mercredi 25 janvier 2023

 


Le hêtre pourpre, partie 8


Ce qui existe

Ce qui existe,

cerises noires
en bordure de pré,

deux charolaises
à l'ombre d'un mirabellier,

l' horizon qui se perd,

l'insaisissable beauté
des coquelicots perdus
dans le blé doré,

ce qui existe
occupe peu à peu
la place que l'on laisse !





Paroxysme

Tout est là,
il n'y a aucun
autre endroit
où aller !

C'est l'unique nuage
du matin qu'accompagne
le chant parfait du coq,
c'est l'unique abricot
qui roule dans l'herbe
et qu'on ouvre
une ultime fois.

Tout est là,
c'est la dernière
journée bénie
avant la nuit !




L'heure de l'histoire

Dans le reflet
de la fenêtre
le ciel apparaît.
Deux hirondelles
disparaissent.
Les enfants
se sont tus.
Ils n'ont plus
de questions.

Dans quelques
secondes,
il pose
son stylo.
Dans les près,
c'est l'heure
où les fleurs
racontent
une histoire.

Alors, chut !!




A sa place

De là où il écrit,
mots qui viennent
et vont plus loin,
nuages que personne
n'arrive à retenir,

il ne sait rien.
Reste le regard.
Tout être y a sa place,
la fleur de trèfle,
ou la cerise presque noire.

Et dans ce silence,
l'envie de respirer.
L'alouette est bien là
qui cherchent une issue
tout au fond de ce cri,
oh! la délivrance !




Campagne

Pas de réponses
pour le ciel
qui reste ciel
infiniment.
Rien, pour
ce tilleul
dans sa cour,
seulement
un murmure
jusqu'au soir.

Le rosier
accroché
à son mur
ne demande pas
à être arrosé.
Avec la fraîcheur
qui vient, l'âne
sort de son abri.

Et maintenant
il a conscience
qu'il respire.
La nuit arrive !




Sous-bois

Sous la voûte
des branches,
le chemin blanc
est orné
d'une mosaïque
d'ombres.

La tête levée,
tout se met
à briller
dans cette
cathédrale
de verdure,

si bien que
le promeneur
disparaît
au cœur de
son regard !




Bout du monde

Deux chevaux noirs
à longue crinière
soulèvent la poussière
avec leurs sabots
dans une prairie jaunie
cernée par la forêt.

Le vent est même
devenu silencieux.
A l'horizon les arbres
montent la garde.
Rien n'encombre
le ciel et cette clairière
péninsule où
le moindre brin d'herbe
est ému par l'espace !





Sept heures du soir

Les grains de raisin
sous une pluie fine
ou sous le soleil
mûrissent en paix.

La fleur de courgette
est ouverte pour l'abeille.
Elle viendra à son heure
comme la fraîcheur d'un nuage.

Il écoutera l'angélus
sonner à l'église,
heureux de respirer
entre deux pensées.

Dans ce petit jardin,
les fleurs sont très belles.
Les roses en neige
c'est ici maintenant !




Homme bleu

Les fleurs plient
sous la pluie.
Un invisible main
vient dénouer
les derniers nœuds.

Quelle importance ?
Une éclaircie !

La pluie plie
ses bagages.
Le bleu du ciel
soudain surgit

Il est heureux
devenu homme bleu
où passent nuages noirs
qui jamais ne demeurent !




Contrée

Quelle seconde ?
Les horloges
s'effondrent.
C' est la contrée
de l'enfant
au seul rêve.

Il a les yeux
écarquillés
de voir le jour
tel un mouchoir
immaculé.

Il ne sait plus
bien réfléchir.
Il passe son temps
à savourer
l'égarement
des nuages blancs !





Brise d'été

Quelques bouquets
de peupliers élancés
mangent le vent
à grandes branches
toutes étincelantes.
C'est leur danse d'été.

Et à leurs pieds
une bouche d'ombre
ondule dans l'herbe
verte et rêveuse.

Une à une,
et toutes ensemble,
les feuilles chantent
que seul restera
le vent amoureux !




Éphémère

Reflets noir et argent
au bord de la rive,
plis qui se déplient,
mort et vie
entremêlées,
trois canards gris
qui s'enfuient
laissent des rides
qui disparaissent
et la rivière descend
accompagnée du vent
et de ses friselis !





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