mardi 16 septembre 2025



En marchand près du port à bateaux
soudain happé
par le reflet du ciel :

Et moi,
je reflète quoi ?

Tant de visages
fermés
que l'on croise
et qui reflètent
l'angoisse.

Ce ciel dans l'eau
c'est aussi celui de chacun

"le ciel, c'est l'âme du juste"
dit un saint

Ajustement.
Silence







 

lundi 15 septembre 2025


 Tout passe par le regard, 

un regard démultiplié 
qui prend avec lui tous les sens
pour griffer la grisaille 
et que derrière apparaisse l'or 
qu'on ne soupçonnait pas.

Quelque chose
(mais est-ce une chose ?)
me déborde

Je perds pied.
Il en est ainsi 
par jour de soleil, 
dans la forêt 
quand les feuillages 
se mettent à parler



dimanche 14 septembre 2025

 


Pencher un peu la tête.
Trottoir quotidien,
bitume sans âme
écrasé par tant de pas,
encore et encore.

Au bord d'un mur, rien.

Des plantes perdues,
comme des âmes perdues,
ignorées pour toujours,
jetées là par le vent,
poussent plutôt mal que bien
parfois brûlées par l'urine d'un chien.

Et pourtant la vie toujours,
ses surprises,
sa fantaisie,

son humour.


samedi 13 septembre 2025

 


Le chat sur le mur
ne cherche rien.
Les oiseaux sont loin.
Le soir vient.

Si un chat pense,
il ne pense plus à rien

Un instant, moi aussi.
Je laisse le ciel
et ses nuages m'envahir.

Et soudain je pense
que tout est très bien
et que le bonheur
d'un oiseau au loin
me suffit.



vendredi 12 septembre 2025

Anges, visages du paisible,
messagers sans mots
à l'intérieur de chacun,
cette poussée de lumière,
cette graine qui germe
comme celle de l'arbre
à l'ombre duquel
on peut se reposer,

Anges amoureux toujours
qui posez un baiser
sur le visage endormi
enfin abandonné,

je ne veux plus
replier mon être
comme un mouchoir sale
dans une table de nuit,

je ne veux plus m'accrocher
à un être, une histoire
qui mène au cimetière,

Je veux être et vivre
amoureux de chaque seconde
comme les oiseaux joueurs
sur les chemins bordés de haies,

profonde délivrance
tant attendu, tant espéré.


Anges, tableaux du musée des Beaux Arts de Nancy







 

jeudi 11 septembre 2025

 


Que tu fermes les yeux
ou que tu les ouvres
cela n'a pas d'importance.

Tu te tiens déjà
derrière la fenêtre.

Alors tu peux vivre
avec cet espace
toujours présent.

Il n'y a plus de jugement.

C'est une histoire
entre toi et toi.

uniquement.

Ton histoire
que toi seul connais.

Tu n'es plus
prisonnier
de rien

ni de personne.




mercredi 10 septembre 2025

 


Ce que l'Amour a de plus doux, ce sont ses violences; son abîme insondable est sa forme la plus belle; se perdre en lui, c'est atteindre le but; être affamé de lui c'est se nourrir et se délecter; l'inquiétude d'amour est un état sûr; sa blessure la plus grave est un baume souverain; languir de lui est notre vigueur; c'est en s'éclipsant qu'il se fait découvrir; s'il fait souffrir, il donne pure santé; s'il se cache, il nous dévoile ses secrets; c'est en se refusant qu'il se livre; il est sans rime ni raison et c'est sa poésie; en nous captivant il nous libère; ses coups les plus durs sont ses plus douces consolations; s'il nous prend tout, quel bénéfice ! c'est lorsqu'il s'en va qu'il nous est le plus proche; son silence le plus profond est son chant le plus haut; sa pire colère est sa plus gracieuse récompense; sa menace nous rassure et sa tristesse console de tous les chagrins : ne rien avoir, c'est sa richesse inépuisable. Mais de l'amour on peut dire aussi que sa plus haute assurance nous fait faire naufrage, et son état le plus sublime nous coule à fond; son opulence nous appauvrit et ses bienfaits sont nos malheurs; ses consolations agrandissent nos blessures; son commerce est mainte fois mortel; sa nourriture est famine, sa science égarement; son école nous apprend à nous perdre; son amitié est cruelle et violente; c'est quand il nous est fidèle qu'il nous fuit sa manifestation consiste à se cacher sans laisser de traces et ses dons, à nous voler encore davantage : ses promesses sont séductrices, sa parure nous dénude, sa vérité nous déçoit et son assurance est mensonge. Voilà le témoignage que moi-même et bien d'autres nous pouvons porter à toute heure, à qui l'amour a souvent montré des merveilles, dont nous reçûmes dérision, ayant cru tenir ce qu'il gardait pour lui. Depuis qu'il m'a joué ces tours et que j'ai appris à connaître ses façons, je me comporte tout autrement avec lui : ses menaces, ses promesses, tout cela ne me trompe plus : je le veux tel qu'il est, peu importe qu'il soit doux ou cruel, ce m'est tout un.

Hadewijch d'Anvers