jeudi 6 février 2020



Cette parole qui vient à toi ne t'appartient pas. Elle est d'un autre ordre. Elle est avec ces deux merles siffleurs qui se méprennent sur l'arrivée du printemps. Elle est tout près des fenêtres anciennes qui attendent de s'ouvrir sous la poussée du vent. Elle est avec le regard d'un enfant dans le bus qui semble te demander :"Dans quel monde habites-tu ? Serai-je moi aussi obligé d'avoir un visage gris et des plis d'amertume au bord des lèvres ?". Tu es venu au monde sans l'avoir demandé. Cela fait déjà quelques années. Venir au monde ? Tu n'arrêtes pas d'y venir, d'y revenir pour mieux voir, compagnon des méandres du temps. Et cette parole vient aussi sans que tu le demandes. Elle te devance, elle chante en toi. Elle t'offre des ailes que tu ne peux te donner. Elle est plus vivante que tu ne le sera jamais. Il te revient en mémoire ces quelques vers d'un chant ancien : "Obstiné, par ta cruelle impatience, par ton insistance sans pitié, veux-tu vraiment, par le feu, forcer les boutons à s'ouvrir et les fleurs à fleurir pour remplir d'air leur parfum ?" 





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