dimanche 30 novembre 2025

 

Y-a-t-il une parole
qui ne soit pas
prononcée
par une bouche d'homme ?

Ce ne serait pas des mots
mais ce serait
malgré tout 
une parole.

Ce serait une parole
imprononçable
mais malgré tout
une parole écoutée.

Ce serait un trésor,
une parole plus vraie
qu'une parole de mots
qui descendrait en chacun
accompagnée du silence.

Mais pour cela il faut descendre,
descendre toujours plus,
quitter les nuages et le ciel,
toucher la terre
et être réduit en poudre avec elle,

renaître
ensemencé par cette parole
qui ne se dit pas.







samedi 29 novembre 2025

 

Derrière la souffrance, plus loin, dans un silence bruissant, comme le vent dans les trembles, se tient un murmure. Il  se signale par une paix que tu ne comprends pas ! La brume près de la rivière disparaît si vite, comme ce murmure. Mais il est possible de le surprendre. C'est comme une larme en train de naître qui n'ose pas glisser sur la joue. Personne ne se rend compte de sa présence et pourtant, elle est là ! Parfois elle ne signale rien, elle est venue comme un papillon qui n'a plus de chemin ! Elle est comme un trou d'aiguille par lequel passe toute la tendresse du monde ! Tu vois alors et tu comprends , mais jamais tu ne pourras redire ce murmure ! Il vient à toi, il est l'étoile qui se met à briller autrement, une nuit, juste pour toi. Et cette étoile t'attire, elle te parle. La foule qui passe à côté de toi ignore ce mystérieux dialogue. Tombe-t-on amoureux d'une étoile ? Et pourtant, toi seul a remarqué cet éclat. Puis chaque jour, d'autres murmures te surprennent ! Tu n'habites plus une terre désolée, mais une terre qui te parle, t'offre une histoire nouvelle, comme un bout de pain ou une goutte d'eau pure apportés par un oiseau de nulle part dans ton désert ! Alors tu te tiens derrière ta souffrance comme on s'éloigne d'une tempête de cendres. Tu deviens guetteur de murmures, tu a foi en leurs promesses. Tu devines la beauté d'un cercle qui se referme, tu n'as de regard que pour ce qui traverse ton ciel !




vendredi 28 novembre 2025



Le temps s'arrête parfois

et l'on ne sait pas pourquoi.


Sans temps

le temps peut-être long

si l'on ne vit pas vraiment.


Le temps n'est pas dépassé.

Il s'appesantit.


Ce sont deux pauvres fenêtres

de temps arrêté

où l'on ne vit plus.


L'oiseau sur la branche

est dans l'éternité légère

et attend que

la fenêtre s'ouvre.


 

jeudi 27 novembre 2025

 


Remonter à la source
dans une pâle lumière
de fin d'automne.

Quatre oiseaux en direction
du sud traversent le ciel,
traversent le vide
sans bord ni fin

et le ruisseau capte 
le moindre rayon 
de lumière
tout comme l'arbre
dénudé prend
la couleur de l'or.

Remonter à la source
et ne rien y boire.

Remonter suffit,
en imploration,
en désir d'eau pure
où tout renait.

Remonter sans savoir
si la source
sera trouvée
avec comme seul chant
celui de l'eau

Seulement être certain
qu'il n'y a pas
de vie plus vivante
loin d'elle.














mercredi 26 novembre 2025

 


Peut-être que ce qui a manqué
creuse l'espace
pour ce qui
comble vraiment ?

Peut-être.

Comment en faire 
une coupe,
non un abîme ?

Comment être compagnon
de sa propre béance ?

Comment se prendre
dans les bras
de son âme
accompagné
d'une berceuse
qui sait dénouer
la violence
des secrets ?



mardi 25 novembre 2025

 



L'orée viendra
Aimantation.

C'est encore
le temps de la broussaille.

Plus rien
d'inextricable.

Un travail se fait
aussi sans nous.

Cela écarte
les branches,
les ronces.

Lumineuse orée
où l'on repose
déjà en espérance.





lundi 24 novembre 2025

 


Un père et un fils

dansent ensemble,

se soutiennent

se répondent

dans une musique

directement

issue du cœur,

musique si douce,

caresse d'une mère.





