dimanche 31 octobre 2021

 







Sa branche brisée,
l'arbre résiste.

Et maintenant
la branche
prend
racine.

L'arbre
relie
pour de bon
la terre et le ciel.

La terre
devient paradis.
Le ciel
est dans la chair
du monde.







samedi 30 octobre 2021

 



Allons tous voir
si la rose est éclose.

L'automne lui est bien éclos
et l'enclos de l'hiver
approche à grand pas.

Allons respirer son parfum.
Mignon, mignonne ou pas

Car elle embaume.
Même la pluie
ne l'atteindra pas.

Car il en est des roses
comme les hommes
et les femmes.

Elles ont leur part
éternelle.

Si l'on suit leur parfum
et non celui de la fange
on trouvera son chemin
précédés par les anges.









 

Automne à Boudonville

Gouache




jeudi 28 octobre 2021

 

La petite japonaise 2

Pastel blanc sur feuille noire




 

Ce petit bout de prairie

derrière l'arbre est

 sans prix

Finalement on ne trouve rien.

Cela saute aux yeux.

Cela nous trouve.

Cela rentre par effraction.

Accepter cela.



"Parfois j'étais complètement ébloui, j'aie essayé de traduire cela dans un livre, mais je n'y suis pas arrivé. C'est intraduisible. Je crois que c'est lié au fait de ne pas regarder, de ne pas rechercher ce qui est intéressant.. Je vous dirai que j'ai été également saisi par des lieux. J'ai fait un poème sur un de ces lieux, sur une renoncule : "Prie pour moi au désert, renoncule sans passeport, lumière, mon amour." C'était au croisement de la de la route de Provins avec la route qui va aux Eparmailles. Il y avait une route...une ancienne route avec un triangle d'herbe. Ce triangle d'herbe, pour moi, c'était... c'était sans prix et pourquoi ? Alors là, impossible de le savoir."

André Dhôtel








mercredi 27 octobre 2021

 






C'est là
à la porte,

là intensément
présent,

les arbres flamboyants,

avant le grand linceul
de l'hiver.

Et la ronde folle
de l'illusion continue,

pendant que les oiseaux
et les arbres en prière

chantent de la seule manière
qui convienne,

sans retenue !







 



Petite japonaise

Fusain sur papier orange




mardi 26 octobre 2021

 


Le parapluie ne te protège plus.
Il est devenu montgolfière.
Tu marches le long d'un mur
et ne le vois plus.

Tu as posé tout ton corps
sur la terre.
Tu t'y es enfoncé.
La terre t'a englouti

Et maintenant tu ne vois plus
ce qui te retiendrait.

Tu es toujours là.
Tu n'as pas quitté la terre.
Mais elle parle un autre langage.
Elle s'est ouverte
comme une fleur de pavot.

Tu es toujours là
mais tu marches d'un autre pas.
Le silence te guérit
et cela ne vient pas de toi.




lundi 25 octobre 2021

 


C'est l'heure du Ginko Biloba,
Biloba, Biloba, Biloba
bat son cœur.
Il est tellement là
que l'on est plus là.
Même la nuit noire
n'a pas englouti son or.


Les voitures glissent dans l'obscurité.
C'est la danse de ceux
qui retournent à la maison
Les cœurs vont-ils se calmer .
Quels mots en or prononcer ?

On ne dit rien.
La nuit et le jour
n'existent plus.


Saura-t-on rester là
dans ce silence si profond
que le cœur bat plus fort ?

Par la fenêtre, on ne voit que noir
et les éclairs des phares.

Demain à l'aube, 
on viendra doucement
se réveiller d'un baiser.

Tout aura changé.
Ce n'est jamais le même chemin,
ni les mêmes gens.


dimanche 24 octobre 2021

 

-Tu te souviendras-

Les feuilles d'or
ont une parole pour toi.
Elles ne s'imprègnent pas
que du soleil.

L'hiver viendra sûrement.
Un coup de vent.
Les branches rayeront l'espace
l'or sera loin.

Mais toi,
tu resteras les yeux ouverts :
la lumière t'aime
la lumière t'aime.

Dans la neige et le froid,
tu porteras ton feu.
Tu allumeras d'autres soleils
sans savoir comment
et c'est très bien.

