vendredi 9 mai 2025

 


On a ouvert les yeux
sur un espace insoupçonné
et le corps respirait !

Les plis sombres
d'un manteau harassé de jours
glissaient vers la terre,
et près des épaules
le bois du carcan posé
par une main honteuse craquait !

On a ouvert les yeux
encore plus grands,
on a vu l'attente du brin d'herbe,
du héron sur l'île d'un rocher
au milieu du fleuve,
des arbres violemment noirs
qui guettent le chant vert des feuilles !

On a ouvert les yeux
sur la respiration de la colline,
et la soif d'une rivière
qui cherche, cernée de falaises
ocres et sévères,
une eau pure pour se désaltérer !

On a ouvert les yeux,
osé le pas de recul
hors du tourbillon !

Les yeux du rouge-gorge
brillaient encore plus.

Les jacassements
de la pie élégante
devenaient mystérieux.

Le persil au sortir de l'hiver
était une parure aux feuilles
finement ciselées !

On a ouvert les yeux
sur la vieillesse qui est
une ride affreuse du regard.

il n'y avait que la fraîcheur
du duvet qui joue avec
le givre diamant des ombellifères
jaunies dans les fossés,

Il n'y avait que primevères
aux pétales papillons
qui accueillent la brume du soleil !

On a ouvert les yeux,
un monde sortait des limbes !

Qui était-on avant ?
l'ensorcelé, momie ficelée
par ses pensées !

On a ouvert les yeux,
les branches mortes brûlaient
mais le jardin était brûlant aussi !
On entendait son cri de printemps !

On a ouvert les yeux,
cœur, on t'en prie
devient brûlant !

C'est au sein du brasier
que la rose ruissellera de rosée,
que le pavot de mai dans sa fragilité
aura le pouvoir de guérir
la déchirure secrète !

Cœur, épouse
l'humble flamme qui monte
de cette terre où tu es né !









1 commentaire:

  1. Quel beau texte d'espérance !
    Merci, François, pour le donner à voir de ces beautés, là, si près de nous.
    Belle journée.

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