mardi 22 février 2022

 


Volontiers je m'approcherai de l'Amour,
si de l'intérieur je pouvais l'atteindre,
Mais nul ne saurait chanter ceci avec moi,
qui se mêle beaucoup aux créatures.

L'amour nu qui n'épargne rien
dans son trépas sauvage,
séparé de tout accident
retrouve sa pureté essentielle.

Dans le pur abandon de l'amour,
nul bien crée ne subsiste :
amour dépouille de toute forme
ceux qu'il accueille dans sa simplicité.

Libres de tout mode,
étrangers à toute image :
telle vie mènent ici-bas
les pauvres d'esprit.

Ce n'est point tout de s'exiler,
de mendier son pain et le reste :
les pauvres d'esprit doivent être sans idées
dans la vaste simplicité,

qui n'a ni fin ni commencement,
ni forme, ni mode, ni raison, ni sens,
ni opinion, ni pensée, ni intention, ni science :
qui est sans orbe et sans limite.

Cette simplicité déserte et sauvage
qu'habitent dans l'unité les pauvres d'esprit :
ils n'y trouvent rien, sinon le silence libre
qui répond toujours à l'Eternité.

Ceci est dit en un court poème,
mais le chemin est long, je le sais bien,
et mainte souffrance endure
qui le veut parcourir entièrement.

Hadewijch d'Anvers



                                                  Peinture, peintre inconnu


1 commentaire:

  1. Belle harmonie de couleurs, paysage de montagne qui surgit, c'est beau ! Merci François !

    RépondreSupprimer