dimanche 28 août 2022

 

 


Marcher écrire. Un pas, un mot. Un livre pris, aussitôt reposé, où être ? Marcher écrire. Se dire à soi-même une parole qui tient la route, qui tient l'âme. Nager dans la houle de la parole, retrouver le fil. Le minotaure ne mangera personne. 

Marcher écrire pour ne pas être seul. Des milliers de fenêtres s'allument. 

Que tenir ? 

Fermer les yeux et voir la rivière. Elle rassure. Qui tiendrait, retiendrait une rivière ? Elle coule. Elle commence par la tête, s'enroule autour du cœur, puis s'apaise dans le ventre. 

Se lever. Faire un bout de chemin avec elle, compagne rivière, chevelure d'eau qui enlève le nœud de l'angoisse. 

Marcher écrire, si rien ne marche, si l'on ne sait rien de l'avenir. 

Marcher écrire ayant quitté son armure. Être un arbre nu qui marche et qui va passer à la râpe de l'hiver. 

Je ne veux pas qu'on fasse des projets pour moi. Je ne veux pas qu'on me dise : "il n'y a qu'une route et c'est celle-là !" 

Marcher écrire. Il n' y a pas de menace. Seul celui qui a été une mort pour lui-même le sait bien.

 Marcher bâtir. Apporter une pierre. La regarder.  La parcourir des mains. Elle a du poids, cette pierre arrachée au néant. Elle devient pierre d'une demeure qui n'est pas une demeure d'emprunt. 

Marcher écrire. sans chercher de bout à atteindre ou de fin des temps. Ne plus avoir peur de la nuit.  Marcher en tressaillant. Avoir des lueurs à partager. On ne peut guère me demander autre chose. 

Marcher écrire

texte de 2018 réécrit

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