lundi 30 juillet 2018

-Notes de Normandie-

-1-

Lueurs sur le sable. Le ciel s'étire, ouvre ses bras de nuages. Mots dans le vide. Essayer de dire. Offrir l'étendue. Offrir le rien et le nu en même temps. Les mouettes sont inatteignables. La mer indifférente.

-2-

Chacun est avec son monde. Une vague, le sable, l'écume les algues parleront et se tairont selon chacun. Parfois quelqu'un s'approche, essaye de comprendre, croit avoir compris. Des mots viennent, apaisent, relèvent. Puis tout retourne au silence et plus loin est l'amour où se reposer enfin.

-3-
Le chant des vagues, le chant des galets que la mer entrechoque, ces chants existaient avant l'homme. Ces chants ne manquent jamais. Ils vont plus loin que ma conscience, ma mémoire, les histoires douloureuses ou pas. Que bercent-ils en cet instant ?. Je n'ai plus de mémoire. Ces chants vont plus profonds que je ne pourrais aller. Ils consolent l'inconsolable part blessée de moi-même.

-4-
Une volée de moineaux se réfugient dans la haie, vivacité d'un éclair ponctué de pépiements. Et sur la plage inexorable, la marée monte. Des vagues presque vivantes cernent les bancs de sable.
Qu'est-ce que je sais du monde, des étoiles, des montagnes où se cache le cristal de roche. C'est quoi ces comptes d'apothicaire, ce contrat de bonne conduite qui me protégerait des coups du sort ?
Ce n'est pas comme cela que cela se passe. Je resterai fragile et c'est irrémédiable.

-5-
Je monte un cairn à l'intérieur d'une grotte, au pied de la falaise. Je cherche l'équilibre, un peu plus à droite, un peu plus à gauche, et la pile de galets s'écroule. Je recommence et la pile finit par tenir. Qu'est-ce qui me fait tenir ?
Je tiens porté à l'ombre d'un grand sourire, aujourd'hui même, et dépouillé de tout.

-6-
Je m'éloigne de la plage, commence à nager. Les vagues se succèdent. L'eau plus fraîche qui vient du large donne le frisson. Je nage, c'est devant, pas derrière. L'eau est réelle. La nage aussi.
Je me suis heurté au réel. Lorsque je nage dans la mer, je ne rêve pas. Mon cœur et mon âme y sont....
vivants.

-7-
Entre la terre, le ciel et l'eau, dans la brume de mer, apparaît une femme de nulle part. Elle glisse doucement sur les vagues, perdue dans ses pensées.
Elle est la solitude, entre terre, ciel et eau. Elle s'offre au paysage, se perd dans le brouillard.
Que n'ai-je pas compris ?
Je m'efface aussi doucement, comme cette image, une femme seule entre terre, ciel, et eau.

-8-
En voyant l'enfant courir pieds nus sur la vaste étendue de sable qu'a laissée la mer en se retirant, j'ai vu tout l'élan de la vie, un élan fou.
Cœur trop vaste pour y construire une prison, cœur que ne peut satisfaire le mensonge d'une vie où le lien à l'infini est brisé, cœur qui ne peut brûler à moitié,
deviendrais-je enfin comme le cœur libre de l'enfant qui court vers la mer ?

-9-
La mer me porte. Je nage sur le dos. Le soleil m'éblouit. Étrange océan d'eau verte et bleue. Je suis si petit, si perdu maintenant que les voix de la plage s"éloignent. Le soleil m'aveugle, la mer m'emporte.
Je suis où ?

-10-
Par le velux entrouvert, je ne vois que le feuillage des bouleaux agités par le vent et n'entends que le pépiement de multiples oiseaux mélés à des voix lointaines.
Ce soir cela me suffit. Je n'ai besoin de rien d'autre. Je n'espère rien d'autre, que ce chant innocent qui annonce la nuit.
Je ferme les yeux. Tout est dit. Tout est offert.





































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