samedi 28 octobre 2023

 


Quelques lumières
dans la cabine d'une péniche
ouvrent la nuit
qui n'est plus si sombre.

Il y a là-bas
un peu de chaleur,
des passagers
qui se savent en voyage.

Il y a là-bas des vivants
avec leurs colliers
de peine et de joie.

Je ne suis pas si loin de toi
et ce qui nous sépare
peut être franchi
par delà les eaux noires.

Ainsi font les étoiles
qui forment des constellations.

Ainsi pense Roberto* le poète
qui écrit que penser à quelqu'un
revient à le sauver.

Ainsi tisse sa toile
une drôle d'araignée
qui n'attrape que 
les larmes de la rosée.


*Roberto Juarroz





"Je pense qu’en ce moment
personne peut-être ne pense à moi dans l’univers,
que moi seul je me pense,
et si maintenant je mourais,
personne ni moi ne me penserait.

Et ici commence l’abîme,
comme lorsque je m’endors.
Je suis mon propre soutien et me l’ôte.

Je contribue à tapisser d’absence toute chose.

C’est pour cela peut-être
que penser à un homme
revient à le sauver."

Roberto Juarroz (1925-1995)



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