jeudi 31 juillet 2025

 


Trouver un passage
une issue
et accepter
l'impasse
et les murs.

Simplement
se décider.
Quoi qu'il arrive
le cœur, le vrai
restera accroché

au plus haut
au plus bas.

Cela n'a pas d'importance.

C'est ailleurs 
que ce réduit moisi
cette prison sans barreaux
où tout s'est recourbé

Trouver un passage,
se laisser trouver,
se laisser aimer,
se laisser border
dans le grand lit
de son ciel intérieur
et recevoir le baiser
de son être vrai.











mercredi 30 juillet 2025


Sur la petite route qui part de Saint-Romain aux Bois en direction de la forêt de Morimond.

Tout s'élargit soudainement.

Deux buses crient et jouent à se poursuivre toujours plus haut.

Partout de la chicorée sauvage sur les bas- côtés.

Champs d'un vert irlandais.

Massifs boisés surveillés par des sapins sentinelles.

Aucune présence humaine à part le paysage modelé. avec respect par des générations de paysans.

De nombreuses haies entretenues où nichent bergeronnettes et mésanges qui virevoltent de buissons en buissons.

Simple paradis où le mental s'apaise et remercie surtout quand une biche puis une autre bondissent avec grâce dans les fourrés.









mardi 29 juillet 2025

 En marche vers l'ermitage Saint Laurent

près de Marey

Le long du ruisseau de Jumivelle.

Les arbres ruissellent d'aise

sous le vent.

Des pins cembro

à la courbure élégante 

viennent caresser le ciel

comme des artistes chinois.


Traversée d'un petit pont,

ruine d'une maison,

petit autel adossé à la falaise

et grotte très sombre

avec un banc directement

taillé dans la pierre

où l'ermite devait se retirer

pour disparaitre dans le silence.

Mieux compris

sur le chemin du retour

pourquoi Bernard de Clairvaux écrivait :

"On apprend beaucoup plus

au milieu des bois

que dans les livres"








lundi 28 juillet 2025


Dans la petite chapelle

d'Aureil-Maison

se trouve une vierge romane,

une des plus anciennes des Vosges.


Son visage est empreint

de noblesse et elle est assise

comme en méditation,

les yeux mi-clos, la tête droite.


L'enfant qu'elle porte

n'a plus de tête.

"Cela date de la révolution"

affirme une vieille dame 

croisée en chemin.

"C'était pour lui faire 

perdre sa valeur"


Cette vierge romane si paisible

rendra-t-elle la raison

à tous ceux qui par ce monde

perdent la tête

jusqu'à perdre coeur

et même plus...

jusqu'à l' horreur.


 

dimanche 27 juillet 2025

 Entre Isches et Lamarche

se trouve un arbre solitaire

dans un champ dénudé 

par la dernière fenaison.


S'est-il posé là par hasard ?

Est-ce une graine emportée de la forêt un jour tempétueux ?

Est-elle tombée de la poche d' un paysan qui revenait d' affouage ?

On ne le saura jamais.

Mais cet arbre est un signe

de force, d'enracinement,

terre et ciel bien reliés,

grâce à sa solitude.


La solitude pèse 

quand elle ne relie rien.

Dans ce désert à traverser,

tendre des fils invisibles

pour relier des coeurs

qui ont choisi de battre

au large de la plainte.






samedi 26 juillet 2025

 

-La barque-

Le cordage
qui retenait la barque
à la rive
est détaché maintenant.
Embarcation immédiate.

La mer ouvre un passage.
On navigue sans rames
ni savoir
La promesse
ne peut plus disparaître.

Et cette main sur l'épaule
n'est pas un rêve.
Une main qui parle sans mots,
c'est plutôt drôle.

Mais ce qu'elle raconte
dévoile une contrée
insoupçonnée du cœur.

Ce paysage demeure.
Il ne se dissipe pas.
Y revenir, encore et encore.

C'est la seule issue.
La joie peut revenir
la barque est baignée de soleil.

On ne compte plus sur soi-même.
On se laisse emplir
tel un verre de cristal
de l'eau la plus vive.


tableau d'Odilon Redon

vendredi 25 juillet 2025

 


-Seul refuge-

Seul refuge,
cette maison attend.
Les oiseaux se sont rassemblés
au bord des fenêtres.
Ils restent invisibles.

Seul refuge,
je traverse l'eau noire.
Ce n'est plus moi
qui mène le combat.
Le cœur appelle.

Donner sa vie,
reconnaître le bien véritable,
sur le seuil de cette maison,
je ne vois 
qu'un sourire.

