre
et la vie ouverte.

Verte espérance.

Elles habitent leur élan.
Elles habitent leurs rires.

La vie leur est sourire.

Les arbres chantent à leur passage.
Les branches se déplient.

Et sur le banc on goûte
cet unique instant,
ce privilège d'être vivant.










jeudi 16 septembre 2021

 



On reprends pied
avec des éléments simples.

Cela ne pense pas.

On a besoin
qu'il n'y ait plus de pensées.

Des feuilles dans un trou d'arbre,
L'éclatement
de la volve du champignon
comme un big-bang miniature,

On a besoin 
d'éléments simples
qui se disposent 
un par un.

On ne pense plus.
On est aussi un élément simple
issu du même terreau.

On ne s'est pas créé.

On peut être présent
à ce monde simple,
une présence qui relie,

une présence de main ouverte
de cœur ouvert.






 



Grand-mère Mathilde

ou mémé Gem

Fusain sur papier sanguine






mercredi 15 septembre 2021

 


Chacun a sa vallée,
un endroit préservé
où l'on peut avancer
un pas après l'autre.

Cela vacille un peu.
On a un peu du mal
à croire que cela va durer.
Mais on sait sans savoir
que c'est là qu'on peut avancer.

Les menaces roulent encore
dans le lointain
Mais c'est comme un orage
qui s'éloigne.

On peut enfin murmurer :
"c'est ce que je suis,
c'est ce que j'ai
toujours été"

Chacun a sa beauté
à épouser,
sa solitude à aimer.

14 septembre 2019




mardi 14 septembre 2021

 


"Intériorité II"

d''après un portrait de Memling

Crayon blanc, pastel sec




Ne pas perdre de vue
la petite sœur
Espérance.

C'est celle qu'on oublie.
Elle si fragile.

Elle est à l'intérieur.
Pas ailleurs

Dehors est le fracas.

Dedans
la petite sœur
attend
un regard.

Espérance.






lundi 13 septembre 2021

 

De retour

C'est comme une maison.
La porte s'ouvre,
la soupe fume
dans l'assiette.

Il n'y a pas de question.
Rien ne sera vu.
C'est un aveugle qui sert.
Par la fenêtre
les montagnes rougeoient.

Des oiseaux peut-être
enlèvent le manteau
et sa nuit qui étrangle.
On reste près du feu.

Les flammes vives
racontent une histoire.
On reconnaît la sienne.

On voit les fils d'or
les déchirures
sans crainte aucune.

Puis l'on s'endort
dans un lit de parfum
comme un bébé
après le sein !


poème de 2015






Lac de Longemer (Vosges)


 

"Intériorité"

d'après un tableau de Gérard David

Crayon blanc, pastel sec






dimanche 12 septembre 2021

 

"C'est un homme" de Guillevic






Forêt sur les pentes du Hohneck
où l'homme ne passera jamais.


samedi 11 septembre 2021

 



C'est dans le vaste
que tu retrouves
ce vaste en toi

Pourquoi te dévaster ?

Tu te ramènes à toi,
sous un petit toit
où tu étouffes.

Ici, il n'y a pas 
de  petit toi
tout étriqué.

Il y a le ciel
qui te respire

la prairie
qui t'élargit.

N'écoute pas
cette voix en toi
qui te dévaste
pour serrer à nouveau
les liens de la honte
et de la peur.




vendredi 10 septembre 2021

 



Une libellule sur le trottoir
a de la peine.

Malgré ses ailes
qui frétillent
elle ne s'élève
dans les airs

et retombe
comme aimantée
par ce désert de pierre.

Que lui manque-t-il
pour qu'elle soit plus légère ?

Un courant d'air,

simplement
un courant d'air
que nul au monde
ne sait faire.

Viens vite souffler
sur les libellules
qui retombent à terre,

Souffle né
d'une source
et d'un mystère.







jeudi 9 septembre 2021


-La fleur blanche-

Cette petite fille
n'a de regard
que pour sa fleur.
Gardienne d'une trésor éphémère,
elle va porteuse d'une flamme blanche
dans les rues de la ville agitée.
Son seul désir est que
sa fleur vive et respire.


Dans ce tohu-bohu
des jours et des nuits,
tu aimerais être
comme cette enfant,
porter une fleur invisible,
veiller sur elle
comme on veille
au chevet d'une amie
que l'on aime
et chuchoter à son oreille :

"Je ne veux pas que tu meures,
je désire que tout s'apaise,
qu'il n'y ait plus de pensées folles,
de cris , d'angoisse.
Je t'apporte une simple verre d'au
qui te ramène au cœur du réel.
Goûte-le comme on savoure
le vin de sa treille !"


Peut-être n'est-on ici
que pour cette fleur
et la paix qui en émane?
Rien n'est calme,
rien n'est bon
comme de vivre
auprès d'elle.
Cela tu le pressens
auprès de cette enfant
qui attend le bus
tout comme toi.




 "La petite porte"

Parc de Madame de Graffigny

Pastel sec






mardi 7 septembre 2021

 


C'est une histoire toute simple,
celle d'un jeune homme
fasciné par la joie
et l'énergie d'un vieillard.

Un jour, il lui demande
son secret.

Alors le vieux lui répond :
Tu sais autour de moi, 
personne ne m'a jamais encouragé, 
soutenu, approuvé.

Alors tous les matins,
quand je me levais,
je me frappais moi-même
sur l'épaule et je me disais :
"Tu sais, tu es un bon gars, toi !"





Une "bonne mère" et son "bon gars"
La Vierge et l'enfant Jésus, XVe siècle

Musée des Beaux Arts d'Epinal