dimanche 25 mars 2018

S'établir nomade, chérir cette marche, ce déplacement, cette traversée, être dans ce mouvement même de l'arbre qui se couvre de chatons, respire à sa manière les effluves du soleil, voilà où tu en es, comme si avec ton cri, tu élargissais les contours d'une bouche emplie d'ombres qui font mal !Ce matin, les primevères étaient le seul poème. Au centre de leurs corolles, il y avait de quoi disparaître, se taire à jamais !
Dans ce que tu veux prendre, dans ce que tu veux saisir, là-bas, derrière la colline, derrière ton espace à toi, il n'y a rien. Quitte l'espoir d'un giron qui effacerait tes lézardes ! Tu ne voyais pas la joie qu'il y a d'entrer en relation avec un autre être, ou l'écorce d'un arbre, et même une pierre, ou un verre à moitié plein qui capte les éclats de la lumière. Tu chevauches le vent ou le vent te chevauche. Tu le suis comme la sterne, ailes immobiles, qui se laisse happer par le courant de l'air au bord de la falaise. Ton regard devient caresse pour que se tisse la tunique d'un songe qui n'est pas une illusion. Tu écoutes au bord des jardins, près de l'or des jonquilles, ou de la blancheur des pâquerettes, un peu rosie par un sang inconnu. Tu écoutes l'enfant muet, fier comme artaban, sur son vélo qui a des ailes !  Tu écoutes un battement de coeur tout proche, mouvement, mouvement, le tic-tac d'une horloge qui n'est plus là pour l'heure, mais qui avance ! Tu écoutes un visage qui passe à ton côté, qui devient une flamme, ne te quitte pas ! Tu écoutes le paysage vacillant du soir encore couvert de paillettes d'or du grand soleil d'aujourd'hui ! Ton espérance n'est plus une idée que l'on brandit, mais ta respiration même, une inspiration , une expiration qui accompagnent un élargissement ! Atteindre est un verbe qui s'est brisé pour toi. Accueillir te reste comme une fleur offerte que tu ne veux pas voir faner ! 

Mars 2014





Primevères du jardin de Villers


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