samedi 21 septembre 2019



Si tu penses que tu n'as pas su aimer, 
pas su donner, pas su être vrai, 
il n'y a rien à attendre de telles pensées.
Si tu penses que tu as blessé, meurtri ou humilié, 
on ne referme jamais une plaie avec un couteau.
Rassemble plutôt les morceaux de ton étoile. 
Caresse-les, comme laine de l'agneau. 
Tu as besoin de leur parler.

Dis leur simplement :
"Je sais que vous avez eu mal. 
Vous voilà sous la feuille morte, ou dans l'ombre d'une caverne. 
Venez maintenant sur le seuil. Les cris s'éloignent avec le tonnerre.
Ici, il y a une table encore chaude de rires
 et de mains qui n'ont pas peur de se toucher.
Ici,  l'on se rassemble sous la lumière d'une lampe sans questions.
Revenez fragments aux quatre coins d'un univers
dont l'espace et le temps ne sont qu'un instant !
Revenez au bercail de la paix qui va chercher le mourant
jusque dans le ravin !"

Tu écris, tu ne vois plus les lettres sur le papier.
Tu vois ton cri qui devient de l'eau
et efface les crevasses par où passait
cette nuit qui fait mal et n'enfante jamais.
Pour chacun de ses morceaux d'étoile, il y a une place
comme quand on pose son front
sur le front d'un enfant pour renouer l'alliance.

Tu n'auras plus jamais peur 
si tous ces voyageurs lointains sont enfin réunis.
Dans la chambre tout a disparu.
Seul le dos des livres brille encore un peu.
Les "si j'avais su" s'éloignent à pas de loup
avec les "j'aurai du".
Tu es dans ton fauteuil comme un roi libre et nu
sans assassin ni juge sardonique.

C'est maintenant.
Il n'y a pas d'aujourd'hui qui finit.


2 commentaires:

  1. L'éternité, serait-ce ici et maintenant ?
    *C'est aujourd'hui demain ?*, demande l'enfant.

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    1. Merci Jean. C'est tout à fait cela. L'enfant pose la bonne question !!

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