vendredi 12 juillet 2024

 


Blog de photographies uniquement à l'adresse suivante : https://svagati57.blogspot.com/

Merci à tous ceux qui m'ont accompagné pendant tant d'années sur Yatra.
Je passe maintenant à autre chose et répondrai toujours à ceux qui désirent m'écrire.

Bien à vous

François



 


Entendons-nous bien : fuir ceci, aller vers cela, éviter ces gens, rechercher manière ou occupation n’est que ton agitation. La cause de tes difficultés n’est pas dans les choses, c’est toi-même dans les choses. C’est pourquoi regarde-toi d’abord et quitte-toi. En vérité, tant que tu ne te libères pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes.
Chercher quoi que ce soit dans les choses extérieures, la paix, un lieu de retraite, la société des hommes, telle façon d’agir, les nobles œuvres, l’exil, la pauvreté ou l’abandon de tout, quelle qu’en soit la grandeur tout cela n’est rien, ne compte pour rien, ne donne rien — surtout pas la paix. Pareille quête ne mène nulle part : plus on cherche ainsi, moins on trouve. Ayant pris un chemin faux, on ne fait que s’éloigner davantage chaque jour.
Que faut-il donc faire ? D’abord, s’abandonner soi-même et, de la sorte, abandonner toute chose. En vérité, celui qui renonce à un royaume, au monde même, en se gardant soi-même, ne renonce à rien. Mais l’homme qui se renonce lui-même, quoi qu’il garde, richesse, honneur ou quoi que ce soit, a renoncé à tout. (…)
Regarde et, là où tu te trouves, renonce-toi. Voilà le plus haut.
Sache que jamais personne ne s’est assez quitté qu’il ne trouve à se quitter davantage. Commence donc par là, meurs à la tâche : c’est là que tu trouveras la paix véritable, et nulle part ailleurs.

Maitre Eckhart












lundi 8 juillet 2024

 



Lorsque Tu viens


Lorsque Tu viens,

je ne dis rien.

les mots sont 

feuilles mortes inutiles.


Lorsque Tu viens,

plus rien n'a d'importance.

Mes mains sont vides

et mes rêves aussi.


Lorsque Tu viens,

Tu n'amènes rien.

Ton sourire coule de source.

Je comprends sans comprendre.


Lorsque Tu viens,

je voudrais rester

pour toujours.

Je ne suis plus attaché à rien.


Lorsque Tu viens,

le soleil traverse la fenêtre.

Je suis aussi une fenêtre amie

d'un ciel devenu clair.


Lorsque Tu viens,

tout est bien.

L'horloge sonne joyeuse

le temps qui n'est plus rien.


Lorsque Tu viens,

mes blessures ont des ailes

qui vont chercher un nid,

loin, très loin.


Et je m'endors les yeux ouverts.





dimanche 7 juillet 2024



De plus en plus loin


Un peu plus de lumière,

c'est ce que l'on espère.

le feu se diffuse.

L'ombre est un filet,

un abîme.


On peut s'éteindre

de tant de manières.

Un mot plus haut

que l'autre,

et la fenêtre se referme.


Un peu plus de lumière.

La légèreté revient,

et ce n'est pas superficiel.


Le corps peut être

lourd d'ombres.

Allume un feu,

et vogue la montgolfière.


Loin.

De plus en plus loin.




samedi 6 juillet 2024

 


Le choix


Cette peinture de Patinir est d'actualité.

A chacun de choisir maintenant !




 



Nulle part ailleurs


Là où tu es,

relis ta vie,

relie ta vie !


Ne cherche pas 

d'autre endroit

qu'ici,

là où tu vis, 

là où tu demeures !


Là où tu es,

ouvre ta porte,

te porte l'océan !


Ne cherche pas refuge

loin de l'autre

qui t'attend,

là où tu vis !


Là où tu cries,

crie plus fort encore,

crie que tu existes !


Ne deviens pas

gris comme la muraille !

Ne retourne pas dormir,

là où est la mort !


Là où tu souffres,

laisse-toi rejoindre

par d'autres voix,

soulage les peines,

oublie la tienne !