 




Dignité du paysage
dans la forêt
de Romain-aux-bois
saupoudré d'une pellicule de neige

Un paysage peut-il
être digne ?

Oui, car il est.
Il est simplement,
ne joue pas la comédie,
ne se raconte pas d'histoires.

Et la neige immaculée
aussi.

Elle tombe,
ne recouvre pas seulement
l'herbe encore verte
ou le chemin
dont personne ne sait
où il mène.

Elle vient à l'intérieur,
amène son silence au promeneur
qui disparaît.








dimanche 23 novembre 2025

 

Sur la route de
la ferme du Boehne
près de Vilotte,

alors que le soir commence à monter,
pendant quelques instants,
derrière d'épais nuages
le soleil apparait
comme un œil grand ouvert
 avec une couronne de rayons
posée sur lui.

Quelques génisses n'y prêtent 
aucune attention.

Ne rien en penser.
Bref instant de fascination

Instant fugace de rappel
du mystère d'être là
et de pouvoir contempler.

Jour après jour,
d'accueillir ces trésors,
de les garder
 un moment en soi
conduit imperceptiblement
à pouvoir dire
oui et merci.








samedi 22 novembre 2025

 


Garder les derniers feux
de l'automne en mémoire.
L'hiver qui vient
ne sera pas si long
si subsistent ces lueurs.

Cela brûle, cela illumine.
Cela réchauffe
malgré la bise.
Cela est bien vivant
et c'est si paradoxal
pour des feuilles mortes.

La lumière passe.
La lumière gagne
des contrées toujours plus lointaines,
des paysages intérieurs
que l'on ne soupçonnait même pas,
et qui ne sont pas
des paysages de petites fleurs bleues
et de prairies tranquilles.

Mais tout est envisageable
métamorphosable
pour la lumière.






vendredi 21 novembre 2025

 

Présence tranquille, 
présence qui vient
comme un châle 
sur les épaules,

Présence qui ressoude
et rassemble
comme pour redonner
du feu à des milliers
de petits bouts d'os
et de cellules
éparpillées
qui souffrent dans le vide,

Présence joyeuse
qui affirme comme caresse
du museau d'un faon
qu'on a le droit de vivre !

Oh ! Présence qui traverse,
 prend,  reprend,
appelle et rappelle,
porte avec le linceul gris 
des cris qui vont plus loin
que les réponses,

Plus loin que
 les phrases, les mots !

Présence qui cloue
et décloue
de la porte de grange
du malheur flanqué là
sans raison !

Présence qui transperce
renverse, laboure
pétrit,  dé-pétrifie
et étreint,

 dé-carapace,  dés-encercle
désarme et ensoleille
 tisonne et en-souffle,

Oh Présence qui  couve
de sa prunelle sans yeux,

tu m'abandonnes
dans les fossés
de l'inexprimable !





jeudi 20 novembre 2025



Plus d'autre trésor
que la paix.
Plus d'autre paix
qu'un trésor
qu'on ne possède pas
mais qu'on partage
sans cesse.

Paix dont je ne suis pas
le gardien, mais le dispensateur.

Paix à nos cœurs
à jamais.





 

mercredi 19 novembre 2025

 

Parfois le regard
est pris par la lumière.

Celui qui est ainsi pris
ne prend rien

C'est la lumière
qui commande.

Le regard est seulement
un serviteur.

Ô lumière bienheureuse
qui inonde soudainement
le regard comme un signe
de la lumière
de toutes les lumières.

Passage.

C'est elle qui chante
qui danse dans les branches
entre les feuilles,

et le cœur émerveillé
ne sait plus rien







mardi 18 novembre 2025

 


Si les cosmos sont si fragiles,
si délicats,
qu'en est-il
du cosmos,
 de la vie ?

Fugacité.
Il reste toujours
trop peu de temps
pour vivre
la fragilité, la délicatesse
des cosmos
qui ne blessent rien
ni personne.

Se tenir là
traversé de fragilité
appelé par
une délicatesse
capable de faire 
chavirer les mondes.




lundi 17 novembre 2025

 


Une feuille tombera
aux pieds d'un enfant
qui la ramassera .

Enchantement

Puis la feuille ira dormir
entre les pages d'un livre.
Pour elle ce n'est pas important
qu'on l'oublie.