Quand l'arbre se dépouille
il n'est pas dit que la vie
s'en va avec les feuilles.
Il y a une sève souterraine.

Un jour éclatera un autre monde.
Des cloches encore lointaines
sonneront au bord
d'un fleuve sans rives.

Et tu te souviendras
des éclats de lumière
qui ont parsemé ta vie
que l'eau emporte maintenant.


                                                                                  






samedi 23 octobre 2021

 



L'or de l'automne descend
lentement, une neige d'or
et de rouge,
un peu de sang,
un peu de feu
pour le regard.

On ferme les yeux
 et dans les premiers froids
on cherche un peu de chaleur,
la douceur d'une feuille
où tous les fracas seraient oubliés.

Les feuilles mortes
sont bien vivantes
Elles viennent près de ceux
qui les appellent.

Elles s'assemblent
forment une écharpe
où l'on peut plonger son visage
et tout oublier.

Avec elles peuvent commencer
de nouvelles mémoires
irradiées de leur présence.












vendredi 22 octobre 2021

 


On a tous besoin d'un refuge.
On a tous besoin d'un abri.

Il y a des vents 
qui n'enfantent rien,

Verlaine le savait bien
lui qui chantait :
"Et je m'en vais
au vent mauvais
qui m'emporte
deçà, delà"

Mais on veut rester là.
Dehors, c'est le miroir
aux alouettes.

On attendra la brise
du printemps,
celle qui ne trompe pas,
celle qu'on n'oublie pas.

Oh vent qui relève,
vent qui enfante,
ne tarde pas !




 

Un enfant du Népal.

gouache



jeudi 21 octobre 2021

 


Marcher écrire. Un pas, un mot. Un livre pris, aussitôt reposé, je suis où ? Marcher écrire. Se dire à soi-même une parole qui tient la route, qui tient l'âme. Nager dans la houle de la parole, retrouver le fil. Le minotaure ne mangera personne. 

Marcher écrire. Je ne suis pas seul. Des milliers de fenêtres s'allument. Retour d'école, chocolat chaud. Qu'est-ce que j'ai à tenir ? Je ferme les yeux et je vois la rivière. Elle me rassure. Qui tiendrait, retiendrait une rivière ? Elle coule. Elle commence par la tête, s'enroule autour du cœur, puis s'apaise dans le ventre. Je me lève. Je fais un bout de chemin avec elle, compagne rivière, chevelure d'eau qui enlève le nœud de l'angoisse. 

Marcher écrire, si rien ne marche, si l'on ne sait rien de l'avenir. 

Marcher écrire ayant quitté son armure. Je suis un arbre nu qui marche et qui va passer à la râpe de l'hiver. Je ne veux pas qu'on fasse des projets pour moi. Je ne veux pas qu'on me dise : "il n'y a qu'une route et c'est celle-là !" 

Marcher écrire. Il n' y a pas de menace. Seul celui qui a été une mort pour lui-même le sait bien.

 Marcher bâtir. Apporter une pierre. Je la regarde. Je la parcours des mains. Elle a du poids, cette pierre arrachée au néant. Elle devient pierre d'une demeure qui n'est pas une demeure d'emprunt. 

Marcher écrire. sans chercher de bout à atteindre ou de fin des temps. Je ne veux plus avoir peur de la nuit. Je marche en tressaillant. J'ai des lueurs à partager. On ne peut guère me demander autre chose. 

Marcher écrire

texte de 2018


mercredi 20 octobre 2021

 



Les arbres dansent
et c'est une danse
si tranquille
que souvent
on ne l'aperçoit plus.

Les arbres dansent.
Le vent est leur flon-flon
et le temps bat la mesure
sans énervement.

Les arbres dansent
les arbres s'aiment
et rient de nos sentiments
sans racines.

Les arbres dansent.
Je les regarde
pour apprendre leur pas
qui rapproche de l'éternité.





 


Ce matin








mardi 19 octobre 2021

 

Le feu prend lentement.

l'érable du Japon

sur le balcon

s'enflamme.


L'automne

pour l'homme

est aussi un feu.


Qui peut échapper

à cette flamme ?


Le feu n'oublie personne

de toutes façons.




