lundi 1 février 2016

Le hêtre pourpre 2010
partie 5 


Tout est là

Une vague vient,
par où passe-t-elle ?
Portes et fenêtres ouvertes,
la maison est traversée
par un vent de désir et de feu.

Est-ce là-bas
que tout est dévoilé ?
Nuages ne bougez plus !
Quelqu'un parlera.
Les mots seront bus,
caressés comme un corps !

Tout est là maintenant,
derrière cette cime
où brille la neige,
là où la robe revêtue
a gardé la fraîcheur
d'un matin où chantent
les herbes hautes !



A son heure

Quand se révélera
l'invisible sang
qui ignore
toute distance,

Alors on saura,
malgré la pierre
et l'armure
qu'il y a eu
un chant de vie,

Et malgré
le sourire disparu,
continuera à
s'ouvrir un espace

où se tiendra
la rose victorieuse.



Consolation

Au dessus de la rue,
un nuage s'est arrêté
pour consoler.

Il n'a pas besoin
de regard pour
voir un homme
qui regarde ses pieds.

C'était un nuage
blanc et rond
que le vent ne pouvait
effilocher.

Il attendait
que le passant
ouvre les yeux
pour reprendre
son voyage.

Soudain, l'homme
triste a souri,
heureux d'avoir
perdu sa tête,
ayant vu le nuage !



Espace

Dans le cadre
de la fenêtre,
les martinets
passent,
repassent.
La foule verte
des feuillages
danse sous
le vent.

Les yeux fermés,
il va aussi
dans l'espace.
Le silence
est un oiseau
qui l'emmène
où toute chose
est à sa place.



Parcelles

Le passage est étroit
entre les jardins
à l'abandon.

Par dessus
le grillage rouillé,
les graminées caressent
un morceau de ciel.

Dans les fourrés,
par quelques notes,
des oiseaux perdus
révèlent l'emprise
du silence où se perd
toute prétention.


Distance

Au bout du cri
est l'étonnement.
Du déchirement
vient la vie.

Un couteau
coupe les fraises
avec calme.

Dans la cruche
une eau claire
se repose.

Au bout des larmes
est le recul.
Dans le jardin
les fleurs comprennent.

N'attendre plus rien,
Être simplement.



En forêt

Un peu de résine de sapin
entre deux doigts,
à l'ombre des arbres,
il respire tous les parfums.

Tout est possible !
Jeunesse des feuilles
dans la lumière !

Monde, as-tu
commencé maintenant ?

Il marche
dans la forêt
du premier, jour !




Dans le jardin

Les arbres chantent.
Dans cette déchirure
du bleu apparait.

Rose, pourpre, violet
le rhododendron
dans la courette
rayonne même
sans un regard.

Les iris aussi
sont seuls.
Ils naissent,
ils meurent.

Des fourmis muettes
se protègent
de la pluie
sous la rhubarbe.
Un chat blanc
passe sous le grillage.

Jour après jour,
nuit après nuit,
un homme rêve
que son rêve est fini !




Le grillon

Sur le tronc mort
et presque blanc,
là où naissent
les branches maîtresses
se dresse une pousse verte,
une seule, qui monte droit.

A son approche,
les grillons se sont tus.
S'il reste immobile,
ils reprennent leur chant.

Il guette un mouvement
sous les herbes.
Il aimerait voir
les yeux d'un grillon
quand vient le soir.

Il n'a vu que ceux
hagards d'une vache
avec sur le ventre
sa longue cicatrice noire.



Ermitage

Sur le pas de la porte,
il lève la main,
ouvre les doigts
comme s'il lâchait
un fil invisible.
Tout s'est éloigné.
Une ombre au loin
referme le noir portail.

Des oiseaux dans la haie
sentent leurs yeux se fermer.
La nuit s'approche
des frontières du jardin.
Il ne regarde plus rien
près de la clématite mauve.
Il habite son désert,

marche avec sa source !



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