L'arbre se glissera 
dans son manteau
de givre et de neige.
Rester aussi
tout l'hiver près du feu.

La nuit est si noire.
Elle mange les âmes
comme certaines gens
déchirent les papillons.
Ne plus vouloir
 claquer la porte
avec sur la tête
un bonnet de ténèbres.

Chanter près du feu,
à tue-tête, à garder cœur.
Quelqu'un frappera au carreau. 
On le reconnaîtra.
Le chiffon du malheur
a rendu la vitre claire.

Il entrera, verra le feu.
Le silence craquera à nos oreilles
et nous serons bien,

simplement.






dimanche 16 novembre 2025



Près du Faubourg 
des Trois-Maisons,
des oiseaux-feuilles
attendent leur départ
par jour du grand vent
pour l'ailleurs,

Et dans le cœur
ce n'est plus
les sanglots longs
mais la chanson
d'un homme
 ou d'une femme
qui se détache
de l'arbre mort du passé

Ils s'envolent
loin, très loin
portés par un souffle
qui fait du bien
jusque dans leur sommeil.





samedi 15 novembre 2025

 





Vents du Sahara.
Le ciel ce matin
prend la couleur
du sable et des dunes
de lumière orange 
se forment

Cela ira
même si parfois
l'on se demande
pourquoi tout cela,
ces batailles d'égo
partout et à toute heure.

Le désert vient
et emprunte
l'autoroute des cieux.
Il vient avec son silence
et son immensité.

Il vient comme la neige
recouvrir tous les mots
inutiles, les visages
qui se prennent
pour quelqu'un,

et au cœur du rien tranquillement
comme passent les caravanes
d'oasis en oasis,
les cœurs s'apaisent.











vendredi 14 novembre 2025

 

Marcher écrire. Un pas, un mot. Un livre pris, aussitôt reposé, je suis où ? Marcher écrire. Se dire à soi-même une parole qui tient la route, qui tient l'âme. Nager dans la houle de la parole, retrouver le fil. Le minotaure ne mangera personne. 

Marcher écrire. Je ne suis pas seul. Des milliers de fenêtres s'allument. Retour d'école, chocolat chaud. Qu'est-ce que j'ai à tenir ? Je ferme les yeux et je vois la rivière. Elle me rassure. Qui tiendrait, retiendrait une rivière ? Elle coule. Elle commence par la tête, s'enroule autour du cœur, puis s'apaise dans le ventre. Je me lève. Je fais un bout de chemin avec elle, compagne rivière, chevelure d'eau qui enlève le nœud de l'angoisse. 

Marcher écrire, si rien ne marche, si l'on ne sait rien de l'avenir. 

Marcher écrire ayant quitté son armure. Je suis un arbre nu qui marche et qui va passer à la râpe de l'hiver. Je ne veux pas qu'on fasse des projets pour moi. Je ne veux pas qu'on me dise : "il n'y a qu'une route et c'est celle-là !" 

Marcher écrire. Il n' y a pas de menace. Seul celui qui a été une mort pour lui-même le sait bien.

 Marcher bâtir. Apporter une pierre. Je la regarde. Je la parcours des mains. Elle a du poids, cette pierre arrachée au néant. Elle devient pierre d'une demeure qui n'est pas une demeure d'emprunt. 

Marcher écrire. sans chercher de but à atteindre ou de fin des temps. Je ne veux plus avoir peur de la nuit. Je marche en tressaillant. J'ai des lueurs à partager. On ne peut guère me demander autre chose. 

Marcher écrire





jeudi 13 novembre 2025

 


Et si c'était la dernière fois
que des yeux s'ouvraient
sur les ors de l'automne,
quel regret soudain
ne naitrait-il pas
de n'avoir su voir
plus profondément
les êtres et les choses ?

Plus profondément
mais toujours amoureusement
comme si tout l'univers
n'était que le signe d'un appel
à n'être que tendresse.

Alors allant par les rues
les prés et les forêts
le regard déposerait
sa caresse aussi doucement
que l'on souffle sur un feu
qui va mourir,

braises rougeoyantes,
flamme qui jaillirait
commencerait à danser,

et tout s'éclairerait.

l'étreinte serait dans le cœur
à chaque instant,
tous les êtres et les choses
enfin réunis.