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Lorsque Tu viens
Lorsque Tu viens,
je ne dis rien.
les mots sont
feuilles mortes inutiles.
Lorsque Tu viens,
plus rien n'a d'importance.
Mes mains sont vides
et mes rêves aussi.
Lorsque Tu viens,
Tu n'amènes rien.
Ton sourire coule de source.
Je comprends sans comprendre.
Lorsque Tu viens,
je voudrais rester
pour toujours.
Je ne suis plus attaché à rien.
Lorsque Tu viens,
le soleil traverse la fenêtre.
Je suis aussi une fenêtre amie
d'un ciel devenu clair.
Lorsque Tu viens,
tout est bien.
L'horloge sonne joyeuse
le temps qui n'est plus rien.
Lorsque Tu viens,
mes blessures ont des ailes
qui vont chercher un nid,
loin, très loin.
Et je m'endors les yeux ouverts.
De plus en plus loin
Un peu plus de lumière,
c'est ce que l'on espère.
le feu se diffuse.
L'ombre est un filet,
un abîme.
On peut s'éteindre
de tant de manières.
Un mot plus haut
que l'autre,
et la fenêtre se referme.
Un peu plus de lumière.
La légèreté revient,
et ce n'est pas superficiel.
Le corps peut être
lourd d'ombres.
Allume un feu,
et vogue la montgolfière.
Loin.
De plus en plus loin.
Nulle part ailleurs
Là où tu es,
relis ta vie,
relie ta vie !
Ne cherche pas
d'autre endroit
qu'ici,
là où tu vis,
là où tu demeures !
Là où tu es,
ouvre ta porte,
te porte l'océan !
Ne cherche pas refuge
loin de l'autre
qui t'attend,
là où tu vis !
Là où tu cries,
crie plus fort encore,
crie que tu existes !
Ne deviens pas
gris comme la muraille !
Ne retourne pas dormir,
là où est la mort !
Là où tu souffres,
laisse-toi rejoindre
par d'autres voix,
soulage les peines,
oublie la tienne !
Ne cherche pas de remèdes
qui laisse ton âme
en haillons,
là où tout se referme !
Là où tu pleures,
écoute l'hirondelle
qui appelle ton cœur
à la vérité d'un nuage !
Ne cherche pas à retenir
la rivière qui emporte
au loin ton poison,
là où les flammes font du bien !
Là où tu doutes,
garde confiance,
comme un homme
aime l'arbre qu'il a planté !
Ne soupçonne rien,
ni personne, même pas celui
vautré dans sa rancœur,
là où tu vis !
Là où tu es,
sème ta graine fraternelle
dans les orties d'un monde
qui s'emprisonne !
Ne crois pas
le prophète des malheurs
qui habite un rêve de givre
où tout est figé,
là où tu es !
Nulle part ailleurs !
Ammonite
Retour du soleil.
Les fumées disparaissent vers l'ouest.
La cicatrice d'un avion
dans le bleu laiteux du ciel aussi.
J'ai sous les yeux
un fossile d'ammonite
et monte une à une
les marches de son
escalier en spirale.
Pour arriver où ?
Il n'y a de paix
que celle du cœur.
Là-haut, tout a disparu.
Quelques notes de piano
parlent d'abandon.
Ainsi faite est la vie.
Nos ailes poussent souvent
pendant la nuit.
Il y a des millions d'années
l'ammonite dansait dans l'eau
pendant que plus haut
éclataient de nouvelles étoiles.
Ce matin, des oiseaux
dansent aussi
avec une jeune lumière.
J'ouvre les yeux sur rien
parce que parfois
c'est inutile de parler
du trésor que l'on a découvert.
On veut simplement se tenir là
et accueillir encore et encore
l'étrange caresse d'un matin.
La fleur blanche
Cette petite fille
n'a de regard
que pour sa fleur.
Gardienne d'une trésor éphémère,
elle va porteuse d'une flamme blanche
dans les rues de la ville agitée.
Son seul désir est que
sa fleur vive et respire.
Et toi, où est-il ton seul trésor ?
Souvent rien ne vaut la peine
que l'on se donne.
Tout au fond de toi,
peut-être y-a-t-il
une chose que tu ignores
et qui attend un regard,
désire ta protection,
toute ta sollicitude ?
Dans ce tohu-bohu
des jours et des nuits,
tu aimerais être
comme cette enfant,
porter une fleur invisible,
veiller sur elle
comme on veille
au chevet d'une amie
que l'on aime
et chuchoter à son oreille :
"Je ne veux pas que tu meures,
je désire que tout s'apaise,
qu'il n'y ait plus de pensées folles,
de cris , d'angoisse.
Je t'apporte une simple verre d'au
qui te ramène au cœur du réel.
Goûte-le comme on savoure
le vin de sa treille !"
Tu aimerais qu'elle soit là
cette fleur dans sa fragilité,
ce flambeau de pétales
qui ouvre un chemin
dans la nuit des étoiles perdues.
