lundi 23 mai 2016

-Un passage-

Le grand cèdre
s'éloigne de jour en jour.
Étonnante distance
où tout s'apaise.
Y-a-t-il encore
un passage dans
cette prairie vierge ?

Je m'éloigne
avec un murmure,
disparais sous les herbes.
Souvenir de son écorce.
Souvenir de ses pommes,
de son parfum
après l'averse.
Je n'aurai plus à l'aube
la salutation de ses branches.

Le grand cèdre peut
maintenant disparaître.
"Reprends mon chant
si tu ne veux pas être triste !"
chuchote-il.
Je laisse venir la première note.
D'autres suivent mystérieusement.

Là où je vais
chante le grand cèdre
et ce chant ne m'appartient pas.
Il passe comme
la rivière d'or,
celle qui emmène
les souffles obscurs.

Et je chante 
avec la majesté de sa forme
qu'il dévoilait parfois
quand la lumière du couchant
embrasait son houppier.

Un souvenir suffit parfois
pour qu'une vie change,
souvenir au pied d'un arbre
qui choisit le silence.
Vivre devient une caresse.

Les allées du parc ont disparu.
Tout est devenu si paisible
sous les herbes hautes de l'oubli.



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