mardi 16 avril 2019


                                    

Peut-être ce jour viendra-t-il
où tu n'auras plus rien à écrire ?
Peut-être suffira-t-il de contempler le réel
dans ses infinies possibilités
comme cette lune au bout d'une branche,
ce corbeau sur un fil,
ou les reflets mystérieux de l'eau dans un lavoir ?
 
Peut-être avanceras-tu dans l'existence
soudainement devenu muet
comme une pierre que le soleil réchauffe ?
 
Ce qui est vraiment est tellement plus loin que les mots,
comme cette lueur dans le regard d'une biche
 surprise à l'orée de la forêt,
ou la branche d'un arbre
qui se met à grincer
quand se lève le vent
qui vient de la mer !
 
 Toujours quelque chose t'échappe.
Cela est sur le bout de tes lèvres,
mais jamais ne sera prononcé !
 
Tu as à être l'homme qui s'incline, se retire et s'efface.
 
Tu ne peux rien protéger,
tu ne peux rien défendre.
 
Il y a seulement la simple évidence
qui demeure au pied de pensées mortes,
 un étonnement, une stupeur.
 
Tu le trouves parfois
dans un regard d'enfant
qui ne calcule rien,
 joue des heures à passer la main
 sous l'eau du robinet,
prépare avec soin une soupe d'herbes
 et de fleurs au fond du jardin.
 
Tu l'aperçois quand la lune
vient se poster à la fenêtre
comme pour accompagner
d'un halo de blancheur
la respiration des dormeurs !
 
C'est ainsi que tu acceptes de n'y rien comprendre,
 même si tu aimerais nager
dans un océan de douceur !
 
Tu passerais sans peine
sous le bruit effarant des mots d'ordre et des slogans,
 échapperait à la fureur
de ceux qui utilisent le monde
et n'en laissent qu'une dépouille !
 
Tu veux être un homme qui a conscience
 qu'à tout moment des vies se brisent.
 
Tu accompagnes ainsi
ceux qui appellent à la tendresse.
 
Le jardin, l'hiver, n'est pas en deuil.
Sous le givre et la pourriture des feuilles,
 des graines sont un mystère à elles-mêmes.
 
Chacun est enfoui dans une terre.
Personne n'en sait rien.
Combien de temps avant que cela lève !

 

 
 
 
 

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