samedi 27 mai 2017


-Les mots libres-
La nuit noire a remplacé
la nuit grise du jour.
Le seul refuge est au guet des mots,
ceux qui chantent,
ceux qui craquent
comme le bois à l’âtre
alors que dansent les flammes.
On peut se nourrir de mots
quand ils sont libres,
qu’ils ne cherchent
ni à dominer, ni à tromper.
Je m’enroule dans la parole
comme dans un châle.
Les mots viennent
quand ils veulent.
Est-ce les miens ?
Ils traversent d’étranges déserts.
Ce sont des graines emportées
par le vent d’une autre parole,
celle d’un conteur ou d’un griot.
Ils connaissent la migration des nuages.
Ils se glissent sous les écorces
pour ne pas mourir de froid.
Puis ils reprennent leur route
quand un cœur s’éveille.
Ils viennent au secours des harassés,
assez de vide, assez de sang;
Je m’accroche à leurs ailes
qui veulent toujours aller plus loin.
Ce sont des mots brindilles
qui servent à faire des nids.
On peut se reposer
dans le cœur d’un poème,
couver des images
qui enlèvent l’uniforme
d’un langage de bois mort.
La nuit noire n’arrive pas
à manger la lumière des fenêtres.
La nuit noire ne peut s’emparer
des mots en voyage
Car ce sont des mots qui ne s’arrêtent jamais,
des mots qui se moquent des frontières
d’une terre trop carrée.
Je n’abandonne pas ce voyage au long cours
où il n’y a rien à gagner.
Je souffle au visage de la nuit
des mots étoiles et mon vocabulaire
accompagne le cri de l’aube.
Les mots prononcés pour rester vivant
ne sont jamais perdus.
Ils renaissent touts blancs
sur le cerisier en fleur
ou près de l’enfant qui s’endort
avec des mots étranges
qu’il a lu dans le dictionnaire.


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