mercredi 30 septembre 2020

 


Avant la nuit
je demande
à la rivière
de serpenter
en moi-même.

Ses méandres
s'entremêlent 
avec les miens
et il ne reste rien.

La rivière
et sa neige de cygnes
est venue avec la nuit
Son eau est une caresse
où je sombre
sans m'abîmer.

Où suis-je ?
La nuit est venue.
Je ne me trouve plus.

J'ai besoin que tout se taise
et d'être la rivière avec ses ailes
et ses berges où la vie se réfugie.



mardi 29 septembre 2020

 




Ding, dong,
Ding, dong.

La sonnette est morte
la porte est fermée
à double tour
et personne ne vient.

Tes efforts ne servent à rien.
Tu auras beau crier
et crier encore,
la porte restera close.

Assied-toi
à son pas
et reconnais
que tu n'y peux rien.

La porte s'ouvrira
quand elle s'ouvrira.

C'est le vent qui l'ouvre
et le vent ne t'appartient pas.

Il ouvrira
viendra près de toi
et t'emportera
parce que tu ne peux plus rien.





lundi 28 septembre 2020

 




Le reflet du pylône
dans la rivière
n'est plus
qu'un signe élégant.

L'eau coule
et ne change pas.
Elle n'emporte pas
les reflets

La vie aussi
coule sans arrêt
Et pourtant
je n'y suis pas.

Je suis plus,
tellement plus
qu'être pris
dans une histoire.

Cette histoire va finir.
C'est tout ce que je sais

Je suis plus,
tellement plus.



dimanche 27 septembre 2020

 

Deux échoués
sur un banc
n'ont plus besoin de parler.

Ils s'ouvrent simplement.
Ils communient à l'ouvert.
Le cœur est un.

L'âge n'est rien.
Ils viennent d'un pays
qu'ils n'ont pas quitté.

Ils se déplacent
à l'intérieur d'eux-mêmes
sur le même chemin.

C'est un même frémissement
qui les traverse
comme un champ d'avoine
sous le vent.

Ils font ensemble le vœu
que toute souffrance disparaisse
et laisse la leur disparaitre
come l'on serre dans ses bras
un enfant.




Aquarelle peinte en extérieur




samedi 26 septembre 2020

 


Qui s'y  frotte s'y pique.

Les chardons sont secs
mais piquent toujours.

Je pique aussi parfois
sans voir que 
quand je te pique
je me pique aussi.

Un escargot jamais
ne se promène
sur un chardon.

Il doit bien y avoir
quelque part
une fleur douce
comme une aile
de papillon,

si douce que le chardon
y perd ses piquants.










vendredi 25 septembre 2020

 

Une poule sur le sol
picorait des pommes
et des prunes.

Je picore la vie
instant après instant.

Qui peut savoir
ce que sera
l'instant suivant.

Un coup de bec
dans la pomme.
La poule savoure.

Un moment de paix
à écouter le poète Kabir
chanté par Kumar Gandharva.
Je savoure
sans chercher à savoir
de quoi demain sera fait.









jeudi 24 septembre 2020

 

Les yeux du coeur



 


Le bourdon vieillit.
Il a mis ses lunettes.

Est-ce qu'on voit mieux
quand on est vieux ?

On change de vue
et même de point de vue.

On change aussi
de lunettes.

Jeune ou vieux,
on peut être heureux
même bigleux.

Je vieillis,
tu vieillis.
C'est seulement
de l'apparence.

Mais dis-toi bien
qu'on peut garder
l'esprit qu'on avait
quand pour la première fois
on a ouvert les yeux.

Et cet esprit
à la source
c'est l'éternelle
jeunesse.












mercredi 23 septembre 2020

 Si je suis fou...









 

J'ai recours
à la forêt.

Sur les chemins
perdus
on ne se perd jamais

Je la respire
comme un noyé
encore vivant
qu'on sort de l'eau.

J'ai recours
à son âme,
à ses ombres furtives
qui vont
de silence en silence.

Je lui offre ma peine
de ce qui jamais
ne sera comblé

et je reçois le miel
de la lumière
des futaies.

J'ai recours
à la forêt.

Un jour je t'y emmènerai
et tu verras
que l'on peut
y naître et y disparaître
en un seul instant.









mardi 22 septembre 2020

 

"D'autres mondes"

monotype









 

La première feuille
d'automne
ne ressemble
à nulle autre.

C'est un monde.
J'y voyage
anonyme,
effacé.

Un peu d'eau
s'y est déposée,
une eau qui ne vient pas
de la terre, ni du ciel.

Une eau
sans origine,

une eau qui
permet de voir
les yeux fermés.









lundi 21 septembre 2020

 

Colchiques dans les près,
c'est la fin de l'été.
Cela a-t-il été ?


Je marcherai
dans les feuilles mortes
respirerai leur parfum
qui recrée le lien
avec une enfance en forêt.

