Libre
Il n'y a pas
d'attente.
Un grand silence
bat à l'oreille.
Parmi les mots
en trop,
il y a l'espace,
le corps
en vie farouche,
une danse
sans verbe
et l'oubli
pour une page vierge
!
Rien d'autre
Ecouter le chant
de l'eau du torrent,
voir cet écoulement
où se mêlent
l'ombre des arbres
et la lumière,
il n'a rien d'autre
à faire,
touchant avec la
main
les aiguilles de
mélèze
qui recouvrent le
sol.
Ne reste plus que
l'eau et le chant
qui ont pris
le place du temps !
Ne le réveillez pas
!
Le maître de
cérémonie
Danse l'hermine,
se cache, réapparaît,
dresse la tête
aux aguets,
éclair blanc et
brun
difficile à saisir
!
Le cri du choucas
est plus facile
à comprendre.
Près du ravin
où l'homme
n'est jamais monté,
il fait résonner le
ciel,
appelle les étoiles
!
Seulement
Seulement
l'océan
et sous les vagues
le nageur
est emporté
par le courant,
Seulement
le ciel
et près des étoiles
l'oiseau
se laisse saisir
par le vent,
Seulement
la terre,
et au pied de
l'arbre
un enfant
accepte le chant
en son cœur !
L'imperméable
Noyade,
on ne s'accroche pas
à l'eau,
perte du souffle
pour un autre
souffle !
Hors de l'eau,
soubresauts du
poisson.
Il préfère couler
plutôt que de nager
entre deux eaux.
Il coule vers
un courant inconnu
qui va vers
l'inconnu.
A la surface,
flotte encore
l'imperméable !
Un bout de rien
Un monde apparaît
sur un morceau
d'écorce de sapin,
taches, lichens,
lignes, traces,
morceau qui se casse
avec deux doigts,
cellules de l'écorce
qui se rassemblent,
forment cette peau
rêche, étrange,
et un étrange
humain
après l'écorce
regarde sa main,
et les cellules
de sa peau
avec deux yeux
qui n'en forment
qu'un !
Avant de fermer les
yeux
Dire que par la
fenêtre
ce petit nuage
paresseux
va disparaître !
Il restera le sommet
des arbres
encore dans la
lumière,
et le bleu laiteux
à jamais muet !
Dire que la nuit
viendra !
C'est aussi sûr que
la mort,
un peu moins,
peut-être,
et des milliers de
corps
dans des lits
étroits
ou trop larges
respireront plus
lentement
vague après après
vague
sur le rivage du
sommeil.
Certains
embrasseront
les paupières d'un
enfant
et retourneront à
la fenêtre
regarder le silence
qui prend corps
avec les lumières
des immeubles qui
s'éteignent !
Bétail, vraiment ?
Premiers rayons de
soleil
dans la prairie où
un cheval à robe
claire
émerge d'un voile
de brume éphémère
!
Un promeneur
caresse ses naseaux,
croise son regard
empli de ciel
et de sapins noirs.
Au loin les
sonnailles
sont agitées par
des cous puissants
qui se penchent
vers l'herbe aux
diamants,
des poitrails
innocents
chantant la jeunesse
d'un monde qui
s'offre
sans l'ombre d'un
repli !
Renversement
Soleil de la nuit,
étoiles du jour
viennent écrire
l'envers du monde.
La mort chérit
tous les dehors,
mais à l'intérieur
étrangle l'enfant .
Crime du regard
des honnêtes gens !
Douceur blessée
du voleur au pilori
!
Un monde à
l'endroit,
Clarté du vagabond
dans ses haillons
le révèle à
jamais !
Sans fils
Au dessus de chaque
tête
tournoie un chant.
On dirait un
tourbillon
de notes en flamme.
Mais chaque tête
est tirée à hue et
à dia!
Un fil agrippe le
nez,
un autre les
oreilles,
une corde les
cheveux,
une pince le menton
et deux ventouses,
les yeux exorbités.
Le chant appelle ses
enfants.
Le ciseau d'un trou
noir
coupera tous ses
fils,
et chacun chantera
enfin au large !
Le trou d'aiguille
Au plus simple,
par un trou
d'aiguille,
le ciel, l'eau
et le sommet de la
montagne
viennent sourire.
Par le maillage
des paroles et des
pages,
la nuit perd ses
étoiles,
les manteaux sont
des fardeaux
pour l'étincelle.
L'univers est la
vraie potrine
pour les deux ailes
des poumons.
“Pas
moins que tout “
dit le vieil homme
à la fenêtre de sa
maison perdue !
Pleine mer
La colline est
tranquille,
les arbres sont des
mâts,
les voiles des
feuillages,
et le vent gonfle ce
vert.
L'écume du soleil
apparait
sur les vagues des
branchages.
Il est midi, la
ville s'est tue.
Cela ondoie, cela
respire !
Le voyage est
paisible.
Les arbres sur la
colline
viennent le dire en
secret
jusqu'à la fin de
l'été !
A la fin
Par sa bouche
passe un fil.
Il veut dire
ce qu'il veut dire,
Oh ! Le dire encore
sans jamais le dire.
Il sent bien
que cela le dévore.
Or ou charbon,
son fil
de mots fragiles
apparaît.
Ne tirez pas trop
fort !
Il est possible
qu'un jour un oiseau
apparaisse au bout
du fil,
et s'envole !
Soudaine perfection
A l'arrêt de bus,
un pigeon blanc
avec un poitrail
moucheté cherche
quelques miettes.
Il est parfait.
Pas de plume
terne ou abîmée,
aussi parfait
que le cumulo-nimbus
qui vogue en cet
instant
dans son océan,
et le voyageur
qui attend dit
en son for intérieur
:
“Tout
est bien !”
Reine d'un matin
Au bord d'un mur,
la feuille sèche
d'un platane
tombée là,
a gardé les perles
d'eau de la nuit.
Ce sont des perles
rondes
les unes à côté
des autres
en rang parfait.
Le soleil viendra ou
le vent,
et elles
disparaîtront.
La feuille, reine
d'un matin,
avec son diadème,
s'envolera
et on oubliera !
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