Au guet
Le jour à peine
et les rêves
qui sӎveillent,
il n'a rien
entre les mains.
Les arbres
s'éteignent
avant le brasier
de l'automne.
L'immeuble d'en face
contient mille
dormeurs.
Il est seul
à voir ses fenêtres
comme les hublots
d'un
paquebot-fantôme
dans la brume !
Au parc
Un coq noir
dans un sapin
pousse un cri.
Des canards
endormis
lèvent la tête.
Cris d'enfants
dans le parc,
intensément,
cris vivants !
Quelques vieux
sur un banc
annoncent
l'automne
au passant.
La rivière
emmène
des plumes légères
la lumière
s'apaise.
Les pensées ?
Nuages
dans l'étang !
Coïncidence
C'est ici qu'il
ne quittera plus
ce qu'il a rejoint.
Tout correspond
point par point.
Il est ce qu'il est,
dans le jour nu,
au dédale de la
nuit,
à l'aube qui
respire !
C'est ici qu'il
a rencontré
son seul secret,
qu'il n'y a plus
que vivre où
toute pierre se
brise !
Le temps abandonné
C'est l'autre temps
qui vient,
sable d'étoiles,
or qu'on ne saisit
pas.
Le cœur est
sur les lèvres,
et la douceur
donne au regard
des fontaines de
lumière.
Ici, l'on peut naître.
L'enfant a
l'assurance
de porter son rêve.
Les arbres ont un
chemin,
les nuages des
crinières
qui s'évadent des
miroirs.
C'est l'autre temps
abandonné du temps,
qui toujours aurait
dû être,
et vient chaque
matin,
vagabond sur le
seuil
des maisons
endormies !
Douce tornade
Il n'y a en ce
présent
que la pauvreté
et son ferment.
Tout est ouvert.
Par les portes
passe et repasse un
parfum,
des chants
lointains,
oiseaux qui n'ont
plus besoin
de l'abri d'un
rocher.
Les rideaux de
velours
gisent dans la
poussière.
Par la fenêtre
vient un paysage,
avec les nuages
en cavalcade.
Tout est arraché
et la maison
respire.
Les veines de
l'univers
parcourent ses murs
où s'échangent des
sourires !
En retrait
Lorsque tout
s'échappe,
quelqu'un qui part
et ne se retourne
pas,
quelques feuilles
sèches
sur le trottoir,
un dahlia soleil
bien trop lourd
qui penche vers la
terre,
lorsque tout
s'évapore,
en un instant,
une vie pétale de
rose
entre les herbes,
grappe de raisin
avant l'hiver,
lorsque se taire
contient tout
ce que l'on a à
dire,
et que seul un
éclair
pourrait montrer
la croix où se
tient l'être,
alors soudain le
ciel s'avance
et demande une danse
à celle qui s'est
tue !
Manque
Murmures qui se
tiennent là,
mots qui ne se
formulent pas
Seuls, avec le soir,
les nuages gardent
un peu
trace de la lumière.
Sous la lampe
un espace s'est
ouvert.
Il n'y a plus
d'attente.
Le vide s'offre
comme une page
blanche.
S'y dépose la
vérité
avec la patience
d'un enfant
au bord du sommeil,
rosée ou étoile
filante
ne demeurent jamais
!
Accepter l'inachevé
d'un poème,
se taire, ne plus
avoir peur du noir,
est-cela grandir ?
La lune sait
Une ligne d'arbres
à l'horizon,
commence la prière
!
“Ce
n'est pas assez !”
chantent leurs
branches.
Des parents affolés
par le ciel qui va
plus haut que leur
cheminée,
courent mettent
à l'abri leurs
enfants.
Mais une petite main
écarte le rideau
pour sourire à la
lune
qui, certains soirs,
chuchote son secret
:
“Toi
aussi, tu es immense,
n'écoute pas les
morts
qui prétendent
savoir
qui tu es !”
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