Se réfugier
en ce qui jamais 
ne manquera.
L'eau était froide.
Je viens me réchauffer.
Même en été, il y a du feu.

Déjà sont oubliés
les cris de la traversée.
Rien d'autre à faire
que tendre les bras.
L'eau noire s'écarte.

A l'étage se trouve un lit.
Comme il sera bon
d'y dormir à poings ouverts.

Maison posée sur le roc,
comment vacillerait-elle ?
On voit encore sur l'eau
quelques plumes et feuillages
qui ne servent à rien.

Ô, j'y retournerai
encore et encore,
à chaque fois 
que l'eau noire me cernera
Et ce sera les yeux fermés,
le cœur brûlant.

juillet 2017

jeudi 24 juillet 2025


Par la fenêtre,
une simple percée
de lumière,
la vie
derrière 
le gris.

Et j'ai pensé :
"Où est la solitude ?"

Ce rayon descend
en moi-même
et me comprend.

On peut tout quitter.
Les maison brûlent,
les pages s'envolent.
Ce que l'on pense de nous
est un mensonge.
Ce que l'on pense
des autres aussi.

Les nuages se déchirent 
toujours.
Alors la lumière vient.

C'est elle qui allume
la flamme à l'intérieur,
le seul bien
que mites et vers
ne mangeront point.

Toi, petite flamme,
je te le dis : "Vis !"
Comme une mère
au chevet d'un enfant souffrant,

je veillerai.

Si tout part en poussière,
Petite flamme, tu grandis !

Ce matin, par la fenêtre,
c'est la lumière qui me l'a dit.



mercredi 23 juillet 2025

 


Deux pigeons roucoulent
face au soleil levant
comme aimantés
par la lumière naissante

S'ils célèbrent ainsi l'aube
quelle obscurité et quel oubli
pour l'homme qui se lève
le matin sans reconnaissance.

Reconnaître d'être vivant
gratitude d'ouvrir les yeux
et d'en avoir conscience

Conscience du jour,
des oiseaux qui contemplent
ensemble la lumière,
des humains qui ouvrent leur fenêtre
et peut-être une porte
qui restait étrangement fermée

Et dans cet espace
où tout se rejoint
où le mot confiance
rassemblent toutes les nuits
qui n'en finissent pas
pour en lever le voile

s'abandonner 
comme un enfant
à la tétée.





mardi 22 juillet 2025

 

Au bord des talus
qui mènent au Mont des Fourches
des cardères sauvages
commencent à former
leurs anneaux de couleur.
Qui s'y frotte s'y pique

Mais mêmes les épines
ont une grâce
et ne rendent pas laide
cette fleur des chemins

On est parfois
aussi piquant 
que la cardère
et cela fait plus mal
qu'une épine dans la chair.

Le voir mais ne pas s'en affliger
Repartir avec la douceur des pétales
et rouler ses épines
comme un hérisson
qui s'endort.








lundi 21 juillet 2025

 

En 1823, au dessus du village de Sérécourt
un homme dénommé Brunez
a décidé soudainement,
perdu dans la contemplation
de l'espace qu'il avait
devant les yeux,
de construire un oratoire

C'est l'oratoire de Bruleteille.
L'intérieur est aussi vide
que le ciel et la terre
qui ici se rejoignent.

Un banc de pierre
est c'est tout.
Un simple abri,
une simple croix en pierre
peut-être pour avoir le soutien
du curé ou de la communauté

Lorsqu'on est assis sur le banc
à l'intérieur de l'abri
on voit un champ
et à l'horizon une forêt

Cela suffisait à Brunez
pour rejoindre plus vaste que lui
et le silence qui règne en maître
traversé par les chants
d'invisibles alouettes.






 Au dessus de Martigny les Bains

un océan vert de fougères 

semble chanter grâce 

aux feuillages des trembles

et des bouleaux qu'agite le vent.


Sur le chemin sablonneux

je marche avec la même conscience

que j' avais enfant d'un mystère

profond à ne pas profaner.


Tout ici est vie qui ne triche pas.

Au loin une laie avec quelques marcassins

qui folâtrent, vont et viennent

pour traverser le chemin.


La vie sauvage arrive à l' improviste 

car au retour, aux aguets pour voir

d'autres animaux, il n' y eut que

le chant plaintif et répétitif 

de l'oiseau qui annonce la pluie.








dimanche 20 juillet 2025


 Au pied du clocher de l'église de Lamarche

tournent les ailes d' un petit moulin

dans un jardinet arrangé avec soin.


Le clocher pointe vers le ciel

qui s' éclaircit après l'orage.

Aux ténèbres succèdent la clarté 

et plus que cela.


