Le hêtre pourpre 2010
partie 6
Élargir sa tente
Ne
pas quitter des yeux
cette
lumière douce
sur
la colline,
ces
arbres qui frémissent
Il
est le paysage,
étendant
ses bras
comme
des branches,
à
la recherche
du
plus grand espace.
Des
étoiles mortes donnent
encore
leur lumière.
Une
étoile vient de naître
aux
confins de l'univers.
Mais
personne ne l'a vu.
Elle
brillera au firmament
le
moment voulu.
Ainsi
une étincelle
a
mis le feu à l'intérieur.
Nulle
flamme n’apparaît !
Nulle
larme d'incendie !
Mais
sous les herbes noires
de
la nuit un cri sauvage
est
là, tapi !
Verte Normandie
Sur les talus
qui bordent les
champs,
des charmilles
protègent
de l'insistance du
vent.
Dans le bocage, il
essaye
de ne pas se perdre.
Des poulains se
serrent
contre leurs mères
dans des prairies en
fleurs.
Des génisses accourent
pour voir ce
promeneur
sous son capuchon.
Il est seul comme
le chien dans le
jardin
d'une maison au
volet clos,
seul à l'intérieur
et sous la bruine.
Marguerite
Les
étamines dans le cœur
d'une
marguerite
forment
une comète
qui
tourne sur elle-même
et entraîne avec elle
les
pétales blancs
qui
flottent dans le vent.
Pourquoi
es-tu belle,
marguerite
et
n'as-tu pas
en
ton cœur
un
pistil-poignard
prêt
à frapper ?
A la gare
Un moineau
sur une poutrelle,
ailes tremblantes,
regarde le train
qui est à quai,
un moineau
qui n'est plus
effrayé par
le monstre d'acier.
Le voyageur
n'a pas d'ailes
mais sa vie
est sur une
poutrelle,
et il regarde le
ciel
où il aimerait
se perdre !
Couvée
Feuille
qu'on déchire
ou
qu'on piétine,
c'est si
facile.
Couve
du regard !
Un
homme,
vieillard
ou enfant
n'est
que léger
duvet
au vent !
Il
a besoin de vide,
un
gilet de néant
où
son cri trouve
la
laine d'un nid
au
bord de l'océan !
Vie poème
L'orage est passé.
Envol de feuilles
et de pétales
blancs.
Un merle picore
les premières
cerises rouges.
Fenêtre ouverte,
Assis sur une
chaise de paille,
il voit des nuages
noirs
qui traînent.
Rien d'autre à
faire
qu'écouter le piano
qui tend ses notes
comme une échelle.
Il est un homme
qui croit encore
que la vie est poème
!
Le fossé
Dans le fossé
chaque herbe
était parfaite,
chaque ancolie,
chaque bouton d'or,
graminées,
euphorbe,
orchis,
ombellifères.
Il ne manquait rien
à cette foule
verte,
jaune et bleue,
pas une ombre
à ce tableau.
Et cette perfection
resplendissait
dans l'espace
d'un regard !
Bouche cousue
Plus de questions !
Il ne répondra pas.
“Ne
sait pas,
Ne sais pas !”
Est-ce la foudre
qui est tombée
sur lui !
“Ne
sait pas,
Ne sait pas !”
L'arbre et l'oiseau
ont la réponse.
Eux aussi se tairont
!
Avec vos têtes
bien faites et bien
pleines,
vous êtes des
menteurs !
La vérité est
l'esprit
“Ne
sait pas “!
Thésée
Dans le labyrinthe
se tient un mendiant
aux yeux blancs.
“Ne
cherche pas à sortir”
chuchote-t-il.
“Heurte
toi aux murs,
N'ouvre pas les
portes
qui laissent passer
du jour !
Si l'on s'enfonce
plus loin,
si l'on est sûr
d'être entièrement
perdu,
à chaque pas,
entre les pierres,
brille du cristal
et cela suffit !”
Une jeune fille
Qu'y a-t-il d'autre
?
L'appel même,
le cri,
sont la réponse,
une réponse
blanche,
un rideau
qui s'entrouvre.
Toute blessure
se nimbe de lumière.
Vraiment,
qu'y a-t-il d'autre
?
La nuit est
une jeune fille
au bord de l'aube
qui emportera tout !
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