mercredi 3 juillet 2024

 



Le grand espace


Le grand espace est comme l'éclair.

Le cèdre du Liban en est tout décoiffé.

Volet qui s'ouvre, poussière révélée,

Respirer au bord de l'ordinaire

des brins de soleil.


Le hêtre pourpre est une éruption

au sommet de la colline qui se déplie.

On entendrait presque

le gémissement des feuilles.

On se déplie et l'on s'étire

histoire de perdre

quelques rides stériles.


Big-bang d'un enfant qui vient de naître.

Les yeux à peine ouverts,

il explore la forêt vierge de son monde.

Avancer aussi,

immobile,

en territoire inconnu.


Ne pas enlever les yeux de sa naissance.

Inventer des caresses et des frissons.

Chercher d'autres langues

où chacun peut reconnaître

le grand espace, le large horizon

qui l'attend.


Nul orgueil dans cette grandeur

puisqu'elle sort de prison !

Chercher les jonctions,

la chaîne qui se brise,

le fluide qui sait glisser

sous les portes obscures.

Chercher d'autres visions

où le monde se défroisse,

comme ce rêve de quatre cavaliers

dans la toundra.

Ils ne sont plus ni hommes, ni chevaux,

mais sous leurs cheveux noirs,

le sourire du large espace.


Et l'on court à leur suite

sans demander son reste.


Etre comme eux

le fils d'un nuage qui disparaît,

ou le frère de la graminée

qui s'enflamme avec le soir.







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