mardi 1 mars 2016



Au bord d'un trottoir,
une primevère, un appel.
Il n'y a rien à ajouter.
Elle est primevère
jusqu'au bout de ses pétales.
Elle contient tout,
mais elle est dans mon regard,
et je n'ai rien à dire,
rien à écrire sur elle.
Pourtant j'écris.
C'est pour elle que je le fais,
et aussi pour vous.


Je la sors de l'absence,
la place en premier,
au centre d'un silence
qui fait du bien.
Avant, elle était une fleur perdue,
une fleur égarée 
sur un trottoir,
une graine qui a réussi par hasard.


Maintenant, c'est une primevère reconnue
qui se moque de mes mots,
mais peut-être pas de mon regard
qui cherchait à se poser
quelque part.


Primevère élue,
éclatante, comblée d'être,
innocente,
pourquoi m'interroges-tu
avec tant de force ?


En quoi suis-je primevère ?
En quoi suis-je fleur,
avec mes cicatrices,
intestins noués,
os et fatigue,
craquements,
parole qui divague ?

Suis-je pétales au vent
sans une pliure ?
Suis-je à la merci
de la grêle, du gel,
d'un soulier crotté ?
Et pourtant,
en quoi suis-je rejoint
par cette primevère ?


Je ferme les yeux.
Adieu primevère.
Ici, c'est le noir complet,
traversé de pensées inutiles.
Mais c'est comme si cette fleur
était toujours là,
radieuse, immédiate.
Suis-je donc une primevère ?


C'est un peu comme
cette vieille femme 
au visage tout ridé
qui passe devant un miroir
et ne se reconnait pas.


La primevère jamais
ne se verra 
et je marche sur le trottoir
avec mon œil ouvert.


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