Ne cherche pas de remèdes

qui laisse ton âme

en haillons,

là où tout se referme !


Là où tu pleures,

écoute l'hirondelle

qui appelle ton cœur

à la vérité d'un nuage !


Ne cherche pas à retenir

la rivière qui emporte 

au loin ton poison,

là où les flammes font du bien !


Là où tu doutes,

garde confiance,

comme un homme

aime l'arbre qu'il a planté !


Ne soupçonne rien,

ni personne, même pas celui

vautré dans sa rancœur,

là où tu vis !


Là où tu es,

sème ta graine fraternelle

dans les orties d'un monde

qui s'emprisonne !


Ne crois pas

le prophète des malheurs

qui habite un rêve de givre

où tout est figé,


là où tu es !

Nulle part ailleurs !



Paon du jour, Lay St Christophe, 05/06/24


vendredi 5 juillet 2024

 



Ammonite


Retour du soleil.

Les fumées disparaissent vers l'ouest.

La cicatrice d'un avion

dans le bleu laiteux du ciel aussi.


J'ai sous les yeux

un fossile d'ammonite

et monte une à une

les marches de son

escalier en spirale.


Pour arriver où ?


Il n'y a de paix

que celle du cœur.

Là-haut, tout a disparu.


Quelques notes de piano

parlent d'abandon.

Ainsi faite est la vie.

Nos ailes poussent souvent

pendant la nuit.


Il y a des millions d'années

l'ammonite dansait dans l'eau

pendant que plus haut

éclataient de nouvelles étoiles.


Ce matin, des oiseaux

dansent aussi

avec une jeune lumière.


J'ouvre les yeux sur rien

parce que parfois

c'est inutile de parler

du trésor que l'on a découvert.


On veut simplement se tenir là

et accueillir encore et encore

l'étrange caresse d'un matin.







jeudi 4 juillet 2024

 



La fleur blanche


Cette petite fille

n'a de regard

que pour sa fleur.

Gardienne d'une trésor éphémère,

elle va porteuse d'une flamme blanche

dans les rues de la ville agitée.

Son seul désir est que

sa fleur vive et respire.


Et toi, où est-il ton seul trésor ?

Souvent rien ne vaut la peine

que l'on se donne.

Tout au fond de toi,

peut-être y-a-t-il

une chose que tu ignores

et qui attend un regard,

désire ta protection,

toute ta sollicitude ?



Dans ce tohu-bohu

des jours et des nuits,

tu aimerais être

comme cette enfant,

porter une fleur invisible,

veiller sur elle

comme on veille

au chevet d'une amie

que l'on aime

et chuchoter à son oreille :


"Je ne veux pas que tu meures,

je désire que tout s'apaise,

qu'il n'y ait plus de pensées folles,

de cris , d'angoisse.

Je t'apporte une simple verre d'au

qui te ramène au cœur du réel.

Goûte-le comme on savoure

le vin de sa treille !"


Tu aimerais qu'elle soit là

cette fleur dans sa fragilité,

ce flambeau de pétales

qui ouvre un chemin

dans la nuit des étoiles perdues.

Il n 'y aurait rien de plus précieux

que de veiller à ce que

jamais elle ne fane.


Peut-être n'est-on ici

que pour cette fleur

et la paix qui en émane?

Rien n'est calme,

rien n'est bon

comme de vivre

auprès d'elle.

Cela tu le pressens

auprès de cette enfant

qui attend le bus

tout comme toi.







mercredi 3 juillet 2024

 


Un coin perdu


C'est un coin perdu où il n'y a rien,

à part quelques herbes sauvages

qui se dessèchent,

un coin où l'on se perd

pour la beauté des étoiles,

une trouée de silence

où même un oiseau n'ose s'aventurer.


On ne sait plus bien où il se trouve.

Peut-être même que l'on ne saurait y retourner.

C'est un coin qui parle sans rien dire.

Rester devant bouche bée.


Il est impénétrable.

D'ailleurs personne n'ose le fouler.

