mardi 30 juillet 2019


-La Terre-

Envolez-moi au-dessus des chandelles noires de la terre. 
Au dessus des cornes venimeuses de la terre.
Il n'y a de paix qu'au-dessus des serpents de la terre.
La terre est une grande bouche souillée :
ses hoquets, ses rires à gorge déployée,
sa toux, son haleine, ses ronflements quand elle dort
me triturent l'âme. Attirez-moi dehors !
Secouez-moi, empoignez-moi, et toi Terre chasse-moi.
Surnaturel, je me cramponne à ton drapeau de soie !
Que le grand vent me coule dans tes plis qui ondoient.
Je craque de discordes militaires avec moi-même.
Je suis comme une poulie, une voiture de dilemmes.
Et je ne pourrai dormir que dans vos évidences.
Je vous envie, phénix, faisan doré, condors.
Donnez-moi une couverture volante qui me porte
au-dessus du tonnerre, dehors au cristal de vos portes.

Max Jacob, "Sacrifice impérial"



Portrait de Max Jacob
gravure pointe sèche


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