mardi 2 février 2016

Le hêtre pourpre 2010
partie 6


Élargir sa tente

Ne pas quitter des yeux
cette lumière douce
sur la colline,
ces arbres qui frémissent
Il est le paysage,
étendant ses bras
comme des branches,
à la recherche
du plus grand espace.

Des étoiles mortes donnent
encore leur lumière.
Une étoile vient de naître
aux confins de l'univers.
Mais personne ne l'a vu.
Elle brillera au firmament
le moment voulu.

Ainsi une étincelle
a mis le feu à l'intérieur.
Nulle flamme n’apparaît !
Nulle larme d'incendie !
Mais sous les herbes noires
de la nuit un cri sauvage
est là, tapi !



Verte Normandie

Sur les talus
qui bordent les champs,
des charmilles protègent
de l'insistance du vent.
Dans le bocage, il essaye
de ne pas se perdre.

Des poulains se serrent
contre leurs mères
dans des prairies en fleurs.
Des génisses accourent
pour voir ce promeneur
sous son capuchon.

Il est seul comme
le chien dans le jardin
d'une maison au volet clos,
seul à l'intérieur
et sous la bruine.



Marguerite

Les étamines dans le cœur
d'une marguerite
forment une comète
qui tourne sur elle-même
et entraîne avec elle
les pétales blancs
qui flottent dans le vent.

Pourquoi es-tu belle,
marguerite
et n'as-tu pas
en ton cœur
un pistil-poignard
prêt à frapper ?



A la gare

Un moineau
sur une poutrelle,
ailes tremblantes,
regarde le train
qui est à quai,

un moineau
qui n'est plus
effrayé par
le monstre d'acier.

Le voyageur
n'a pas d'ailes
mais sa vie
est sur une poutrelle,

et il regarde le ciel
où il aimerait
se perdre !




Couvée

Feuille qu'on déchire
ou qu'on piétine,
c'est si facile.

Couve du regard !
Un homme,
vieillard ou enfant
n'est que léger
duvet au vent !

Il a besoin de vide,
un gilet de néant
où son cri trouve
la laine d'un nid
au bord de l'océan !




Vie poème

L'orage est passé.
Envol de feuilles
et de pétales blancs.
Un merle picore
les premières
cerises rouges.

Fenêtre ouverte,
Assis sur une
chaise de paille,
il voit des nuages noirs
qui traînent.

Rien d'autre à faire
qu'écouter le piano
qui tend ses notes
comme une échelle.

Il est un homme
qui croit encore
que la vie est poème !




Le fossé

Dans le fossé
chaque herbe
était parfaite,
chaque ancolie,
chaque bouton d'or,
graminées, euphorbe,
orchis, ombellifères.

Il ne manquait rien
à cette foule verte,
jaune et bleue,
pas une ombre
à ce tableau.

Et cette perfection
resplendissait
dans l'espace
d'un regard !




Bouche cousue

Plus de questions !
Il ne répondra pas.

Ne sait pas,
Ne sais pas !”

Est-ce la foudre
qui est tombée
sur lui !

Ne sait pas,
Ne sait pas !”

L'arbre et l'oiseau
ont la réponse.
Eux aussi se tairont !

Avec vos têtes
bien faites et bien pleines,
vous êtes des menteurs !

La vérité est l'esprit
Ne sait pas “!



Thésée

Dans le labyrinthe
se tient un mendiant
aux yeux blancs.

Ne cherche pas à sortir”
chuchote-t-il.
Heurte toi aux murs,
N'ouvre pas les portes
qui laissent passer du jour !

Si l'on s'enfonce plus loin,
si l'on est sûr
d'être entièrement perdu,

à chaque pas,
entre les pierres,
brille du cristal

et cela suffit !”




Une jeune fille

Qu'y a-t-il d'autre ?

L'appel même,
le cri,
sont la réponse,

une réponse blanche,
un rideau
qui s'entrouvre.

Toute blessure
se nimbe de lumière.

Vraiment,
qu'y a-t-il d'autre ?

La nuit est
une jeune fille
au bord de l'aube
qui emportera tout !











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