vendredi 31 mai 2024

 



"Quelque soit leur langue,
j'ai toujours aimé les chants"

Nâzim Hikmet

Chante la rivière
remuante ou placide,
chantent tous ces jours
de paix et de combats.

Les feuilles pourrissent
sur la berge mais
l'eau s'écoule
sans en avoir cure.

Au cœur des remous
le soleil jette des étincelles
et peut-être sans le savoir
un promeneur s'illumine.

Il rend plus grâce
pour ses défaites
que pour ses victoires,

car seule la nuit
peut creuser l'espace
pour crier vraiment

au secours.

Chante la rivière,
chante le cœur
de l'homme secouru
par les points noirs
d'une coccinelle

ou le reflet des arbres
qui parlent du pays immobile
où l'âme enfin 
n'a plus rien à faire.









jeudi 30 mai 2024

 



Tournée vers le Nord
l'aiguille de la boussole
jamais ne dévie.

En chacun
il y a un Nord
plus ou moins
inconnu.

Le temps apporte
des souvenirs
et aussi l'oubli
qui est pire.

Le Nord s'efface
Un grain de sable
qui vient du Sud
bloque l'aiguille.

Et la vie,
comme une pomme
tombée de l'arbre
trop tôt,

pourrit.






mercredi 29 mai 2024

 


A peine une lueur,

des fils de lumière,

même plus un soleil

et le soir


le soir

qui imprègne

l'air et l'eau

et avec le soir

les yeux

qui se ferment

si doucement

qu'on ne sait plus

si un jour

ils ont été ouverts,


et la la main

qui lâche

les amarres,


celles voulues,

celles subies,


pour être

sans repères

pour se courber

comme un vieil homme

qui avance

et en même temps

qui pleure

avec tous ceux qui pleurent


jusqu'à ce que la nuit arrive

et que l'on n'entende plus rien,


seulement

la respiration d'un enfant

et son rêve.









mardi 28 mai 2024

 
Immobile épiphanie
des fleurs et des arbres,

tulipe éclose
jusqu'au bout
d'elle-même,


lilas des indes
ombelles de carotte sauvage
où les papillons n'osent se poser

et au plus haut d'un toit
un oiseau aux aguets
si immobile
que l'on le croirait
en fer forgé.

Même le lampadaire
n'a pas besoin
de sa lumière
pour occuper le ciel
crépusculaire.

Même l'arbre solitaire
semble dire
qu'il ne peut être vu
qu'une fois,

que c'est une chance à saisir.

A chaque instant,
épiphanie des êtres
dans leur gloire

lorsque le regard
décolle de soi-même.












lundi 27 mai 2024

 



Lever la tête
tout simplement

l'oiseleur
n'avait pas vu
une maille rompue
dans son filet.

Vite. S'y faufiler
avant qu'il ne ravaude
son piège.

Maintenant, il est trop tard.
l'oiseau a rejoint
son nid d'espace
de nuages tissé.

Il est parti en solitude
comme d'autres partent
en bord de mer.

Une solitude
que soutient une présence.

Une mère en paix
sait toujours
bercer son enfant.

Là-haut il n'oublie pas
ceux qui se débattent
dans le filet

IL chante le passage,
l'aube et le couteau

L'oiseleur peut lancer son filet.
Les mailles ne retiennent pas le vent.

Il est trop tard.
Rien, ni personne
ne pourra plus
l'ensorceler.















dimanche 26 mai 2024

 


Tout est à sa place.
Arbres et champs,
rivière qui chante
jour et nuit
avoine sous le vent
prairies constellées
d'étoiles à pétales

et toi, es-tu encore
dans ta tête
dans l'oubli de ton souffle
qui te rend vivant.?

Es-tu dans tes mots
qui virevoltent
attirés par 
l'étrange lumière
d'un soleil noir ?

Rien de tout cela
ne passera le seuil

Tout est à sa place.
Tu t'enfonces peu à peu
dans la terre humide
tes pieds deviennent racines,
tes mains des branches
enflammées de vert.

Tu disparais peu à peu.
Personne ne te reconnait..

Ta parole est comme ton silence
une danse inutile.

Tout est à sa place.
la tienne est sans lieu
et sans mémoire.

Ta vie ne tient plus à rien.
Le cœur est ouvert.



























samedi 25 mai 2024

 



Dans la montagne noire
le loriot est
sur la plus haute branche.

Il chante avec douceur
pour les blessures
que l'on ne veut pas voir.

Etrange point aveugle.
S'il retrouvait la lumière
tout serait en paix

Partout le vert
se dépose
comme une flamme
qui nourrit

le silence est le maître
le loriot est son chant.

Qui est celui qui écoute,
qui est celui qui parle ?

Dans cette même conscience
la montagne, la forêt
viennent border
tous les harassés

et déposer un baiser de paix












vendredi 24 mai 2024

jeudi 16 mai 2024

 

 Il me réconforta par ces paroles : “Je puis tout tourner en bien, Je sais tout tourner en bien. Je vais tout tourner en bien. Je veux tout tourner en bien. Et tu le verras toi-même toutes choses tourneront en bien”. (…) Par ces cinq paroles, Dieu veut que nous soyons dans une enceinte de repos et de paix. » 

Julienne de Norwich