mardi 21 octobre 2025

 


La passerelle est fragile
Elle se balance avec le vent.
Il y a un pont suspendu
entre le regard et le coeur.

Parfois, mieux vaudrait
être aveugle
que de voir
avec le pont rompu
dont les morceaux
tombent dans le vide.

Les feuilles d'automne
essuient les yeux
avec douceur

Ne plus avoir peur du vide.
La passerelle se balance,

du cœur au regard
et du regard au cœur.



 


Une poétesse tant aimée !

et quand deux artistes 

Clara Haskil et Arthur Grumiaux

sont en communion.


AMO ERGO SUM

Parce que j’aime
Le soleil répand ses rayons d’or vivant
Répand son or et son argent sur la mer.

Parce que j’aime
La terre sur son fuseau astral déroule
Sa danse qui fait naître l’extase.

Parce que j’aime
Les nuages voyagent dans le vent à travers de vastes ciels,
Les ciels vastes et beaux, bleus et profonds.

Parce que j’aime
Le vent souffle dans les voiles blanches,
Le vent souffle sur les fleurs, le doux vent souffle.

Parce que j’aime
Les fougères poussent vertes, et verte l’herbe, et verts
Les arbres transparents ensoleillés.

Parce que j’aime
Les alouettes jaillissent de l’herbe
Et toutes les feuilles sont pleines d’oiseaux qui chantent.

Parce que j’aime
L’air d’été frémit de milliers d’ailes,
Des yeux, bijoux par myriades, brûlent dans la lumière.

Parce que j’aime
Les coquillages irisés sur le sable
Prennent des formes fines et compliquées comme la pensée.

Parce que j’aime
Il est un chemin invisible à travers le ciel,
Les oiseaux passent par ce chemin, le soleil et la lune
Et toutes les étoiles voyagent par ce sentier la nuit.

Parce que j’aime
Il est une rivière qui coule toute la nuit.

Parce que j’aime
Toute la nuit la rivière coule, entre dans mon sommeil,
Dix mille choses vivantes dorment dans mes bras,
Et veillent en dormant, et passent immobiles.

Kathleen Raine







lundi 20 octobre 2025

 

Juste un tremblement,
un frisson dans le ciel bleu,
un simple souffle
dans le houppier
d'un arbre,

mais c'est un souffle vivant
plus vivant
que simplement
un courant d'air,

c'est un arbre qui chante
dans le soleil.

Chanter comme lui,
comme ce vieil homme
et son élève
qui vibrent tous les deux
dans un même souffle,

vibrer ainsi 
dans la joie d'être.











dimanche 19 octobre 2025


Ce matin sur le chemin, naissance inexpliquée de rayons de soleil.

A quoi servirait d ailleurs une telle explication ?

Simplement se perdre un moment de vue. Regarder sans comprendre ce rayonnement qui ne durera pas, s'évanouira aussi vite qu'il est apparu.

Il en est toujours ainsi de ces instants plus intenses. Ils ne demeurent pas. Mais ils font signe.

C est comme s'ils disaient  :" tu est absent au vrai monde. Réveille toi vraiment."

Un,deux,trois... soleil !

Quelle joie quand on était enfant et qu'on arrivait à toucher celui qui criait cela !



 

samedi 18 octobre 2025

 



Peut-être n'est-on
jamais trop envahi
d'essentiel ?

quel est ton essence,
quel est ton ciel ?

La pente est raide.
On glisse souvent.

Mais quand l'on tombe le nez
dans les feuilles et la glaise
on respire autrement.

Un désir revient,
un désir essentiel.
Qu'est-ce d'autre
qu'un désir d'essence,
un désir de ciel ?

Parfois on n'en peut plus
des histoires où l'on se perd.

On veut une histoire
où l'on s'aime et c'est tout.

Comprendre
que tout cela est une illusion.

En dernier ressort,
oh ! l'heureux sort !,

n'évite pas le réel,
lévite dans l'amour !







vendredi 17 octobre 2025

 


Chanter à la douceur de l'aube,
celle qui descend
et déchire la nuit sèche,
brise les cercles de fer.

Chanter à la douceur
tout court,
celle qui rend humain,
celle qui lève les voiles
pour qu'apparaisse un peu de vérité.

Chanter à la douceur,
celle qui laisse désemparée,
celle qui n'a rien d'autre à offrir
que le sel des larmes
qui renflamme la vie.

chanter à la douceur
qui donne aux corps
sa transparence
pour qu'il n'y ait
plus rien à prendre à personne

mais seulement s'unir
avec la douceur de l'aube
et celle des étoiles
qui ne brillent pas seulement au ciel.

Chanter à la douceur
et à la fenêtre
un rouge-queue approuve
et signe d'un mouvement d'aile
la fin du poème.





jeudi 16 octobre 2025


Levers de soleil.

Toujours la même fascination.


Etre un être qui dépend

de cette énorme boule de feu.


Et ce feu ? D'où vient-il ?

Cette lumière

d'où vient-elle ?


Profonde ingratitude

d'être en ce Mystère

et de l'ignorer.


Profonde illusion

de penser que c'est banal

d'être sur cette boule

perdue dans l'espace infini.