 



Interiorité V

Peinture à l'huile noire et blanche
sur papier moleskine







lundi 18 octobre 2021



C'est une inondation.
Il n'y a rien à faire.
On s'y baigne par avance.
La lumière est une eau tranquille
ou la caresse du vent
parmi les herbes 
qui ne résistent pas.

On y est déjà
même sur le chemin
qui y mène.

Il n'y a plus de chemin.
Les mains sont ouvertes
et par elles le vent frémit.

Là-bas est ici
puisqu'on avance
avec les arbres qui chantent.

Amoureuse lumière
où on ne tient plus à rien.

A l'orée la buse montre l'espace.
Les ronces ont éveillé le regard.

On est perdu 
et c'est une autres respiration qui vient.
La lisière retient
ce qui n'était qu'un songe

Un enfant court au loin.
On suit chacun de ses mouvements.

Là-bas est ici.
Repos de la lumière.



 

dimanche 17 octobre 2021

 

Un paon du jour
finit sa vie
dans un coin
de fenêtre.

Une vitre
le sépare
de l'air libre
Il rêve encore.

Et sur ses ailes
restent les traces
de l'espace
qu'il a parcouru

Il s'endort
avec l'hiver.
Personne ne sait
si au printemps

il se réveillera.








samedi 16 octobre 2021

 




Les dernières roses
seront aussi les premières

Dans leurs pays
il n'y a rien à gagner,
rien à perdre.

Elles sont belles
d'être roses.
Cela suffit bien.

Les humains
ont du mal
à s'entendre.

Alors qu'il suffirait
de tendre la main
et de comprendre
que tout seul
on n'arrive à rien.




vendredi 15 octobre 2021

 


Lorsque l'on voit
cet enchevêtrement
de branches
dont aucune
n'est droite,

et les formes,
les détours, les courbes
qu'elles prennent,
alors que toutes
elles cherchent la lumière,

on est rassuré
par les chemins
que prend tout homme
pour grandir
dans son humanité.

On a peur seulement
des branches mortes
qui tombent
par jour de grand vent
et tuent parfois
dans leur chute
des innocents.







jeudi 14 octobre 2021

 






Prête moi ta plume
pour écrire un mot

un mot, un seul
cela suffira.

Ce mot il sera
pour ceux
autour de toi
que tu ne vois pas.

Il a trois lettres
et tu le connais bien.

Si tu l'écris,
vis le aussi.

C'est grâce à lui
que tu pourras
dire oui.

Et soudain
tu découvriras enfin
qu'il n' y a pas que toi !




mercredi 13 octobre 2021

 


Le regard s'élève
et passe entre les arbres.

C'est possible
et tu le sais.

le regard se détache
mais sans s'élever.

Simplement
un regard que rien,
plus rien n'attache.

Et c'est possible.
Tu le sais

Un regard
qui s'éclipse
comme la lune ce soir.

Tout est apaisé.
L'enfant n'aura
plus peur du noir.




 



Intériorité 4

Fusain

d'après un tableau de Giovanni Battista Tiepolo




mardi 12 octobre 2021

 






Assis près de l'étang,
où est le temps ?

Passe le vent
Passent les nuages.
La chapelle immobile
attend un passant.

Personne ne passe.
Dans l'eau et le silence
les pensées trépassent.

Assis près de l'étang,
tous les tourments
volent avec le vent.

Et un homme respire,
un homme conscient.


La chapelle du jardin botanique du Montet. Aquarelle


lundi 11 octobre 2021

 


D'un murier accroché à un mur
à l'assiette de graines
au bord d'une fenêtre,
des dizaines de moineaux
dansent un ballet incessant
au bord du canal.

Pépiements et frémissement d'ailes.
La vie ne s'arrête pas.
La vie ne s'arrête jamais.

On ne sait pas la vie
On la vit, on la voit.
Elle éblouit


Et avec elle
qu'on  ne sait pas
on s'extrait de la fosse
et on la voit,
et on la vit.



 


Portrait au fusain et pastel blanc



dimanche 10 octobre 2021

 


Toute les feuilles
sont irriguées
par leurs nervures.

Pour l'homme
ce sont les veines.

Il y a plus
que la sève.

Il y a plus
que le sang.

Il y a l'élan.

Qui peut freiner
cette circulation ?