vendredi 23 mai 2025

 



L'aube humaine

Les aubes ne sont pas le fait du seul soleil.
On émerge aussi du lit,
s'arrache des draps,
pose les pieds à terre bien à plat.

C'est l'aube humaine
dans une rosée de rêves.

Un coup d’œil par la fenêtre.
Attention au coup de soleil levant.
Lorsqu'il est absent,
il y a la plainte
de la corneille
qui annonce la pluie.

Un bol de thé ou de café.
C'est une autre lumière
qui descend aux entrailles.

Rien n'est jamais pareil
puisque on le pense.

Ouvrir la porte comme on ouvre l'horizon.
Reprendre le même chemin depuis des années,
c'est explorer un continent.

Une fleur de pissenlit à son aube à elle au bord du trottoir :
on y jette un regard.

Le parc de Montbois désormais grillagé
est parsemé de clartés matinales.
Le cèdre devenu intouchable tend
ses bras d'écorce noire vers le ciel.
Le ginkgo agite mille petits soleils.
Et sur le mur, on croise un chat noir qui minaude
attendant une main de lumière.

Les aubes sont-elles perpétuelles ?

on hume l'air comme on hume
un bon vin trop longtemps resté en bouteille.

On vit, on respire à l'autre bout
d'un crépuscule qui ne concerne
que la poussière.

Il y a des bonjours qui résonnent
comme une sonnerie aux morts.
D'autres qui sont bons
comme du pain qui croustille.

Bonne aube, mon ami,
qu'elle ne finisse jamais !

On croit bien n'avoir jamais admiré
la couleur de tes yeux,la grâce de ta main
qui gratte le papier.

L'aube est un visage qui sort
de la suie des jours endormis.

Et quand le soir vient,
qu'il enflamme les érables
sur la colline encore verte,
On le confond avec le matin ébloui.

La nuit peut venir.
Elle n'est rien qu'une paupière
qui se ferme sur une aube assoupie
dans un grand manteaux d'ombres !







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