samedi 6 août 2022

 



Le seul refuge est au guet des mots,
ceux qui chantent,
ceux qui craquent
comme le bois à l’âtre
alors que dansent les flammes.
On peut se nourrir de mots
quand ils sont libres,
qu’ils ne cherchent
ni à dominer, ni à tromper.
S'enrouler dans la parole
comme dans un châle.
Les mots viennent
quand ils veulent.
Ils traversent d’étranges déserts.
Ce sont des graines emportées
par le vent d’une autre parole,
celle d’un conteur ou d’un griot.

Ils connaissent la migration des nuages.
Ils se glissent sous les écorces
pour ne pas mourir de froid.

Puis ils reprennent leur route
quand un cœur s’éveille.
Ils viennent au secours des harassés.

S'accrocher à leurs ailes
qui veulent toujours aller plus loin.
Ce sont des mots brindilles
qui servent à faire des nids.

On peut se reposer
dans le cœur d’un poème,
couver des images
qui enlèvent l’uniforme
d’un langage de bois mort.

La nuit noire n’arrive pas
à manger la lumière des fenêtres.
La nuit noire ne peut s’emparer
des mots en voyage
Ne pas abandonner ce voyage au long cours
où il n’y a rien à gagner.

Souffler au visage de la nuit
des mots étoiles 
Les mots prononcés pour rester vivant
ne sont jamais perdus.
Ils renaissent touts blancs
sur le cerisier en fleur
ou près de l’enfant qui s’endort
avec des mots étranges
qu’il a lu dans le dictionnaire.


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