Il n 'y aurait rien de plus précieux
que de veiller à ce que
jamais elle ne fane.
Peut-être n'est-on ici
que pour cette fleur
et la paix qui en émane?
Rien n'est calme,
rien n'est bon
comme de vivre
auprès d'elle.
Cela tu le pressens
auprès de cette enfant
qui attend le bus
tout comme toi.
Un coin perdu
C'est un coin perdu où il n'y a rien,
à part quelques herbes sauvages
qui se dessèchent,
un coin où l'on se perd
pour la beauté des étoiles,
une trouée de silence
où même un oiseau n'ose s'aventurer.
On ne sait plus bien où il se trouve.
Peut-être même que l'on ne saurait y retourner.
C'est un coin qui parle sans rien dire.
Rester devant bouche bée.
Il est impénétrable.
D'ailleurs personne n'ose le fouler.
La ville gronde à ses côtés,
la ville océan qui voudrait
envahir cette île étrange
et n'y arrive jamais.
Sentir que là, en son centre
vibre un espace
où il ferait bon disparaître.
Si on avance
encore de quelques pas,
tout s'effacera, et il n'y aura plus rien.
Si l'on est retrouvé,
On aura perdu la parole.
Ne resteront que le souffle et le regard
pour traverser des murailles de mots
qui pensent savoir
et ne savent rien.
Alors attendre là
qu'un être vivant s'avance,
oiseau ou papillon,
cela n'a pas d'importance,
et invite à rentrer
en cette clairière sans porte.
Si personne ne vient,
garder sa distance,
offrir à ceux que l'on rencontre
quelques gouttes de silence
de ce coin perdu où il n'y a rien,
à part quelques herbes blanches
que la neige pliera.
Le grand espace
Le grand espace est comme l'éclair.
Le cèdre du Liban en est tout décoiffé.
Volet qui s'ouvre, poussière révélée,
Respirer au bord de l'ordinaire
des brins de soleil.
Le hêtre pourpre est une éruption
au sommet de la colline qui se déplie.
On entendrait presque
le gémissement des feuilles.
On se déplie et l'on s'étire
histoire de perdre
quelques rides stériles.
Big-bang d'un enfant qui vient de naître.
Les yeux à peine ouverts,
il explore la forêt vierge de son monde.
Avancer aussi,
immobile,
en territoire inconnu.
Ne pas enlever les yeux de sa naissance.
Inventer des caresses et des frissons.
Chercher d'autres langues
où chacun peut reconnaître
le grand espace, le large horizon
qui l'attend.
Nul orgueil dans cette grandeur
puisqu'elle sort de prison !
Chercher les jonctions,
la chaîne qui se brise,
le fluide qui sait glisser
sous les portes obscures.
Chercher d'autres visions
où le monde se défroisse,
comme ce rêve de quatre cavaliers
dans la toundra.
Ils ne sont plus ni hommes, ni chevaux,
mais sous leurs cheveux noirs,
le sourire du large espace.
Et l'on court à leur suite
sans demander son reste.
Etre comme eux
le fils d'un nuage qui disparaît,
ou le frère de la graminée
qui s'enflamme avec le soir.
Un chiffon rouge
abandonné à la fenêtre
appelle au secours.
Aucun visage
ne sort de l'ombre
derrière la vitre.
Ne pas sonner
à la porte,
ne pas gravir
les marches du perron.
Ne même pas savoir
s'il y a quelqu'un.
Ou bien la porte
s'ouvrirait et l'on dirait
de passer son chemin.
Mais le chiffon rouge
s'agite dans le vent.
Faire semblant de ne rien voir ?
mais il est encore
dans la conscience
comme une tache de sang.
Croiser des fleurs innocentes,
des nuages qui changent
si vite de formes.
Ils sont mariés à la lumière.
Entendre un cri
derrière cette fenêtre.
Ce chiffon rouge
n'est pas là par hasard.
Une main l'a déposé
sur ce rebord pour
qu'il soit vu de très loin,
une main reliée à une âme
qui avait besoin
de consolation.
Ne pas savoir
ce que l'on peut donner ?
Partager de la fragilité,
comprendre qu'on
ne puisse plus parler,
rire et respirer,
qu'on soit enfermé à mille tours
et qu'on attend simplement
la goutte d'eau d'un regard,
On veut bien.
Mais parfois les lézardes
ne se referment jamais
Combien de fois un visage
s'est enfoui dans le chiffon rouge.
Il faudrait bercer et bercer encore,
retrouver le rythme lancinant
de la berceuse qui emmène
au bout du ciel.
On ne saura pas.
Le chiffon rouge restera peut-être
toute la nuit à la fenêtre.
Des chants lointains
viendront comme un murmure
près du rebord.
Et dans un rêve,
la fenêtre s'ouvrira.
Un oiseau tremblant
vacillera dans la nuit.