La monotonie 
est à l'extérieur,
Le paradis
à l'intérieur.

Colchiques dans les prés,
je sors du brouillard.

L'automne aura
une autre clarté,
douceur d'un baiser.





dimanche 20 septembre 2020

 

J'ai le cœur à l'envers.
Et là où il devrait battre
il n'y a plus rien.

Un autre cœur est là
qui ne bat pas.
C'est lui la Réalité.

Et si tu ne comprends pas
ce n'est pas grave.
C'est pareil pour moi.

Je te souhaite d'être l'oiseau
que tu rêvais d'être, enfant.
Ne le quitte jamais.

Ainsi sommes-nous faits.
Ne reste de nous
que le rêve accompli

et que personne
ne voit.







samedi 19 septembre 2020

 "le pansetrop"

étude encre de chine


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"Passage"

monotype








                                                                                

                                                              

 




Au loin, une biche
est apparue.

Je sentais son regard.
Je n'osais bouger.

Elle est partie
tranquillement.

J'ai pensé
à la solitude paisible
où elle vit.

Vivre
à pas de biche
en ce monde.




vendredi 18 septembre 2020







Sur ce fil
tout est tranquille
même si
tout est fragile.

Simplement
n'agite pas
l'eau de l'étang.

N'y jette pas de pierres.

Ne te fais pas mal.

Tu reconnaîtras de loin
les grimaces.

Plus rien ne t'abîmera
parce qu'un jour
tu es remonté de l'abîme
avec une lueur
que personne
ne pourra te dérober,

car c'est la tienne.










 

jeudi 17 septembre 2020

 



Un ange se cache
pour pleurer.

Invisible,
il se cache.

Toute cette souffrance
qui aurait pu
être évitée.

Tôt ou tard
les hommes
pleurent.

Toute cette misère
qui aurait pu
ne pas être.






                                                                                     


mercredi 16 septembre 2020


Le temps s'est arrêté.
Les lettres sont peintes à la main.
Les volets sont en bois,
et le coiffeur envolé.

Peut-être à l'intérieur
y-a-t-il une lampe à l'huile ?
On se coupe les cheveux en quatre
pour la 5 G

Bientôt on ne cherchera plus le progrès,
mais une vie simple
une vie bonne
où tout est apaisé.










"Près des cascades de Gerhard"

Aquarelle en plein air






mardi 15 septembre 2020



Les mots peuvent-ils
conduire au silence ?

Je pense des mots
pour qu'ils
se taisent.

Le pommier solitaire
dans son champ.

Trois nuages
dans l'étang.

Ma vie goutte d'eau
de l'océan.

Et puis plus rien.

Le silence de l'herbe
Le silence du vent

Et le martin pécheur
éclair vert
qui file d'une rive
à l'autre.








lundi 14 septembre 2020


Chaque matin
c'est le matin du monde.

Et quand il n'y aura
plus de monde
ce sera toujours
le matin.

Chaque matin
cela ne recommence pas.

Cela commence
comme si c'était
le premier matin.

Et quand il n'y aura
plus de monde
cela continuera
à commencer.

Commence toi aussi
comme si c'était
ton premier matin,

comme si c'était
la première fois
que tu vivais.





samedi 12 septembre 2020





L'arbre s'est penché
pour déposer
une de ses feuilles
dans le courant
de la rivière.

Celle-ci l'emmènera
jusqu'à la mer.

Ce sera un signe.

Qui maintenant
la trouvera ?





vendredi 11 septembre 2020



Tu peux marcher sur l'eau
qui engloutissait doucement
ta vérité.

Tu peux voler bien plus haut
que ton rêve de t'envoler.

Tu auras maintenant
la délicatesse
de l'oiseau
qui revêt chaque matin
la fraîcheur de l'aube.

Et tu ne blesseras plus personne
ton cœur ayant rejoint
la terre sacrée 
où il est né.





















Un bouton trouvé dans une vieille boite à boutons.

"Il n'y a qu'une étoile à suivre"



jeudi 10 septembre 2020



La Moselle se prélasse
et je ne sais plus
où est l'eau
et la terre.

Dans ce fouillis
inextricable
des arbres meurent.

Le vent apporte
des odeurs de vase
et un hérons surpris
s'envole si lentement
à mes côtés
que l'on croirait 
un rêve.

Si près de la ville
et si loin de la peur,
je marche seul.






mercredi 9 septembre 2020




Par un chemin
que personne ne foule,
quand le soir
sort des buissons,
je partirai.

Je m'enfoncerai
dans le silence
des oiseaux.

Je m'effacerai
parmi les herbes
prisonnières de la brume.

Mon cœur sera devenu
un paysage 
où commence à briller
la première étoile

et je serai en paix
après avoir posé
ma joue sur l'écorce
de l'arbre qui a murmuré
mon nom véritable.