vendredi 22 mars 2019


Je pense qu’en ce moment
personne peut-être ne pense à moi dans l’univers,
que moi seul je me pense,
et si maintenant je mourais,
personne ni moi ne me penserait.

Et ici commence l’abîme,
comme lorsque je m’endors.
Je suis mon propre soutien et me l’ôte.

Je contribue à tapisser d’absence toute chose.
C’est pour cela peut-être
que penser à un homme
revient à le sauver.

Roberto Juarroz (1925-1995) – Poésie verticale (Poesía vertical, 1958) – Traduction de Roger Munier


le "penseur"
encre de chine diluée

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