mercredi 16 octobre 2019


-Notes de Ronchamp

-1-

Je laisse glisser la fatigue. Le silence vient, descend sur les épaules. Passage d'un chat blanc, ocre et noir...
Dans le lointain, les cloches sonnent l'angélus. Les oreilles chantent aussi. Les arbres se revêtent de la nuit qui tombe et oublient le soleil mourant. Je suis là sous une lampe, sur une colline où le silence s'épaissit, à chercher des mots sous le sable de la fatigue.. Je suis là, attentif à rien, attentif à être. Je ne suis plus sûr que je pense encore. Les pensées n'enroulent plus leur cordage autour de mon crâne. Cela se desserre en moi. Je m'éloigne de ce qui est vain. Je n'erre plus dans l'imaginaire de ce qui viendra. La nuit est montée comme un flot d'encre. Les dernières lueurs disparaissent. Le silence est maintenant devenu un manteau qui chante doucement. Je le revêts prêt à m'endormir avec.

-2-

A travers la vitre du jardin d'hiver, les arbres se balancent sous la pluie. Les nuages descendent tout doucement. La brume gomme les contours de la colline. La forêt émerge d'un rêve blanc. Il n'y a rien d'immobile. Même si je ne bouge pas, ma poitrine bouge, mes paupières se ferment et s'ouvrent sans cesse. Seul le silence ne varie pas. On reconnaît sa densité, son bruissement comme lorsqu'on s'arrête près d'un torrent et que le bruit de l'eau efface toute pensée. Le bruissement du silence est plus ténu, mais lorsqu'on prête attention, que reste-t-il d'autre ? C'est comme une note de musique en continu. J'hésite entre un la et un si. Mais là, en ce silence, une liberté naît, malgré la pluie, malgré le gris. Je pourrai rester là, avec lui, longtemps. Peut-être serait-ce bien de l'emmener avec moi en partant ?













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