jeudi 28 janvier 2016


LE HÊTRE POURPRE

Partie I
-2010-




«Un oiseau s'est posé sur le sommet d'une montagne ; il s'est envolé.
Qu'est-ce que la montagne a perdu et qu'a-t-elle gagné
de ce fait ?»

Rûmî




Le hêtre pourpre

En ouvrant la fenêtre,
le hêtre pourpre
qui domine la colline
était là autrement,
dans l'horizon ivoire
près du nuage qui s'étire.

Il ne dormait plus
comme au centre
de la fraîcheur du soir.
Les bruits de la ville
avaient perdu leur force.

Le hêtre pourpre
était devenu une porte.
Il inspirait le fracas,
il expirait d'invisibles oiseaux
qui frôlent les maisons
où l'on se croit à l'abri.

La fenêtre s'est refermée.
La paix de l'arbre
sans protection
a tout envahi !




Note ou femme

Dessaisi,
il n'y a plus
de rive à atteindre.

Précieux cahier,
précieux crayon,
table de chêne
avec ses tâches,
quel accueil !

Il y a une note
fondamentale.
Elle est là,
mais nulle part,
note ou femme
invisible
qui toujours
attend que l'on se perde !

Par la fenêtre
intérieure,
elle passe
ou elle chante.
Tiens, la voilà !




Sagesse

C'est auprès d'elle
dans la pièce
d'une maison sans âge
que l'on se tient.
Par une fenêtre basse
arrive la lumière,
mais aussi le chant
d'une fontaine.

Aucune voix humaine.
A peine un craquement
du vieux plancher.
Tout a été déjà dit.

C'est ici que
les yeux se ferment,
que l'on reconnaît
ce qu'il y a à reconnaître,

et que l'on regarde de loin
les ombres qui passent
dans la cour
où se glisse le soleil !



Béance

L'enfant est toujours là
qui frappe la porte
par où sa mère s'enfuit.

On lui arrache le cœur,
alors il continue
répète sans fin
le sacrifice aztèque.

Mais par le trou béant
arrive tant d'enchantements !
C'est par là que passe
les mille formes du torrent,

et le cri des hirondelles
qui ne posent jamais
pattes à terre,

tout ce qu'il y a d'immense,
tout ce qu'il y a de pur,

avec au centre,
le temps du rêve
et une perle !


Les voix du soir

On parlera encore
mais ce seront des paroles
qui tintent avec les verres
et la féerie du soir.

Tout est là, autour de la table
avec les cris de joie
au fond du jardin.

Pourquoi a-t-il eu si peur ?

Qu'il se donne donc
jusqu'en son sommeil de sable.
Le vent du rêve vient
lui desserrer les mains,
et l'acier qui l'entoure
est une vague verte
qui porte son élan.

Il commence maintenant,
avec la douceur des voix
qui s'éteignent,
le bruissement de la nuit
qui l'a amené à son chant
le plus intérieur !


Des amis

La nuit noire
que les nuages
accompagnent
dissimule
à l'horizon
une banquise
de lumière.

L'après-midi
perd les heures.
Un cœur attend,
tout est simple.
Une flamme
seule respire.

Et n'ayant rien
un pèlerin nu
donne sa main
aux rivières
et aux arbres.



L'élan du coeur

C'est une danse,
un fil doré
à atteindre.
Des monstres
tombent en poussière.
A l'arrière
est un océan de sel.

Les arbres même nus
ont une peau douce
et fraternelle.
L'innocence
est dans l'élan du cœur
qui ne voit plus
que l'étoile.

C'est une danse
où l'on se perd.
On suit la chanson
comme un vol
de papillon
au gré du vent
ivre de fleurs
jusqu'à la fin !

                                                  (à suivre)





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