Un rêve, cette nuit me l'a dit avec force.

Je consolais un enfant secoué

de forts sanglots.

Il tremblait, était en pleine crise.


Je lui disais : " Jamais l Esprit

Et sa paix, sa clarté ne nous quitte.

Aie foi seulement en cela"

Il s' est calmé et je me suis réveillé.

Cela était là, cette paix, cette clarté !


vendredi 18 juillet 2025

Dans la forêt au dessus de Serqueux se trouve une vaste clairière avec des arbres centenaires. Une croix y est dressée. Elle date de 1860. Quelques tables, un abri pour les promeneurs Soudain un silence monte très profond avec un léger bourdonnement d insectes. Images d'enfance en pleine nature qui reviennent, le calme, cette rumeur, ce silence vibrant qui enveloppe tout et où l'on se perd de vue. Plus loin sur la route qui mène à Aigremont, même sensation. De vieux tilleuls, torturés par les années, frémissent. A l'horizon partout la forêt maternelle avec ses secrets.

jeudi 17 juillet 2025

 



Rien ne change
et tout change.
De qui est-on le père ?
De qui est-on l'enfant ?
Là haut le ciel attend
l'homme haletant qui 
s'est cru important.

La lumière ne demeure
 pas que là-haut.
Plongé en dedans
je ne vois rien.
C'est un aveuglement.
Un sourire d'enfant.
suffit à voir à nouveau.

Un peu de conscience,
un peu de douceur.
On n'est aveugle
que par peur de voir mourir
un fantôme qui passe son temps
au bord d'un mirage.

Il y a si longtemps,
un dimanche après-midi,
j'écoutais Suzanne Vega.
Sa voix m'emmenait au loin
au pays des enfants 
aimés pour eux-mêmes,
que l'on borde délicatement
avec la caresse d'un rêve.

Aujourd'hui 
c'est la même voix
qui m'enchante.
Rien ne change,
tout change.
La lumière me borde
et je pardonne au vieil homme
qui redevient un enfant.

Peut-être la poursuite d'un rêve
est la seule réalité
qui permet de voir
une rose se pencher
sur la nuit d'un cœur humain ?

Peut-être ce qu'il y a
de brisé en tout être
est comme une main qui n'a rien
et attend la chaleur d'une autre main
pour comprendre qu'elle est aimée ?


 




Arbre, forêt de Lamarche
gouache




 

 A l'intérieur du pigeonnier
du château des Petits Thons
une échelle tournante
permet d'accéder
aux centaines d'alvéoles
où venaient se nicher les pigeons.

Aucun bruit d'ailes
Seule l'échelle grince encore
quand on ose la pousser.

Vide des alvéoles
vide du pigeonnier
qui n'accueille plus la vie

Accueillir encore
et encore la vie
dans son vide offert.

Accepter d'être nourri
paisiblement
plus que de prendre.











mercredi 16 juillet 2025

 

Du haut de la cité
de la Mothe
où ne restent plus
que quelques ruines
à l'infini s'étendent
champs et forêts.
Peu de traces
enlaidissent le paysage.

Les nuages semblent goûter
une certaine immobilité
et l'arbre au milieu
du champ moissonné
a trouvé naturellement sa place.
Elle est immuable.

Contempler ces espace ouvert
Ouvrir ses mains, son cœur,
respirer l'immense sans peur

Accepter sa place
et s'y tenir immobile
sans repli sur des images
d'un soi-même
dont on ne sait plus rien

Avancer sur le chemin
d'une respiration
plus ample
comme délivrée
de ce qui l'oppressait.







mardi 15 juillet 2025



Détourner son cœur
de ce qui jamais
ne le nourrira

Pressentiment
de la laideur
de choses humaines
qui ne sont plus 
baignées d'aurore,

alors qu'une campanule
un chardon boule
ou les ailes
du Grand Mars changeant
gardent  trace
de leur origine

Si à l'extérieur
une telle délicatesse existe
n'est-il pas temps
de vivre uniquement
pour cela à l'intérieur ?










 

lundi 14 juillet 2025

 Arbre, forêt de Lamarche

pastel sec






A peine les yeux ouverts
les fermer avec gratitude
tout en remerciant
pour la merveille
d'un ciel toujours renouvelé
chaque matin
par la fenêtre
de l'escalier.

Et quelle pensée étroite
 aussitôt à ne pas croire
qui voit chaque journée
comme le grain à ajouter
au collier noir de la mélancolie.

Participer à cette danse
de la lumière et des nuages
même en boitant
et que le cœur y trouve
son espace pour
une unique chanson.