La ville gronde à ses côtés,

la ville océan qui voudrait

envahir cette île étrange

et n'y arrive jamais.


Sentir que là, en son centre

vibre un espace

où il ferait bon disparaître.

Si on avance

encore de quelques pas,

tout s'effacera, et il n'y aura plus rien.


Si l'on est retrouvé,

On aura perdu la parole.

Ne resteront que le souffle et le regard

pour traverser des murailles de mots

qui pensent savoir

et ne savent rien.


Alors attendre là

qu'un être vivant s'avance,

oiseau ou papillon,

cela n'a pas d'importance,

et invite à rentrer

en cette clairière sans porte.


Si personne ne vient,

garder sa distance,

offrir à ceux que l'on rencontre

quelques gouttes de silence

de ce coin perdu où il n'y a rien,

à part quelques herbes blanches

que la neige pliera.











 



Le grand espace


Le grand espace est comme l'éclair.

Le cèdre du Liban en est tout décoiffé.

Volet qui s'ouvre, poussière révélée,

Respirer au bord de l'ordinaire

des brins de soleil.


Le hêtre pourpre est une éruption

au sommet de la colline qui se déplie.

On entendrait presque

le gémissement des feuilles.

On se déplie et l'on s'étire

histoire de perdre

quelques rides stériles.


Big-bang d'un enfant qui vient de naître.

Les yeux à peine ouverts,

il explore la forêt vierge de son monde.

Avancer aussi,

immobile,

en territoire inconnu.


Ne pas enlever les yeux de sa naissance.

Inventer des caresses et des frissons.

Chercher d'autres langues

où chacun peut reconnaître

le grand espace, le large horizon

qui l'attend.


Nul orgueil dans cette grandeur

puisqu'elle sort de prison !

Chercher les jonctions,

la chaîne qui se brise,

le fluide qui sait glisser

sous les portes obscures.

Chercher d'autres visions

où le monde se défroisse,

comme ce rêve de quatre cavaliers

dans la toundra.

Ils ne sont plus ni hommes, ni chevaux,

mais sous leurs cheveux noirs,

le sourire du large espace.


Et l'on court à leur suite

sans demander son reste.


Etre comme eux

le fils d'un nuage qui disparaît,

ou le frère de la graminée

qui s'enflamme avec le soir.







mardi 2 juillet 2024

 


Un chiffon rouge

abandonné à la fenêtre

appelle au secours.

Aucun visage 

ne sort de l'ombre

derrière la vitre.


Ne pas sonner

à la porte,

ne pas gravir

les marches du perron.



Ne même pas savoir

s'il y a quelqu'un.



Ou bien la porte

s'ouvrirait et l'on dirait

de passer son chemin.



Mais le chiffon rouge 

s'agite dans le vent.


Faire semblant de ne rien voir ?


mais il est encore

dans la conscience

comme une tache de sang.



Croiser des fleurs innocentes,

des nuages qui changent

si vite de formes.

Ils sont mariés à la lumière.


Entendre un cri

derrière cette fenêtre.


Ce chiffon rouge

n'est pas là par hasard.



Une main l'a déposé

sur ce rebord pour

qu'il soit vu de très loin,

une main reliée à une âme

qui avait besoin

de consolation.



Ne pas savoir 

ce que l'on peut donner ?


Partager de la fragilité,

comprendre qu'on

ne puisse plus parler,

rire et respirer,

qu'on soit enfermé à mille tours

et qu'on attend simplement

la goutte d'eau d'un regard,


On veut bien.

Mais parfois les lézardes

ne se referment jamais


Combien de fois un visage

s'est enfoui dans le chiffon rouge.

Il faudrait bercer et bercer encore,

retrouver le rythme lancinant

de la berceuse qui emmène

au bout du ciel.

On ne saura pas.


Le chiffon rouge restera peut-être

toute la nuit à la fenêtre.

Des chants lointains

viendront comme un murmure

près du rebord.


Et dans un rêve,

la fenêtre s'ouvrira.

Un oiseau tremblant

vacillera dans la nuit.