Tu es devenu fenêtre
Toujours sur la corde raide, tu vacilles, de vide en vide. Il n'y a même
plus
une ombre.
Le cri de la buse marque l'éloignement ! Le
long de la route
sinueuse, les bosquets d'arbre semblent venir d'un
autre âge.
Et la feuille de l'arbre reste sensible à
l'extrême. Elle exprime ton
propre tremblement, tes propres vacillements. Qu'y-a-t-il donc là en
cette fragilité ? Tout est déposé. la fuite d'un moineau est un signe
d'évanescence.
Tu
guettes des ailes possibles dans le regard, ne croises que des corps
dans la peine, des pieds qui martèlent. Qui te sortira de cette
fondrière ?
Reflet dans la flaque : majesté d'un monde que
seul le têtard trouble !
Reflet, ta vie,...et tout s'efface ! Tu as épousé ton péril comme
d'autres choisissent l'armure, et tu ne
trouves qu'une brûlure !
Rien ne t'a été laissé !
Tous
autant que nous sommes, nous dérangeons le sommeil de la
biche dans un fourré oublié. Craquement de branches ! Avant de
s'enfuir, d'un long regard noir, elle toise l'intrus qui a profané son
silence
!
Qu'est-ce donc qui te prend tout et te laisse dans un cri
qui ne dira
rien à personne ?
Tu es devenu une fenêtre
qu'une main ouvre négligemment, parfois
, pour que les nuages prolongent leurs caresses. Rien ne s'y passe que
l'éternel passage
de ce qui vit !
Qui te consolera, sinon toi-même, libre de
tout lien, consolateur
comme une mésange sait le faire sur l'herbe qui ploie, pont fragile au
dessus de l'obscurité de la rivière
?
Il est trop tard maintenant ! La fenêtre est entrée dans
ton âme !
Les volets battent avec l'orage. La grande Aigrette
regagne son gîte
sous les éclairs.
Rien ne t'a été laissé
!
Tu ne peux qu'être là, à ta place de solitude, pour que tout s'apaise
et qu'un enfant s'endorme dans son nid d'étoiles, certain qu'on l'aime,
même si les lèvres ou la main sur son front ne reviennent pas !
Texte photos magnifiques !
RépondreSupprimerMerci François, belle journée 🙏